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16/03/2008

Le second carnaval des Blogs médicaux (2)

A vos traitements de texte !

 

  • Le thème du second carnaval des blogs médicaux est le suivant :

 

« Le médicament et vous »

 

Nous avons encore une fois essayé de trouver un thème qui intéresse tout le monde, soignants et soignés.

Quoi de plus emblématique que le médicament, prescrit ou donné d’un côté, et pris de l’autre ? Relations avec l’industrie, effet placebo, effets primaires et secondaires, la liste de sujets à aborder est longue.

 

 

  • La publication sur vos blogs respectifs, ou sur le blog du carnaval, pour ceux et celles qui en feront la demande se fera entre le lundi 31/03 et le samedi 05/04 inclus.

 

  • Nous publierons la note regroupant tous vos textes sur le blog du carnaval a priori le lundi 07/04 (sous réserve que Zeclarr ne soit pas juste à ce moment là au bout du monde en train de sauver quelqu’un !).

 

N’hésitez pas à nous poser vos questions ou remarques à l’adresse du blog du carnaval. Enfin, nous invitons ceux qui ne connaissent pas le principe de ce carnaval des blogs médicaux à lire les quelques notes du blog du carnaval.

 

 

Les organisateurs.

 

Zeclarr

Lawrence Passmore

14:15 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (3)

Ouf !

Photobucket

Source: Wikipedia 

 

Une décision de justice prise à Chicago hier a évité ce qui aurait pu être la remise en cause de l’ensemble du processus de publication des résultats de la  recherche biomédicale.

 

Petit résumé de l’histoire.

 

Lorsqu’une équipe remet un travail à une revue scientifique digne de ce nom, en vue d’une publication, la revue transmet l’ensemble des données à des spécialistes du domaine intéressé.

Ces « reviewers » ("membres du comité de lecture" en bon français) qui sont soumis à des clauses strictes de confidentialité rendent alors un avis au journal, qui décide alors de publier le travail, ou non.

Ces avis, de même que l’identité des « reviewers » ne sont connus que de l’équipe éditoriale de la revue.

 

Ce système, le « peer reviewing » permet de filtrer les travaux de mauvaise qualité et oblige les auteurs à toujours plus de rigueur dans la rédaction et la réalisation de protocoles de recherche.

L’anonymat du comité de lecture et la confidentialité à laquelle il est astreint lui permettent en théorie de juger un travail scientifique en l’absence de contraintes extérieures.

Vous pouvez bien imaginer quelles peuvent être ces contraintes à l’aune des exemples que j’ai déjà donnés.

 

Le principe des comités de lecture est bien entendu imparfait.

Par exemple, dans le cadre d’un domaine de recherche très pointu ou « tout le monde se connaît », un « reviewer » peut très bien torpiller anonymement un travail pour bloquer une publication faite par une équipe concurrente. Ou au contraire favoriser les « copains ».

Il parait que ces pratiques sont assez fréquentes dans nos publications hexagonales.

D’un autre côté, comme personne n’y fait attention…

 

A côté de ce petit monde, et à première vue sans aucun rapport avec le processus de publication d’un article, Pfizer se débat dans un procès fleuve dans l’histoire déjà bien mouvementée du celecoxib.

Les avocats de la firme cherchent donc des échappatoires afin d’éviter une capitulation en rase campagne devant les tribunaux américains.

Et la semaine dernière, ils ont eu une idée diabolique.

Et si le NEJM et incidemment son comité de lecture, très impliqué dans cette histoire étant donné ses publications sur le sujet, possédait des informations susceptibles d’être favorables au celecoxib ?

Les avocats de Pfizer ont exigé que le NEJM dévoile les noms et les remarques de ses « reviewers ».

Le NEJM a bien évidemment refusé, et s’est donc fait mettre en demeure de le faire devant un tribunal de Chicago.

Le verdict est tombé hier, et Pfizer a été débouté.

 

Vous devez vous dire que cette histoire est bien embrouillée, bien lointaine et qu’elle ne nous concerne pas du tout, que l’on soit patient ou soignant.

 

C’est une grave erreur.

 

D’abord, je le répète sans cesse, c’est à partir de ces travaux publiés que nous traitons nos patients.

