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17/02/2008
L'ankus du roi (3)
Kaa s’élança, les yeux flambants.
— Qui m’a prié d’amener l’Homme ? siffla-t-il.
— Moi, évidemment, dit du bout des dents le vieux Cobra. Il y a longtemps que je n’avais vu d’Homme, et celui-ci parle notre langue...
— Mais il n’était pas question de tuer. Comment puis-je retourner à la Jungle et dire que je l’ai conduit à la mort ? dit Kaa.
— Je ne te parle pas de tuer, jusqu’à ce qu’il en soit temps. Et quant à ce qui est, pour toi, de rester ou de partir, il y a le trou dans le mur. Silence, maintenant, gros tueur de singes ! Je n’ai qu’à te toucher au cou, et la Jungle n’entendra plus parler de toi. Jamais homme n’est venu ici, qui s’en soit allé respirant encore. Je suis le Gardien du Trésor de la Cité du Roi.
— Mais je te déclare, à toi, ver blanc des ténèbres, qu’il n’y a ni roi ni cité ! La Jungle est là tout autour de nous ! cria Kaa.
— Il y a toujours le Trésor. Mais nous pouvons faire une chose... Attends un peu, Kaa des Rochers, et regarde le garçon courir. Il y a place, ici, pour se divertir. La vie est bonne. Cours çà et là pour un moment, amuse-toi, mon garçon !
Mowgli posa tranquillement la main sur la tête de Kaa.
— Jusqu’alors la créature blanche n’a eu affaire qu’aux hommes du Clan des Hommes... Elle ne me connaît pas, murmura-t-il... Elle a voulu cette chasse. Qu’on la lui donne !
Mowgli se tenait debout, l’ankus à la main, la pointe tournée vers la terre. D’un geste rapide il le lança devant lui, et l’ankus retomba sur le gros Serpent, en travers et juste en arrière du capuchon, et le cloua sur le sol. En un éclair Kaa tombait de tout son poids sur le corps qui se tordait, le paralysant du capuchon à la queue. Les yeux rouges flamboyaient, et les six pouces de tête libres battaient furieusement de droite et de gauche.
— Tue, dit Kaa, comme Mowgli portait la main à son couteau.
— Non, dit Mowgli, en tirant la lame ; je ne tuerai plus, sauf pour vivre. Mais regarde, Kaa !
Il saisit le Serpent derrière le capuchon, ouvrit de force la bouche avec la lame de son couteau, et montra les terribles crocs venimeux de la mâchoire supérieure, qui apparaissaient noirs et desséchés dans la gencive. Le Cobra Blanc avait survécu à son poison, comme il arrive aux serpents.
— Thuu1 (c’est tout sec), dit Mowgli.
Et, faisant un signe de départ à Kaa, il ramassa l’ankus, rendant au Cobra Blanc la liberté.
— Le Trésor du Roi réclame un nouveau Gardien, dit-il gravement. Thuu, tu as tort. Cours partout çà et là, et amuse-toi, Thuu !
— Je suis déshonoré. Tue-moi ! siffla le Cobra Blanc.
— Il a été trop question de tuer ici. Nous allons partir. Je prends la chose à pointe d’épine, Thuu, comme prix du combat et de ma victoire.
— Prends garde, alors, que cette chose ne finisse par te tuer toi-même. C’est la Mort ! Souviens-t’en, c’est la Mort ! Il y a, dans cette chose, assez pour faire périr les hommes de toute ma cité. Tu ne la garderas pas longtemps, Homme de la Jungle, pas plus que celui qui te la prendra. Ils tueront, tueront, et tueront à cause d’elle ! Ma force est desséchée, mais l’ankus fera mon ouvrage. C’est la Mort ! la Mort ! la Mort !
Mowgli se traîna par le trou pour regagner le passage, et sa dernière vision fut celle du Cobra Blanc frappant furieusement de ses crocs désarmés les faces d’or indifférentes des dieux couchés sur le sol, et sifflant :
— C’est la Mort !
Notes:
1 Littéralement : "souche pourrie". (N. d. T.)
(A suivre…)
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Le Second Livre de la Jungle. 1894
Rudyard Kipling.
08:20 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)
16/02/2008
Le seigneur de Bombay.
Vous ne risquez pas de passer à côté des piles de cet énorme roman (1037 pages) à la couverture dorée brillante criarde, très en phase avec le style bling-bling ambiant.
Je l’ai pris en mains plusieurs fois avant de le reposer, écœuré par tant de vulgarité.
Puis finalement, je l’ai ramené à la maison, n’arrivant plus à progresser dans « La tache » de Philip Roth.
En ce moment, il me faut de la lecture facile, ne demandant pas de réflexion excessive.
J’en suis à la page 229.
Ce roman policier de facture très classique (le flic intègre, divorcé qui se lance dans une enquête qui le dépasse, accompagné par son fidèle adjoint…) est néanmoins relevé par une excellente sauce curry, puisque l’action se passe de nos jours dans la ville grouillante de Mumbay (l’ancienne Bombay).
Le récit est vif et entraînant, entrecoupé de scènes un peu plus calmes, qui ne dépareillent pourtant pas l’évolution de l’histoire.
De nombreux termes locaux, heureusement traduits dans un petit lexique à la fin du livre émaillent le texte, et vous permettront de vous faire un utile fond lexical "so Guide Bleu" en argot de Mumbay.
En voici quelques exemples et un petit jeu pour agrémenter la soirée, les deux colonnes sont mélangées, à vous de retrouver les bons binômes :
Le Seigneur de Bombay
Vikram Chandra
Editions Robert Laffont
20:10 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)
La SEP dans SL
J’ai retrouvé avec plaisir Daneel Ariantho dans SL (Second Life), et encore une fois, il m’a fait découvrir un lieu intéressant.
La fourmi Pat en a d’ailleurs parlé ce jour même sur son blog.
J’avais déjà parlé ici de la venue de AIDES dans SL.
Mais d’autres groupes font le choix de s’implanter dans SL afin d’accroître leur visibilité et de profiter des possibilités techniques liées à cet univers en 3D.
Cette fois çi, il s’agit de MSweb, un site qui regroupe des malades néerlandais atteints de SEP (Sclérose en plaques).
Malheureusement, le site est principalement rédigé dans la langue un peu difficile de nos amis bataves.
Ils se sont donc implantés dans une vaste sim appartenant à l’Université Libre d’Amsterdam.
Les informations sont bilingues (anglais/néerlandais), claires et synthétiques.
La sim est animée par des volontaires (dont Maarten Supercharge à droite et Gezellie Tigerpaw à gauche sur la photo) qui ont eu la gentillesse de nous faire visiter les lieux.
Pour faire connaître le groupe et promouvoir leurs actions éducatives, une grande soirée sera organisée samedi prochain à 19h00, heure française.
Le carton :
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Edition du 17/02/08: La note de Daneel sur cette initiative
17:25 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (3)