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19/02/2008

Le côté obscur de la force.

Je vous raconté cette histoire, plein de colère.

Le temps a passé, ma patiente marche toujours aussi bien qu'avant son angioplastie.

Puis avec le fil du temps, insidieusement, j’en suis venu à me demander si j’en avais pas trop fait.

Si finalement, leur attitude n’avait pas été la bonne.

Puis hier j’ai reçu le compte rendu d’hospitalisation, et cela m'a rassuré.

Je n’étais pas rentré dans les détails, mais mon cher collègue vasculaire voulait aussi dilater une sténose de l’artère rénale, et une artère du membre inférieur droit. J’avais bien sûr tout fait arrêter en annulant par courrier la procédure déjà fixée.

D’abord l’artère rénale : je l’avais trouvée non serrée, celui qui lui a refait le döppler à la clinique non plus, et l’artériographie encore moins (carrément pas de sténose).

Ensuite au membre inférieur droit: à l’artériographie, la fémorale superficielle est occluse à son origine mais collatéralisée (je l'avais vu, de même que le second döppleriste) ainsi que la tibiale postérieure qui est reprise par la rétro-malléolaire (Celle là, je ne l'avais pas vue). Le reste est correct. Donc rien à faire de plus.

Petit rappel clinique, cette patiente diabétique de 78 ans marche sans aucun problème et sa tension est équilibrée par un Esidrex 25 et un Aprovel 75.

Question du médecin généraliste à qui j’ai raconté cette histoire pendant la visite : « Mais quand on dilate une sténose qui n’existe pas, quel geste fait l’opérateur ?? ».

Bonne question, ma foi.

Il dilate ses revenus, je présume.

Puissant est le côté obscur de la Force…

L'ankus du roi (5)

— Le Thuu était-il si vieux et si fou, Petit Frère ? dit Bagheera doucement. Voici toujours un mort.

 

— Suivons. Mais où est la chose qui boit le sang d’éléphant, l’épine à l’œil rouge ?

 

— Le Petit Pied l’a... peut-être. Il n’y a plus, de nouveau, qu’un seul pied maintenant.

 

La trace unique d’un homme agile qui avait couru vite, un fardeau sur l’épaule gauche, persistait autour d’une longue bande basse de gazon sec en forme d’éperon, où chaque empreinte, aux yeux perçants des traqueurs, semblait marquée au fer rouge.

 

Ils ne parlèrent ni l’un ni l’autre jusqu’à ce que la trace aboutît aux cendres d’un feu de camp, caché dans un ravin.

 

— Encore ! dit Bagheera, en s’arrêtant net, comme si on l’avait changée en pierre.

 

Le corps recroquevillé d’un petit Gond gisait là, les pieds dans les cendres, et Bagheera interrogea Mowgli du regard.

 

— On a fait cela avec un bambou, dit le garçon après un coup d’œil. J’en usais avec les Buffles lorsque je servais le Clan des Hommes. Le Père des Cobras — je regrette de m’être moqué de lui — connaissait bien la race, comme j’aurais dû la connaître. N’ai-je pas dit que les hommes tuaient pour le plaisir ?

 

— En vérité, ils ont tué pour avoir des pierres rouges et bleues, répondit Bagheera. Souviens-t’en, j’ai logé moi-même dans les cages du Roi, à Oodeypore.

 

— Une, deux, trois, quatre pistes, dit Mowgli, en se penchant sur les cendres. Quatre pistes d’hommes aux pieds chaussés. Ils ne vont pas aussi vite que les Gonds. Mais quel mal leur avait fait le petit homme des bois ? Vois, ils ont parlé ensemble, tous les cinq, debout, avant de le tuer. Bagheera, retournons. Mon cœur est lourd en moi, quoiqu’il danse de haut en bas comme un nid de loriot au bout de sa branche.

 

— C’est mauvaise chasse que de laisser gibier sur piste. Suivons ! dit la Panthère. Ces huit pieds chaussés ne sont pas allés loin.

 

Ils ne parlèrent plus pendant une grande heure, tandis qu’ils relevaient la large voie des quatre hommes.

 

Le soleil était déjà clair et chaud lorsque Bagheera dit :

 

— Je sens de la fumée.

 

— Les hommes ont toujours plus envie de manger que de courir, répondit Mowgli, en décrivant des lacets parmi les buissons ras de la nouvelle Jungle qu’ils étaient en train d’explorer.

 

Bagheera, un peu sur la gauche, fit entendre un indescriptible bruit de gorge.

 

— En voici un qui ne mangera plus, dit-elle.

 

Un paquet de vêtements aux couleurs vives gisait en tas sous un buisson, et, alentour, de la farine s’était répandue.