Imaginez ce qu’aurait pu devenir le processus de « peer reviewing » si la décision du juge avait été l’inverse ?

Il ne faut pas se leurrer, une telle décision aurait fait jurisprudence aux EU, mais aurait eu des conséquences à l’échelle du globe, puisque la plupart des revues scientifiques de qualité sont américaines.

Comment juger objectivement d’un travail en ayant au dessus de sa tête l’épée de Damoclès d’avoir son nom et ses conclusions révélées à tous en cas de procès ?

Imaginez la crainte des pressions de la part des pairs, de l’industrie pharmaceutique, la crainte de procès ultérieurs dans le cadre d’une action médico-légale touchant la molécule ou la procédure étudiée.

 

Le boulet n’est pas passé loin, mais bien peu (en tout cas en France: zéro un résultat dans Google pour la recherche NEJM et Pfizer dans les pages francophones pour ces sept derniers jours) en ont senti le souffle.

 


L’ensemble du système aurait été perverti, et cela simplement à cause d’avocats partis « à la pêche » de très hypothétiques contre arguments juridiques.

Et tant pis si au passage on brise un moyen de régulation essentiel dans le processus de publication des résultats de la recherche biomédicale.

 

C’est quoi un scrupule ?

 

 

 

Voir l’erratum ici.

 

 

 

 

°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

 

 

Le « peer reviewing » sur Wikipedia.

 

« Pfizer vs. the NEJM: A Legal Showdown » par Derek Lowe.

 

La décision du juge, commentée par Science.

Le miroir déformant.

Hier, j’ai replongé dans mon passé d’étudiant en médecine : mêmes lieux, mêmes personnes, mais 12 ans de plus.

Et bien, cette expérience est un miroir déformant qui m’a profondément déprimé.

La nostalgie n’est jamais quelque chose de positif, en tout cas pour moi. Proust et sa madeleine me semblent bien intellectuelles et coupées de la réalité humaine. Il devait être sous kétamine quand il a écrit ces lignes.

 

Le restaurant où j’ai déjeuné résume l’ensemble de ma journée.

Durant presque toutes mes années de médecine, j’ai voulu manger dans ce resto qui était systématiquement encensé par le « Petit Paumé ».

Pour des tas de raisons obscures, je n’y ai jamais mis les pieds.

Hier, j’ai pris le bœuf par les cornes, et j’ai franchi le pas de la porte voûtée.

La salle était vide et défraîchie, le patron déprimé, le cuistot improbable et les couverts tachés.

Pas de toiles d’araignée, ni de chouettes, mais tout comme.

Pendant tout le repas, je suis resté absolument seul. Je regardais les passants s’arrêter devant la carte puis repartir poussés par le vent froid.

J’ai très bien mangé (le poisson et la purée de potiron au thym et au Comté étaient à se rouler par terre).

A la fin, le patron m’a raccompagné et nous avons un peu discuté.

J’ai cherché à comprendre pourquoi ce restaurant  qui était « à mon époque » une référence était devenu tellement décati.

Depuis le « à mon époque », une vente, deux faillites et trois reprises expliquent sa déchéance.

Le propriétaire actuel tente de remonter la pente, mais depuis 3 mois, le client se fait rare ("la faute au pouvoir d’achat" ). Cet ancien fonctionnaire de police parisien n'a vraiment rien de la jovialité  d'un patron d'un petit restaurant lyonnais typique. Mais au détour d’une phrase, au milieu de la sinistrose, une perle peut émerger. En parlant d’un ancien fait divers : « Quand les pompiers sont arrivés, le feu était déjà circoncis [sic] ».

 

Je suis sorti vaguement oppressé.

Douze ans ont passé, et les restaurants mythiques meurent aussi.

 

Le reste de la journée a été à l’identique.

Evoquer le passé avec P. m’a fait prendre conscience de toutes mes potentialités défuntes. Comme tout vieil ami qui se respecte, tout le monde ayant des problèmes, j’ai fait de la scapulothérapie, mais le cœur n’y était pas.

 

Hier, ces fantômes ont plombé ma journée.

Ce matin, je me sens mieux, de retour dans ma vie actuelle.