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29/03/2007

J’ai envie de me faire Lala.

Pendant que Guillaume est à l’école, et pour être un peu tranquille avec Sally, nous mettons Thomas devant un DVD des Teletubbies.

Donc depuis des années, on a les babillements de Lala, Po, Dipsy et Tinky winky en musique de fond.

Impossible de baisser le son, sinon Thomas vient nous chercher.

 

Comment voulez-vous ne pas devenir pervers avec le temps ?

 

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26/03/2007

Mon ami homo.

Je n’en ai jamais parlé ici, mais il a occupé une place importante dans ma vie.

 

 

Je me suis rappelé de lui car nous nous sommes téléphonés il y a peu. Notre amitié s’est distendue du fait de la géographie et de mon évolution. Car lui, il n’a pas bougé d’un pouce.

 

 

Nous nous sommes connus en seconde (1987-1988). Nous formions un trio inséparable durant les intercours avec un troisième, qui est devenu mon témoin l’an dernier.

 

Il n’y a jamais rien eu d’équivoque, d’ailleurs, je ne m’étais rendu compte de rien. Une seule chose me chiffonnait, il trouvait systématiquement vilaines les filles qui me plaisaient bien et que je lui désignais. A l’époque, j’incriminais plus mes goûts que les siens que je ne connaissais pas.

 

Il était triste et drôle, sincère et cynique, horripilant et attachant.

 

Nous sommes allés en fac, moi en médecine, lui en histoire. Le troisième a fait une bonne école de commerce.

 

Nous nous voyions deux ou trois fois par mois. A l’époque, du fait de mon inclinaison et surtout de la P1, je ne sortais jamais. Il m’appelait « l’ours ». D’ailleurs, ça m’est resté.

 

 

Et puis un soir, j’appelais un peu par hasard, quand il s’est mis à pleurer au téléphone.

 

Je venais juste de l’interrompre dans une tentative de suicide.

 

Il m’a alors raconté qu’il était homosexuel.

 

J’ai été secoué, car je ne m’y attendais pas. Nous avons continué à nous voir, presque comme avant.

 

Presque, car il matait maintenant ouvertement les types dans la rue : « Bon ça va, arrête, si ça se trouve, il n’est même pas pédé… ». Souvent, il l’était. C’est à cette époque que j’ai affûté mon « Gaydar », comme le dit si joliment Shayalone (c’est de toi ?). Maintenant, il doit être bien rouillé…

 

Il me racontait aussi ses sorties « dans le milieu ».

 

Avec le recul, je me demande comment il a pu échapper au SIDA (nous étions dans les années 1990-1995). Il a bien ramené quelques bestioles de ses virées, mais jamais rien de grave.

 

Il m’a fait connaître un peu ce « milieu ». J’avais l’impression que s’y épanouissaient tous les instincts animaux de l’homme.

 

J’ai fait quelques sorties avec lui, aussi, lorsque je n’arrivais plus à me concentrer après 10 heures de bachotage médical. Je me souviens d’un arbre de noël dans les locaux de « ARIS ». Je me souviens aussi d’une soirée lesbienne à l’ « escalier G » (« G, c’est pourquoi ? »), ou toutes les filles étaient vraiment magnifiques (j’étais un peu dégoûté, d’ailleurs…). Chaque fois, le même rituel, il m’annonçait en criant à la cantonade : « C’est un copain hétéro, pas touche », ou le plus subtil « Il est sympathisant, pas pratiquant ».

 

Il m’a ouvert l’esprit au même moment ou l’homosexualité sortait de son ghetto, malheureusement à cause du SIDA.

 

Chaque hétéro devrait avoir un ami homo, et vice versa.

 

Il n’a jamais eu de relation stable. Au début, je faisais un effort pour retenir leur prénom, puis après, j’ai arrêté. Leur identité se résumait à leur fonction : « c’est l’actuel ».

 

En prenant de l’âge, il s’est aigri, il avait l’impression de moins plaire. Je remarquai qu’il refaisait sa houppe (pur style Tintin) une bonne demi-douzaine de fois devant chaque vitrine réfléchissante lorsque nous descendions la rue Servient pour aller sous la queue du cheval. C’était presque devenu un TOC (j’ai appris ce que c’était à cette époque).

 

Il a commencé à couper les ponts avec des amis, notamment le troisième qui venait de rencontrer celle qui allait devenir sa femme.

 

Amertume devant un couple heureux ? Sorte de jalousie ? Il ne l’a jamais l’heureuse élue avant l’an dernier, pour mon mariage.

 

Il a arrêté la fac ou il était assez brillant (j’avais assisté alors à un cours de Bruno Gollnish à Lyon III, pour « voir ») et il a erré de petits boulots en petits boulots.

