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13/04/2008

Six mots.

 

Pas mal comme exercice de style :

 

 

Connaître, écouter, être humble et soigner.

12/04/2008

Petit dictionnaire médico-technocratique (8)

Une seule entrée aujourd’hui pour ce dictionnaire, mais quelle expression !

 

On va gérer le problème en interne.

Je défie quiconque de parvenir à appréhender l’ensemble du champ sémantique qui se cache derrière cette expression.

 

Se dit d’une situation trop gênante, trop délicate à faire connaître au « siège », ou trop coûteuse à « externaliser ».

Un synonyme pourrait être « laver son linge sale en famille », mais il me semble encore bien trop restrictif.

 

Trois exemples :

 

Un patient violent et alcoolique se bat avec un autre (pas de chance, l’autre est un ancien taulard et il l’a mis minable), et insulte tout le monde.

Le médecin décide de le faire sortir sur le champ, mais le patient refuse catégoriquement. Et nous ne voulons pas avertir la police.

Devant cette situation inextricable, on contacte la direction qui décide de « gérer le problème en interne », c'est-à-dire de transférer l’importun dans un autre établissement du groupe.

« Gérer le problème en interne » signifie ici « déplacer le problème ».

 

J’ai aussi entendu cette expression dans une histoire de plateaux repas kaschers que nous n’avons pas pu fournir à un patient israélite durant les premiers jours de son séjour.

Gêné par cette situation, je vais voir la direction qui me répond « qu’on gère le problème en interne ».

Ah bon ? On a engagé une escouade de rabbins du Consistoire pour faire la cuisine et vérifier que tout était correct ? En cuisine, je n’ai pourtant vu aucun gros barbu jovial virevoltant au milieu du fumet capiteux d'une carpe farcie, tout en sifflotant gaiement un air de « Un violon sur le toit ».

Le patient, de bonne volonté, a finalement accepté de manger non kasher durant ces quelques jours.

« Gérer le problème en interne » signifie ici « ne pas s’occuper du problème, mais on fait comme si ».

 

Enfin, on « gère le problème en interne » assez souvent lorsque l’on veut faire des travaux de moyenne importance, sans faire appel à une entreprise extérieure.

On confie alors la tâche à l’équipe technique, deux sympathiques bricolos du dimanche.

« Gérer le problème en interne » signifie ici « faire le travail en sagouin ».

11/04/2008

Aider (5).

Ce matin, j’ai blanchi de l’argent grâce à Kiva (dont j’ai déjà abondamment parlé ici).

 

 

Le prêt de 25US$ que j’avais consenti le 11 décembre 2007, via Kiva, à Madame Uguloy Kholbekova, , vendeuse de chaussures à Zafarabad au Tajikistan est donc arrivé à terme aujourd’hui. Et comme elle a remboursé toutes ses échéances mensuelles, j’ai pu disposer de nouveau de ma mise comme les 40 autres prêteurs qui lui ont fait confiance.

  J’espère qu’elle a pu développer son commerce comme elle le voulait.

 

J’avais donc trois possibilités : récupérer mes 25US$, les donner à Kiva (pour leurs frais de fonctionnement) ou les prêter de nouveau.

 

J’ai opté pour la troisième solution en choisissant Madame Astou Diop, qui tient un petit commerce de denrées alimentaires sur un petit marché de Guediawaye au Sénégal. Cette dame n’est pas une novice puisqu’il d’agit de son troisième emprunt à un organisme de microcrédit.

 

Je vous rappelle brièvement le principe.

Vous virez une somme, généralement faible, via le service Paypal à Kiva qui la transmet intégralement à un organisme local de microcrédit. Kiva et Paypal ne prélèvent rien sur ces transferts d’argent.

L’organisme local de microcrédit le prête à des entrepreneurs locaux sélectionnés, et les accompagne dans leur développement. Ce prêt a des intérêts très élevés en comparaison des nôtres, mais l’organisme local est obligé de répercuter ses coûts de fonctionnement et l’accompagnement des entrepreneurs. Par ailleurs, ces intérêts sont toujours moindres que ceux pratiqués habituellement sur place, pour des gens, rappelons le, qui n’ont par définition pas accès au système bancaire conventionnel.

 

Ainsi, par exemple, les intérêts du prêt consentit à Madame Uguloy Kholbekova tournent autour de 10%. Ils se seraient montés à 86% si elle avait utilisé les services de prêteurs locaux.

 

Ce système est à la fois simple et efficace :

- tout se gère très rapidement sur Internet, via le site de Kiva qui est limpide et un compte Paypal (qui n’est même pas obligatoire).

