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04/03/2006

Lectures compulsives.

Depuis quelques jours, je fais chauffer « fnac.com ».

 

En cours de lecture depuis hier : « La dame N°13 » de José Carlos Somoza.

Déjà arrivés : « Ambroise Paré », biographie  écrite par Jean-Pierre Poirier, et « Les grandes familles » de Druon.

En attente de réception : « Hitler » biographie écrite par Ian Kershaw.

En gros, vous avez le sujet d'au moins la moitié de mes 50 prochaines notes.

 

 

20:03 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (10)

Psychiatrie sommaire.

De garde la nuit dernière.

Le médecin que je relève me prévient : « La dame de la huit, 60 ans, est totalement folle, elle hurle tout le temps, bonne garde ! ».

En effet, des hurlements se font entendre largement au-delà des murs de la réa. Pendant que les IDE font leur relève, je lis de moins en moins placidement mon bouquin, le dernier roman de José Carlos Somoza, « La Dame N°13 ».

Excellent début de bouquin en vérité.

« PAPA !».

Une histoire de sorcières, utilisant comme arme la poésie.

« MAMAN ! ».

Une histoire prenante et envoutante, ou l’ont tourne chaque page comme on tire frénétiquement sur le fil d’une pelote de laine, pour la dérouler de plus en plus rapidement.

« PAPA !».

Je ne tiens plus, je vais dans la chambre avec François, l’IDE de nuit.

Comme on dit en réa, elle est « en vrac », nue sur son lit, pieds et mains attachées, ces dernières dangereusement proches des drains thoraciques.

« Prépare du Tiapridal ! ».

Alors que François s’exécute, je trouve les photos d’un bébé, posées à plat sur une armoire, à côté mais hors de la vue de la patiente.

« C’est à vous ? »

A ma grande surprise, elle répond : « C’est mon bébé, il est où ? »

« Il doit être tranquillement à la maison, je vais vous les accrocher à la vitre, pour que vous puissiez les voir, d’accord ? ».

« Merci beaucoup, il me manque tellement, c’est mon petit-fils… »

« Il est très beau, promettez-moi de ne plus crier, ça fait peur aux autres patients ».

« Promis, merci beaucoup, docteur… ».

Je fais signe à François de ne pas passer le Tiapridal, et je le présente à la dame.

« Voici François, votre infirmier de nuit, il est corse ».

« Moi aussi, mes parents sont de Corte ! ».

Et voilà qu’ils se mettent à parler du pays….

  

Un peu plus tard, nous nous retrouvons à l’office.

Grosse séance d’autocongratulation, pour avoir démasqué ce qui n’était qu’une ineffable angoisse.

« Tu as su lui parler », me dit François.

« Toi aussi, et on a de la chance, on tombe toujours sur des Corses ».

Par devers nous, nous éprouvions un grand et réconfortant sentiment de supériorité, lui envers les filles de jour, moi envers le médecin d’astreinte de réa, qui n'avaient rien su voir.

  

Quel silence apaisant…

Chapitre IV, "Les Dames"

   

« FRANCOIS ! ».

??

« FRANCOIS ! ».

Dans sa chambre, elle a repris sa danse de Saint-Guy.

« FRANCOIS ! ».

« Oui, qu’est-ce qu’il y a, Madâme ? » (avec un accent corse formidable).

« J’ai mal ! ».

« Les calmants passent ».

« FRANCOIS !»

« Oui ? »

« JE VEUX VOIR MA MERE ! ».

Je lui dis : « Ne criez pas, s’il vous plait, vous me l’avez promis, vous allez arracher vos drains, et pensez aux autres patients ! »

« JE M’EN FOUT ! ».

« JE M’EN FOUT ! ».

« FRANCOIS ! ».

« Allez, hop, NOZINAN rapide… »

Ce matin, j’ai croisé le pauvre François, défait d’avoir été appelé toute la nuit, même « moderato cantabile » après le Nozinan.

« Ne leur redonne plus jamais mon prénom » !

27/02/2006

Qui va financer? (suite)

Encore un excellent article du Monde.

