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12/11/2007
Lève toi et marche.
Bon, je sais, on l’a déjà dit.
Mais c’est ce que j’ai envie de dire à tous les patients que l’on m’adresse pour un döppler de contrôle d’une phlébite à J8, voire J10.
Tous les services hospitaliers, sans exception, interdisent formellement aux patients porteurs d’une thrombose veineuse profonde correctement traitée de se lever du lit.
Cette interdiction ancestrale s’applique bien évidemment aux patients qui sont non traités.
Mais une fois qu’ils le sont…
Cette croyance obscure persiste malgré les multiples recommandations qui sont régulièrement publiées.
Outre que cette attitude ne repose sur aucune base scientifique, il n’est pas anodin d’obliger un patient, surtout si il est âgé à demeurer au lit pendant plusieurs jours.
Je cite le VALMI :
« Mobilisation précoce :
L’avènement des HBPM a permis de traiter de plus en plus de thromboses veineuses en
ambulatoire. Il faut inciter le patient à déambuler dès que possible avec contention.
L’alitement n’a plus de place dans le traitement de la thrombose veineuse profonde.
Rééducation vasculaire : elle a pour objectif d’améliorer le fonctionnement de la
pompe musculo-veineuse du mollet »
11:25 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)
11/11/2007
Rome.
Avec Sally nous dévorons tous les soirs 1 à 2 épisodes de la série « Rome » coproduite par HBO et la BBC.
Cette série à succès a malheureusement été arrêtée à la fin de la deuxième saison à cause d’un budget pharaonique (et aussi parce que les décors ont brûlé).
Tout est remarquable dans cette série : les acteurs, les décors, le scénario.
Ce dernier mélange avec bonheur les histoires de figures historiques (Cicéron, César, Octave, Cléopâtre…) et de personnages fictifs (Vorenus et Pullo, les deux amis inséparables).
« Du sang, du sexe et de la poussière », c’est une expression que j’avais lue sur une critique élogieuse du Monde, et c’est exactement ça.
N’allez pas donc pas regarder Rome avec les enfants pour les initier au latin.
Le seul point qui m’énerve, est parfois le manque de rigueur historique. Pourquoi avoir tant travaillé sur les détails d’une reconstitution minutieuse, pour ensuite malmener l’Histoire ?
Un exemple qui m’a fait bondir : la mort de Brutus.
Dans la série, il se suicide en se jetant sur l’armée de Marc Antoine. Belle scène avec beaucoup de figurants. Mais de ce que l’on sait, il se suicide en se passant un glaive à travers le corps.
C’est un détail, vous allez me dire. Certes, mais donc, pourquoi ne pas l’avoir respecté ?
Sinon, mon personnage favori est…
Lequel, à votre avis ?
Ici, un excellent site qui parle notamment de la série.
08:15 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (9)
10/11/2007
L’ironie.
Encore de très belles lignes tirées de « Kafka sur le rivage » de Haruki Murakami.
Elles résonnent en moi car j’ai beaucoup de mal à ne pas être ironique, et cynique dans la vie. J'ai bien conscience que l'ironie dont il parle et la mienne sont très différentes, mais ce texte me parle quand même.
Je fais rire, certes, mais je sens bien que mes proches ont de moi une image déformée et grimaçante.
Un peu comme dans une tragédie grecque, j’ai hérité de cette malédiction inéluctable de mon père que j’ai très peu connu, mais qui était comme moi, ironique et grinçant. Il m’a aussi refilé sa myopie, mais je ne lui en veux pas pour cela.
J’ai bien souvent essayé de ne plus acerbe, mais je devenais alors quasi mutique. Et après, ça revenait de plus belle.
On peut être raisonnablement heureux dans sa vie et avoir un pH inférieur à 2.
J’en suis un bon exemple.
"
Oshima pose une main sur mon épaule. J’en sens la chaleur sur ma peau.
- Même si c’est vrai, même si tes choix et tes efforts doivent fatalement se révéler vains, tu seras toujours toi, et personne d’autre. C’est bien toi qui avances et pas un autre. Ne t’inquiète pas.
Je lève les yeux, le regarde. Il a un ton étrangement convaincant.
- Pourquoi en êtes-vous si sûr ?
- A cause de l’ironie.
- L’ironie ?
Il me regarde dans les yeux.
- Ecoute moi bien, Kafka Tamura, le sentiment que tu éprouves actuellement a fait l’objet de nombreuses tragédies grecques. Ce ne sont pas les humains qui choisissent leur destin mais le destin qui choisit les humains. Voilà la vision du monde essentielle de la tragédie grecque. Et la tragédie - d’après Aristote- prend sa source, ironiquement, non pas dans les défauts mais dans les vertus des personnages. Tu comprends ce que je veux dire ? Ce ne sont pas leurs défauts, mais leurs vertus qui entraînent les humains vers les plus grandes tragédies. Œdipe roi, de Sophocle, en est un remarquable exemple. Ce ne sont pas sa paresse ou sa stupidité qui le mènent à la catastrophe mais son courage et son honnêteté. Il naît de ce genre de situation une ironie inévitable.
- Alors, il n’y a aucune chance d’y échapper.
- Ca dépend des cas. Mais l’ironie donne de la profondeur aux humains, et de la grandeur. Elle leur offre le salut, un salut d’un niveau supérieur, et une sorte d’espérance universelle. C’est pour cela que tant de gens lisent les tragédies grecques aujourd’hui encore. Elles constituent une sorte d’archétype de l’art. Je me répète mais, dans la vie, tout est métaphorique. Personne ne tue réellement son père, personne ne couche réellement avec sa mère, n’est-ce pas ? Nous intégrons l’ironie de la vie grâce à un instrument appelé métaphore. Et c’est comme cela que nous grandissons, que nous devenons plus profonds.
Je me tais. Je suis trop pris par mes propres pensées pour réfléchir à autre chose.
"
18:29 Publié dans ma vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (4)