- vous choisissez la personne à qui vous voulez prêter.

- à l’échéance du prêt (en général 4-18 mois), vous disposez de nouveau exactement de la somme que vous avez avancé. Libre à vous d’en faire ce que vous voulez.

- le principe est de mutualiser le risque de non remboursement (qui est inférieur à 4%) en ne prêtant à chaque fois que des petites sommes.

 

Globalement, je pense que ce principe d’aide au développement est plutôt bon car il ne pousse pas à l’assistanat, développe l’économie locale et participe à l’émancipation des femmes qui représentent environ les ¾ des emprunteurs.

 

Je reste néanmoins prudent et curieux, car les risques de dérapage me semblent nombreux.

C’est aussi pour cela que j’essaye de « diversifier » mon aide.

Hormis Kiva, nous donnons régulièrement un peu d’argent à Plan Internationalj’en ai aussi beaucoup parlé), et notre filleule se porte à merveille), beaucoup ponctuellement à l’UNICEF et un chèque est parti ce matin pour l’association Interplast-France dont j’ai aussi pas mal discuté ici.

 

 

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20:05 Publié dans Kiva | Lien permanent | Commentaires (0)

10/04/2008

Petit dictionnaire médico-technocratique (7).

Pour cette septième note, je vais innover.

Devant vos yeux ébahis, je vais vous donner la copie exacte (j’insiste sur ce point) de la « feuille de route » qui m’a été assignée par le COPIL (comité de pilotage) pour faire progresser l’accréditation de l’établissement.

Chaque médecin en a reçu une, voici la mienne:

 

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J’ai envoyé un mail au directeur demandant de m’expliciter ces phrases, et en osant ajouter le commentaire suivant :  Des mots ont sauté ? Ou c’est moi qui ne comprends pas le « langage accréditation » ?

Je m’attendais à une rectification, une correction, une explication.

A la place, j’ai eu droit à des excuses, car cette feuille de route ne m’était pas destinée.

Je me pose les questions suivantes :

  • le « langage accréditation » est-il tellement différent de notre langue qu’il peut être considéré comme une langue étrangère ? Et donc ses locuteurs comme des non-francophones ?
  • ou bien le « langage accréditation » n’est-il pas plutôt une évolution de notre langue ? Un peu comme le français qui est lui même une évolution du latin ?
  • ou encore cette accréditation est tellement n’importe quoi dans notre établissement que toutes ces notes, ces protocoles formalisés dont nous sommes inondés n’ont d’autre valeur que leur simple existence, leur sens même n’en ayant aucune ? Et personne n’ose faire remarquer que « l’accréditation est nue ». Parfois, j’ai même des doutes sur mes capacités à comprendre. Je me dis, ce n’est pas possible, c’est moi qui suis débile. Alors j’en parle à mes deux copains confrères dans l’établissement, et nous nous rassurons avec nos gros éclats de rire.

     

Je vous laisse sur ces quelques remarques philosophiques, il faut que je formalise mon transport à la maison.

09/04/2008

LOVE.

Une jeune femme échevelée et discrètement moustachue entre dans ma salle d’examen, talonnée par une dame consciente de son importance, qui se révélera être sa mère.

 

Elles sont bien excitées toutes les deux, et malgré la petitesse de la pièce elles s’interpellent lourdement et se coupent la parole sans cesse.

Patiemment, j’attends que le nœud de leur pensée se desserre un peu. J’ai donc le temps de les détailler.

 

La jeune a 37 ans, un petit poil de moustache, un air vaguement bête et des cheveux blonds teints devant lesquels n’importe quel coiffeur consciencieux se serait mis à sangloter.

La maman, blonde teintée aussi, est littéralement couverte d’or : nombreux bracelets, lourde chaîne, nombreuses bagouzes. Je ne vois que partiellement son visage caché derrière une paire de lunettes de soleil Dior® qui sont bien inutiles aujourd’hui ou le ciel est gris plombé et bas.

Je remarque enfin à son poignet droit deux bracelets en or dont je reconnais la marque aux 2 C entrelacés. Ils font partie de la collection LOVE® (Luxe Ostentatoire, Vulgaire et Epanoui).

 

Finalement, la cacophonie diminue d’intensité, et me permet de poser quelques questions à la fille, auxquelles la mère s’empresse de répondre.

L’histoire est finalement assez simple : une hypertension s’est déclenchée chez la fille en péri-partum, et cette dernière veut que j'arrête son traitement qui l’empêche de boire de l’alcool, à cause de flushs et qui « lui prend la tête » dès le lever du lit.