 

— Cela a été fait à l’aide du bambou, dit Mowgli. Regarde ! Cette poudre blanche est ce que les hommes mangent. Ils ont pris sa proie à celui-là — il portait leurs vivres — et ils l’ont livré comme proie lui-même à Chil le Vautour.

 

— C’est le troisième, dit Bagheera.

 

— J’irai porter de grosses grenouilles fraîches au Père des Cobras pour l’engraisser, se dit Mowgli. Cette chose qui boit le sang d’éléphant, c’est la Mort même, et, cependant, je ne comprends toujours pas !

 

— Suivons, dit Bagheera.

 

Ils n’avaient pas fait un mille de plus qu’ils entendirent Ko, le Corbeau, en train de chanter un chant de mort au sommet d’un tamaris, à l’ombre duquel trois hommes étaient couchés. Un feu mourant fumait au centre du cercle, sous un plat de fer qui contenait une galette noircie et brûlée de pain sans levain. Près du feu gisait flamboyant au soleil l’ankus de rubis et de turquoises.

 

— La chose va vite en besogne. Tout se termine ici, dit Bagheera. Comment ceux-ci sont-ils morts, Mowgli ? Ils ne portent ni marque ni meurtrissure.

 

Un habitant de jungle arrive à en savoir, par expérience, aussi long que la plupart des médecins sur les plantes et les baies vénéneuses. Mowgli flaira la fumée qui montait du feu, rompit un morceau de pain noirci, le goûta, et, le recrachant :

 

— La pomme de mort, toussa-t-il. Le premier a dû la mêler aux aliments destinés à ceux qui l’ont tué comme ils avaient tué d’abord le Gond.

 

— Bonne chasse, en vérité ! Les meurtres se suivent de près, dit Bagheera.

 

La « pomme de mort » est le nom que la Jungle donne à la pomme épineuse ou datura, le poison le plus prompt de toute l’Inde.

 

— Et quoi, maintenant ? dit la Panthère. Allons-nous nous entre-tuer, toi et moi, pour cet égorgeur à l’œil rouge, là-bas ?

 

— Parle-t-il ? murmura Mowgli. L’ai-je offensé en le jetant ? Entre nous deux il ne peut faire de mal, car nous n’avons pas les mêmes désirs que les hommes. Si on le laisse ici, il continuera certainement à tuer les hommes, l’un après l’autre, aussi vite que les noix tombent par le grand vent. Je ne souhaiterais pas cependant les voir mourir six par nuit.

 

— Qu’importe ! Ce ne sont que des hommes. Ils se sont entre-tués, et ils ont été contents, dit Bagheera. Le premier petit homme des bois chassait bien.

 

— Ce n’en sont pas moins des enfants, et un enfant se noierait pour mordre un rayon de lune dans l’eau. Toute la faute est à moi, dit Mowgli, qui parlait comme s’il savait le fond de toutes choses. Je n’apporterai plus jamais de choses étrangères dans la Jungle, fussent-elles aussi belles que des fleurs. Ceci — il souleva l’ankus avec méfiance — va retourner au Père des Cobras. Mais il faut d’abord que nous fassions un somme, et nous ne pouvons nous coucher auprès de ces dormeurs-là. Il nous faut aussi l’enterrer, lui, de peur qu’il ne se sauve et n’en tue six encore. Creuse-moi un trou sous cet arbre.

 

— Mais, Petit Frère, dit Bagheera, en se dirigeant vers l’endroit indiqué, je t’assure que ce n’est pas sa faute, à ce buveur de sang. Tout le mal vient des hommes.

 

— C’est tout un, répondit Mowgli. Creuse le trou profond. Lorsque nous nous réveillerons, je le reprendrai pour le rapporter.

 

 

Deux nuits plus tard, tandis que le Cobra Blanc honteux, spolié, solitaire, roulait des pensées de deuil dans les ténèbres du caveau, l’ankus de turquoises vola en sifflant par le trou du mur, et s’abattit avec fracas sur la couche de monnaies d’or.

 

— Père des Cobras, dit Mowgli (il avait soin de rester de l’autre côté du mur), tâche de trouver dans ton peuple quelqu’un de jeune et de bien armé qui t’aide à garder le Trésor du Roi, afin que nul homme ne sorte plus vivant d’ici.

 

— Ah ! ah ! ainsi, le voilà de retour. Je l’avais bien dit, que c’était la Mort. Comment se fait-il que tu sois encore vivant ? marmotta le vieux Cobra, en s’enroulant amoureusement autour du manche de l’ankus.

 

— Par le Taureau qui me racheta, je n’en sais rien ! Cette chose a tué six fois en une nuit. Ne la laisse plus sortir.