 

Chacun de ses maigres salaires passait dans des figurines Tintin hors de prix et des albums de Mylène Farmer « Collectors » (vous vous reconnaissez ? c’est toute une génération…), rangés de façon maniaque dans une armoire qu’il nous interdisait même d’approcher. Le reste du mois, il mangeait des pâtes au beurre midi et soir dans un petit appartement immaculé ou la poussière n’avait même pas le temps de tomber du plafond.

 

Nous sommes devenus étrangers au fur et à mesure qu’il s’enfermait dans son cercle d’amertume. J’en avais assez d’entendre toujours les mêmes histoires de trahisons, d’oublis d’anniversaires, de mesquineries qu’il reprochait un peu à tout le monde. A chaque fois la même litanie : « Je vais être égoïste dorénavant, moi aussi, je coupe les ponts ».

 

Qu’est-ce qu’un égoïste ? C’est quelqu’un qui ne pense pas à moi.

 

J’ai rencontré Sally (il l’aimait bien, car elle était « simple »).

 

J’ai eu des enfants, j’ai un peu oublié mon vieux copain irascible.

 

Je l’ai invité à mon mariage, un peu en souvenir du bon vieux temps, peut-être aussi par pitié.

 

Il a enfin revu le troisième (après 9 ans de bouderie), sa femme et ses deux enfants. Il a fait des remarques polies sur les miens : « Oh, un petit ours ! ». Polies, car il dit à qui l’écoute encore qu’il n’aime pas les enfants. Pendant le week-end du mariage, il a même fait quelque chose de grandiose, mais je ne peux pas en parler ici. Il m’a stupéfait et bien fait rire.

 

 

Je l’ai appelé ce dimanche.

 

Il est occupé à couper les ponts avec une de ses copines, car elle ne lui a rien offert pour son anniversaire, simplement un coup de fil.

 

« Je vais être égoïste dorénavant, moi aussi, je coupe les ponts »…

 

 

Il faut que je me rappelle de l’appeler de nouveau, un de ses jours.

 

20/03/2007

Une époque se termine.

Je les avais achetés en 1998 ou 1999.

Mais aujourd’hui, j’en ai acquis des neufs.

Ils sont devenus tellement peu présentables et usés, que je les cachais sous des surchaussures en tissu (surtout pas celles en matière plastique bleue, sauf pour les amateurs de Penicillium roqueforti).

 

Au début, j’étais totalement contre, trop dangereux en cas de course contre la mort dans les couloirs. Puis un soir, je devais avoir des ampoules aux pieds, et j’ai pris ceux de mon co-interne.

J’ai été conquis.

 

Ils m’ont accompagné pendant une grande partie de mon internat, mon séjour à Paris, mon assistanat et  encore maintenant pendant mes gardes de réanimation.

Je me suis toujours dit qu’ils pourraient me servir d’arme de jet à deux coups en cas de besoin. Heureusement le cas ne s’est jamais présenté, même dans le service d’accueil des urgences le plus chaud de la région.

 

J’ai aussi fait des bêtises avec : du genre passer la journée (et la nuit) dedans, sans chaussettes. Même remarque que pour les surchaussures, avec en plus une magnifique ampoule semi circulaire sur le cou de pied. D’où l’alternance Biafine/Amycor pendant les 10 jours suivants.

 

En cas de staff particulièrement pénible, il m’arrivait de jongler avec en faisant des mouvements de flexion/extension du gros orteil, ce qui immanquablement les faisaient chuter sur une surface dure de préférence. Vous savez, ce bruit caractéristique, bien biphasique : cloc-cloc (talon puis pointe, ou vice versa). D’un autre côté, ça avait l’avantage de réveiller tous les somnolents autour de la table (le patron compris).

Je ne me suis tordu (et encore, un peu) la cheville qu’une seule fois, en courant derrière mon interne (celui qui est devenu coronarographiste) pour l’arroser d’alcool en mesure de rétorsion d’un probable casus belli indiscutable. Mais en courant pour sauver un patient, jamais. Et pourtant, j’ai souvent couru.

 

Je vais les regretter.

Ils symbolisent toute ma vie hospitalière avec ce qu’elle a de magnifique : la camaraderie, de belles urgences, des drames qui se terminent bien.

Maintenant, c’est plus pépère. Je ne sais même pas pourquoi j’ai repris des sabots ; j’aurais dû m’acheter des charentaises. Peut-être pour les gardes, mais je compte en faire moins, car je n’ai plus la santé pour courir d’une garde à l’autre.

Je suis un cardiologue embourgeoisé.

Des confrères aigris, des urgences qui n’en sont pas (constipation opiniâtre, ou consultation « urgente » avant un bloc du lendemain 8h00), toujours des drames. Si je cours encore dans les couloirs, c'est pour assister à la nième réunion d'accréditation ou de codage PMSI.

 

Je regrette.

 

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