Je suis le second cardiologue qu’elle va consulter en plus de son cardiologue traitant, car ce dernier est « vieux ».

L’autre confrère qu’elle est allée voir lui a aussi « pris la tête » car il lui a conseillé de diminuer sa consommation de sel.

Mais ce n’est pas ça qu’elle veut : elle veut que tout redevienne comme avant, sans régime ni comprimé.

Elle a d’ailleurs, sur les conseils éclairés d’un non médecin, commencé de son propre chef à diminuer son traitement en ne prenant que la moitié d’un de ses comprimés (d’ailleurs non sécable, soit dit en passant).

 

Je lui prends la tension : 150/80 au bras droit.

Je commence à lui expliquer un peu la situation, sans pouvoir terminer une seule phrase, puisque sa mère m’interrompt constamment.

C’est que cette dernière a une théorie fort intéressante car elle pense que tout vient du petit dernier qui est hyper remuant, mais attention, pas hyper actif (nuance). Elle pense aussi que « tout est dans la tête » de sa fille.

Encore une qui lit trop les pages psycho des magazines féminins, et qui est persuadée que Madame Figaro est à Gala ce que le Dit du Genji est aux Liaisons Dangereuses.

Enfin, cerise sur le gâteau, l’affaire familiale est l’objet de tracasseries des services fiscaux, ces requins sanguinaires, qui leur réclament indûment environ 250000 euros d’impayés.

 

J’ai consciencieusement compati à leurs problèmes d’argent, et leur ai fortement conseillé de revoir leur cardiologue traitant, à la compétence et à la sagacité reconnues de tous ses confrères.

 

Vint alors pour moi le meilleur moment, celui du règlement.

Aucun soucis de ce côté-là : la jeune femme a la CMU…

 

En les raccompagnant, je leur ai souhaité à toutes deux une bonne santé, et surtout leur ai assuré de mon soutien moral total dans leurs ennuis avec le fisc.

J’espère en effet qu’ils ne baisseront pas le rideau de sitôt.

 

Ils tiennent un bar-tabac-presse.

08/04/2008

La découverte de la quinine.

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 Cinchona officinalis

J’ai la flemme ce soir (sortie de garde), et donc je ne ferai pas de résumé de la fabuleuse histoire de la découverte de la quinine.

 

Mais un certain M.R. Lee le fait très bien ici.

 

Pour les fans de la saga du traitement du paludisme, le seconde partie de l’article, concernant l’artémisine est ici.

 

J’ai plus simplement une petite anecdote.

Pendant notre voyage à Zanzibar, nous avons fait halte dans un petit village pendant un « spice tour ». Un superbe arbre se dressait au coin d’une maison, adossé à un des murs.

J’ai demandé au guide comment s’appelait cet arbre.

Il m’a répondu que les villageois l’appelaient « l’arbre aux quarante maladies », parce que son écorce pouvait en soigner 40.

J’ai fait la relation avec le paludisme et ses nombreux signes cliniques, la quinine, et donc un quinquina. j’ai mâché un peu d’écorce fraîche découpée à coup de machette, et je crois me rappeler que c’était très très amer.

Enfin, bon, comme je ne suis pas botaniste, si ça se trouve, ce n'était pas du tout ça...

 

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Quinquina ou pas? 

21:37 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)

Médecine légale.

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« Étant présent à l'ouverture de son corps, on lui trouva les parties nobles fort saines, seulement le poumon un peu desséché et adhérant aux côtes, ce qui était provenu de l'excessive et continuelle chaleur de la fièvre, de plus une vessie pleine d'eau dans un des reins; son cerveau fort net et épuré de sérosités; et ce qui est plus admirable et que cinq médecins, quelques chirurgiens et apothicaires, qui étaient là présents, avouèrent n'avoir jamais observé en aucun autre, ni lu, ni ouï dire s'être rencontré : c'est que son cœur qui était fort petit matériellement, indice d'un grand courage (comme l'on dit qu'était Alexandre et comme était celui du feu roi Henri IV le Grand) s'est trouvé couronné d'une couronne d'osselets et de cartilages, laquelle moi-même et notre véritable compagnon, avons manié et touché, signe à la vérité de la grandeur à laquelle il devait parvenir. »

 

Age du décès : 83 ans.

Diagnostic ?

 

 

 

 

La réponse ici (vers le bas de la page)

20:58 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (7)

La maladie créatrice.

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 Maurice Ravel au piano et George Gerschwin à l'extrême gauche

 

La plupart des maladies ne font que détruire.