 

 

 

 

LA CHANSON DU PETIT CHASSEUR

Mor le Paon, les Singes Gris dorment encor — tout est sombre,
Chil n’a point fauché le ciel sur cent brasses de longueur,
Par la Jungle doucement flotte un soupir, glisse une ombre —
C’est la peur, ô Petit Chasseur, c’est la Peur !
Doucement, dans la clairière, elle fuit, épie, espère,
Le murmure monte et s’étend, chuchoteur ;
Ton front se mouille et se glace, à l’instant ce bruit qui passe —
C’est la peur, ô Petit Chasseur, c’est la Peur !

Avant que du haut du mont la lune ait sabré la roche,
À l’heure où trempé, défait, s’égoutte le poil pleureur,
Écoute à travers la nuit : un souffle halète, approche —
C’est la Peur, ô Petit Chasseur, c’est la Peur !
À genoux, bande la corde ; qu'en sifflant la flèche morde ;
Plonge ta lance au fourré vide et moqueur ;
Ta main faiblit, se dénoue et le sang quitte ta joue —
C’est la Peur, ô Petit Chasseur, c’est la Peur !

Quand la trombe voit le ciel, quand le pin glisse et s’écroule,
Quand cingle et claque le fouet de l’ouragan aboyeur,
Dans les cuivres du tonnerre une voix plus haute roule —
C’est la Peur, ô Petit Chasseur, c’est la Peur !
La crue écume et s’encaisse, le bloc oscillant s’affaisse,
Chaque brin d’herbe est un spectre en la livide lueur,
Ta gorge sèche se scelle et ton cœur battant martèle :
C’est la Peur, ô Petit Chasseur, c’est la Peur !

 

(Fin)

°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 
Le Second Livre de la Jungle. 1894

Rudyard Kipling.

08:35 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)

18/02/2008

Les « machins »

Deux beaux « machins » au sens gaullien du terme  dans le bulletin de l’ordre de février que je viens juste de recevoir.

 

La spécialité de médecine générale (tout en bas de la page)

Revaloriser dans tous les sens du terme la filière « médecin générale », certes.

Mais commencer par une contorsion sémantique totalement vide de sens (accoler dans la même phrase "spécialité" et "générale") me semble de mauvais augure.

 

J’aime bien aussi cette phrase lourde de sous-entendus :

« Il est apparu discriminant de faire cohabiter sur un même territoire les nouveaux spécialistes en médecine générale et les anciens généralistes exerçant depuis plusieurs années. ».

Ah bon ? "Il est apparu", à qui ? (le passif a un emploi très commode, parfois)

Les médecins dits « généralistes » pourraient donc se sentir discriminés par les dits « spécialistes en médecine générale » ?

Pour quelle raison ?

La sémantique aurait donc un tel pouvoir ?

A quelle heure l’enseignement de la médecine s’est tellement amélioré que les « généralistes » pourraient se sentir « discriminés » ?

Je m'en fiche, me direz-vous. Et bien, pas tant que cela.

A quelle heure l'enseignement médical aura tellement fait de progrès, qu'il faudra nommer des "spécialistes en médecine spécialisée"?

Et y aurais-je droit, au risque de me sentir, moi aussi discriminé ?

Dois-je encore parler aux proches qui ne sont plus que "simples médecins généralistes" ? Je le ferai, car j'ai l'esprit ouvert et je suis tolérant. J'aurais même le courage de dire au cours des dîners en ville "Que j'ai un ami médecin généraliste". Et toute la tablée me regardera avec admiration ou dégoût.
 

Et les sous ? Problème certes très secondaire, dans cette histoire...

Et bien, le Conseil, que nous élisons en ce moment, s’en lave opportunément les mains dans le dernier paragraphe, mais vous soutient totalement, Il est entièrement derrière vous.

Je veux, j’exige d’avoir la qualification de général de médecine spécialisée (et la rétribution qui va avec) !

Ne rigolez pas, j'y ai droit. Je  fais une EPP qui me distingue des autres mauvais médecins (les mêmes que ceux qui n'auront pas droit à leur nouveau colifichet ordinal car ils n'auront pas satisfait aux fameux critères "...pas opposables car ils ne sont pas légalement obligatoires...").

 

  1. Médecin,
  2. Médecins généralistes et médecins spécialistes,
  3. Médecins généralistes, médecins spécialistes en médecine générale, médecins spécialistes,
  4. ...

Cette dérive de type "grades dans l'armée mexicaine" en dit long sur la dévaluation de notre statut de "médecin".

Hippocrate, réveille toi! Ils sont tous devenus fous.

 

   

 

Le référentiel métier.

Le nom seul, est déjà ridicule (et dérisoire)....

13:00 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)