« 2006-12 | Page d'accueil
| 2007-02 »
18/01/2007
La secrétaire médicale.
Je n’ai pas (encore) le droit de vous donner le lien. Mais je négocie.
Ecrit par une secrétaire médicale, il raconte avec beaucoup de drôlerie les relations parfois infernales qui régissent ce trio infernal : le patient, la secrétaire et le médecin.
Ca m’a rappelé quelques petites histoires arrivées à une des secrétaires du CHU.
Appelons la « Jojo » (c’est Josiane son vrai prénom). C’est une perle de secrétaire mais un peu tête en l’air et gaffeuse (c’est ce qui fait tout son charme). Enfin, pour compléter la description, elle a 45-50 ans, un accent du Sud à couper au couteau, une voix éraillée par le tabac et elle est...colorée blonde!
°0°0°0°0°0°0°
Un jour de consultation du patron, la salle d’attente était bondée de patients grognons. Le téléphone sonnait sans cesse. Bref, ma Jojo était dans le rouge. Arrive le moment d’appeler le malade suivant.
Elle se lève, se campe bien droite au milieu de la salle et annonce à la cantonade un inattendu « Allo ! ».
Les patients ont beaucoup apprécié ce petit intermède à leur longue attente.
Un après midi, un peu tard, je tapais une lettre de sortie sur le poste voisin du sien. Le téléphone sonne. Bien entendu, je n’entends pas l’interlocuteur.
« - Allo, secrétariat du Pr. XXX
- …
- Non, il n’y a pas de notaire ici ! (un peu sèche et moqueuse)
- …
- Ah ! Un holter ! Ne quittez pas, je vous passe le service ! »
Elle raccroche et on éclate de rire.
Enfin, une triade dans la même après midi un peu longue et agitée. A la fin de la série, Jojo, l’autre secrétaire et moi pleurions de rire.
A un patient planté devant elle, alors qu’elle terminait de faire quelque chose : « Ne quittez pas ! ».
Un peu plus tard.
La femme d’un patient bien connu et très grave passe la tête par la porte du secrétariat pour demander un bon de passage.
« - Pour la prochaine fois, est-ce que c’est vous qui emmènerez votre papa ?
- Ce n’est pas mon papa, c’est mon mari ! (Réponse très sèche) ».
Nous avons ri comme des bossus quand l’infortunée dame est partie, mais le festival Jojo n’était pas fini.
Arrive alors une autre dame, mais bien plus âgée et dont le mari est lui aussi connu comme le loup blanc entre dans le secrétariat. D’habitude, ils prennent consultation tous les deux avec le patron.
« Oh, bonjour Madame Y, comme ça fait plaisir de vous revoir !
- réponse inaudible
- Je vous note avec votre mari pour dans trois mois ?
- réponse inaudible
- Mais ou il est ? Faites rentrez Monsieur Y, que je le vois, ne le laissez pas dans la salle d’attente !
- (Long sanglot) Il est mort il y a un mois, ouiiiiiiiiiiinnnnnnnn….. »
Pouffant, je plonge la tête dans mon clavier d’ordinateur. Je tente un coup d’œil : l’autre secrétaire s’est réfugiée dans son placard en se mordant les lèvres.
Seule Jojo fait face à la dame dont je remarque alors la tenue entièrement noire.
La pauvre Jojo est secouée d’un rire irrépressible, et le temps semble très long. Heureusement (si on peut dire) la dame sanglote toujours et se mouche bruyamment dans son mouchoir.
08:05 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
17/01/2007
Döppler breakdown (2).
« Monsieur X ! » appelle l’infirmière qui me demande ensuite comment elle peut m’installer le patient.
« Laisse, je me débrouille ».
L’infirmière me précise qu’il faut lui faire un döppler des troncs supra aortiques dans le cadre du suivi de l’étude EVA3S (le service y a participé et elle a été publiée dans le NEJM, d’ailleurs).
Je me lève quitte la salle de döpplers et rentre dans le secrétariat qui se trouve de l’autre côté du mur.
« Tu pourrais me sortir le dernier döppler de Monsieur X ?
- Uhmm, bien sûr mon biquet, tu veux seulement le döppler ou le compte rendu opératoire en plus ? »
- Seulement le döppler, s’il te plait ».
Je retourne dans ma salle et débute l’examen.
Un peu plus tard, le responsable des explorations döppler passe la tête par la porte.
« Salut Lawrence ! Tout va bien ? On va avoir en prêt le dernier ALOKA pour un essai
- L' Alpha 10 ? Mazette !
- Et puis, avant que j’oublie, tu dois bloquer une date en juin pour venir à mon congrès de médecine vasculaire. Cette année, j’ai invité Goldhaber.
- LE Goldhaber ? Samuel Z ?
- Lui-même, il vient faire un petit topo sur l’embolie pulmonaire, ça va être sympa… »
Rêve ?
Cabinet ?
Grosse clinique privée ?
Non. CHU, mais un autre service dans un autre Hôpital.
11:42 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)
16/01/2007
Döppler breakdown
Aujourd'hui.
« Monsieur X ! »
Un petit monsieur tout rouge et tout voûté se lève et me tend la main. De son oreille droite sort un sonotone, ou plus pompeusement « prothèse auditive ».
Après un bref salut, je lui demande de quoi je dois lui faire un döppler, et pourquoi.
Il me répond en criant un peu : « C’est un contrôle annuel ! ».
D’accord, on n’est pas plus avancé.
Une infirmière, la mine d’Iphigénie poussée au bûcher chuchote un « On n’a pas le dossier, les filles d’en haut (le secrétariat) n’ont pas voulu le descendre ! ».
Je grogne et me résigne, je fais déshabiller le patient.
Et manque de chance, il est balafré de partout : cicatrice abdominale médiane sus et sous ombilicale, cicatrices le long des deux jambes.
Arghhhh, un polyvasculaire multi opéré dont il devient absolument nécessaire d’avoir les comptes-rendus opératoires !
Je retourne voir Iphigénie.
« Pourquoi on n’a pas le dossier ?
- Ce n’est pas le jour, il manque aussi celui de Monsieur Y. Les filles d’en haut (idem) n’ont pas voulu le descendre parce qu’elles ont trop de boulot.
- Passe moi le téléphone, je vais les appeler !
- Qui ?
- Et bien, les secrétaires
- Mais ce ne sont pas elles qui ont le dossier !
- Ah bon, c’est qui ?
- Et bien les filles des consultations !
- Passe les moi !
- Mais elles ne savent pas ou est le dossier !
- Mais tu viens de me dire que les filles du secrétariat ne voulaient pas le descendre…
- Non, elles l’ont cherché partout, il doit être dans une des salle de consultation, mais on ne sait pas où. Et puis je me suis trompé. Elles ont perdu le dossier de Monsieur X et elles se sont trompées en descendant celui de Monsieur Y. Et elles ne veulent pas nous descendre le bon car elles ont trop de boulot ».
Ce CHU se dégrade de plus en plus au fil des jours. Démotivation, bordel généralisé dans les archives, dilution homéopathique des responsabilités, je-m’en foutisme galopant…
J’ai retranscris cette conversation telle que je m’en souviens. Je n’ai rajouté aucun effet comique.
C’est bien ça qui est le plus triste.
21:30 Publié dans ma vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (7)