D’autres, plus rares, détruisent en même temps qu’elles stimulent la création artistique.

 

Ainsi, j’ai trouvé un article très impressionnant du New York Times sur la « démence fronto-temporale », ou maladie de Pick.

Anne Adams, une scientifique canadienne décédée en 2004 et Maurice Ravel en étaient atteints.

Anne Adams était peintre, et le Boléro l'a fascinée quelques années avant le diagnostic de sa maladie, puisque le rythme de ce morceau reproduisait ses propres obsessions picturales débutantes.

Ainsi, une de ses œuvres « Unraveling Bolero », reproduit parfaitement la structure, l’intensité, et le rythme du Bolero.

 

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Unraveling Bolero. Anne Adams 1994.

 

 

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Les deux mesures répétées 169 fois au cours du Boléro

 

 

 

 

 

 

 

Je ne suis ni neurologue, ni musicien, j’ai donc survolé de très haut l’article de Brain, mais j’ai trouvé cette histoire à la fois terrible et fascinante.

 

°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

A Disease That Allowed Torrents of Creativity by Sandra Blakeslee

New York Times. Published: April 8, 2008

 

Seeley WW, Matthews BR, Crawford RK, Gorno-Tempini ML, Foti D, Mackenzie IR, Miller BL. Unravelling Boléro: progressive aphasia, transmodal creativity and the right posterior neocortex. Brain 2008 131(1):39-49; doi:10.1093/brain/awm270

 

Articles de Wikipedia : Ravel et son Boléro.

 

Quelques œuvres d’Anne Adams : ici et ici.

18:47 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)

07/04/2008

WikiReco

Petit point 1 semaine après le lancement du « Wiki des recommandations médicales ».

Si on se base uniquement sur le trafic enregistré sur la page de garde, le résultat n’est pas mauvais : environ 650 visites (si on exclut la bonne cinquantaine de visites que j’ai effectuées pour le modifier).

Par contre, pour l’instant, seuls trois contributeurs (sans me compter) ont apporté leur pierre à l’édifice. : Trubli0n, Zeclarr et un inconnu.

Plusieurs parmi vous m’ont demandé quelle pouvait être l’utilité de ce wiki alors qu’existent déjà des sites très complets tels que le CISMeF des bonnes pratiques, la bibliothèque Lemanissier et le VIDAL Reco (mais l’accès à ce dernier est payant), et aussi quel est l’intérêt d’un wiki quand, par définition les recommandations ne sont pas modifiables.

Je me pose ces questions presque tous les jours (du moins quand je pense au wiki…), mais je crois pouvoir apporter les éléments de réponse suivants.

L’intérêt de ce wiki est pour l’instant modeste, étant donné le nombre de contributeurs et de recommandations enregistrées.

Mais je pense que potentiellement, si ce nombre augmente, il permettra un accès très simple et rapide aux recommandations qui vous semblent les plus utiles. En effet, ce wiki ne recherche pas l’exhaustivité qui complique plutôt les recherches, mais la pertinence.

Et c’est là que réside l’intérêt d’un wiki, puisque ce sont ses utilisateurs qui déterminent justement cette pertinence.

Ensuite, on peut se demander pourquoi pointer les liens vers des recommandations de plusieurs dizaines de pages,  souvent rédigées en anglais et ne pas organiser un wiki autour de recommandations synthétiques en français,  et rédigées par les utilisateurs à partir des textes anglais.

Je suis un adepte de l’utilisation directe de la source, et par réflexe, je me méfie de tout « pré-digestion » intermédiaire qui pourrait la « corrompre » intentionnellement ou non.

Même si l’accès en est difficile de prime abord, il le devient moins avec l’habitude, et à mon avis l’accès à une source sûre vaut largement l’effort et le temps pour la lire et la traduire si besoin.

Enfin, on peut se poser la question de l’accès du wiki qui peut se faire sans enregistrement.

Tout d’abord, j’ai protégé les pages de présentation, les avertissements, enfin l’ensemble du cadre du wiki.

Ensuite, si quiconque peut modifier ou créer une page, c’est pour faire fonctionner à plein le principe du travail collaboratif.

Par ailleurs, comme seuls les liens sont inscrits, il est facile et rapide de se rendre compte si les pages ou ils pointent sont correctes ou non.

Enfin, la page des « modifications récentes» pointée dans la colonne de gauche permet rapidement de voir ce qui a été touché récemment, et de le corriger si possible.

Voilà, je vous tiendrai au courant régulièrement.

N’hésitez pas à me faire part de vos remarques.

11:51 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (4)