Il fait écho à un article de "Prescrire", que j'avais cité ici.

Encore une fois, une bonne idée initiale, remettre à niveau périodiquement les médecins, est pervertie par les principaux acteurs du système. La FMC est trop souvent une nième tribune donnée aux laboratoires pharmaceutiques, pour vanter leurs dernière panacée.

A propos, je me suis fâché avec une visiteuse médicale il y a deux semaines. Elle s'est tout d'abord un peu imposée à moi, mais comme elle avait organisé et financé un repas de service la semaine précédente, je n'ai rien dit.

Puis elle m'annonce que son diurétique anti-hypertenseur (un thiazidique) est moins hypokaliémiant que l'indapamide ancienne galénique. Petit rappel: l'indapamide est d'abord sorti sous sa forme à libération immédiate, mais de nombreuses et sévères hypokaliémies ont conduit à une modification de sa galénique, qui est devenue "LP" (à libération prolongée). Je lui ai fait remarqué que ce n'était ni pertinent (de se comparer à une "mauvaise" molécule), ni très éthique (vis à vis du labo adverse, qui a modifié sa molécule).

Ca ne lui a pas plu.

Tant pis...

             

Un Rapport dénonce l'opacité de la formation médicale continue
  

Dans un rapport transmis, mardi 21 février, à Xavier Bertrand, ministre de la santé, l'inspection générale des affaires sociale (IGAS) dresse un réquisitoire sévère contre l'organisation de la formation médicale continue (FMC). Selon le document, ce secteur, censé améliorer les pratiques médicales des professions de santé, brasse des millions d'euros dans une opacité totale, multiplie les conflits d'intérêts et n'a jamais, depuis dix ans, appliqué les textes réglementaires.

         

Une situation qui perdure, dans l'indifférence des pouvoirs publics, mais à la satisfaction de l'industrie pharmaceutique et des syndicats médicaux. "Les diverses tentatives de refonte du système de la FMC, initiées en 1996 (...), ont sans cesse achoppé sur des problèmes de gouvernance et de financement, sur fond de rivalités syndicales", constate l'IGAS. "Force est de constater la faiblesse problématique du rendement du service public dans ce domaine et le gaspillage des ressources investies dans l'élaboration des textes législatifs", ajoute-t-elle.

  

Combien de médecins la FMC concerne-t-elle, et pour quel coût ? Impossible à dire, puisqu'il n'existe pas de "données globales et fiables". L'inspection estime que seul un médecin sur cinq participe à des journées de formation, alors que celle-ci est obligatoire depuis 1996. Seuls les financements institutionnels (70 millions d'euros en 2005) sont connus. Ceux de l'industrie pharmaceutique "restent opaques". Evalués "entre 400 et 600 millions d'euros", ils constituent pourtant "le vecteur essentiel de financement de la FMC".

          

"Le niveau réel de financement de l'industrie est d'autant plus malaisé à cerner que la frontière entre dépenses de promotion et dépenses de formation est difficile à tracer", relève l'IGAS. Celle-ci observe que la formation des médecins libéraux est largement financée par les laboratoires pharmaceutiques, et celle des hospitaliers par l'industrie biomédicale. Tout cela concourt à un système qui ne garantit pas l'indépendance des formations et qui, "sauf à accepter que la FMC ait pour fin essentielle la promotion des produits, est en totale contradiction avec les objectifs affichés de maîtrise médicalisée des dépenses de santé".

             

Le rapport de l'IGAS souligne "l'omniprésence des conflits d'intérêts". Ainsi, les organisations syndicales siègent-elles dans les instances d'agrément des organismes de formation, alors qu'elles ont elles-mêmes créé leurs propres organismes. L'IGAS cite un exemple éloquent : "En 2004, près de la moitié des fonds publics de la FMC a été attribuée aux organismes de formation situés dans la mouvance du même syndicat représentatif pour une seule catégorie de médecins". "Il serait préférable, poursuit-elle, d'exclure les organisations syndicales de la gestion des appels d'offres."

        

Sandrine Blanchard

       

Article paru dans l'édition du 28.02.06