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20/11/2008

Pubmed et mondialisation.

Je suis tombé sur cette très intéressante note de Gaëtan consacrée à la place du français dans Pubmed.

Comme Gaëtan l’a parfaitement mis en évidence, le nombre d’article publiés en français s’est effondré au cours des cinquante dernières années.

Bien sûr, cela ne reflète pas ou peu l’évolution de la recherche en France et dans les pays francophones. La plupart de nos chercheurs publient en effet en anglais, à partir d'un certain niveau.

Je me suis quand même demandé ce qu’il en était d’autres langues européennes : français (FR), italien  (ITA), allemand (GER), espagnol (SPA) ainsi que du chinois (CHI).

J’ai donc utilisé la même la même méthodologie que Gaëtan, j’ai simplement omis les années antérieures à 1951 et postérieures à 2005.

 

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Nombre de publications scientifiques en valeur absolue dans Pubmed, selon la langue de publication, et en fonction du temps.

 

 

 

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Idem en pourcentages.

 

 

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Idem, anglais inclus.

 

 

Comme vous pouvez le constater, l’allemand, l’italien, et l’espagnol s’effondrent de la même façon que le français.

La progression de la langue chinoise est remarquable. Inexistante avant les années 80, sa présence augmente à un tel point qu’elle dépasse maintenant chacune des quatre langues européennes que j’ai étudiées.

Maintenant, si l’on rajoute l’anglais, il faut changer d’échelle tellement sa domination est écrasante. Elle le devient même de plus en plus puisque sa part passe de 46% dans les années 1951-1955 à 90% dans les années 2001-2005.

Ces pourcentages et leur progression au cours des cinquante dernières années montrent tout d’abord que l’anglais est devenu la seule langue véhiculaire scientifique. Mais je pense qu’ils sont aussi le reflet de l’effondrement de la diffusion des revues nationales scientifiques et médicales publiées en ce que l'on peut appeler des langues vernaculaires.

Et la langue chinoise dans tout cela ?

Je pense que l’explosion de son emploi est bien sûr corrélée à l’immense population chinoise,  qui fait de cette langue vernaculaire une langue véhiculaire de facto, mais aussi à l'ouverture croissante de la Chine aux sciences médicales. J'y vois aussi et surtout le signe qu’il faudra très bientôt compter sur une recherche scientifique chinoise de haut niveau. Et bien sûr, après une certaine période de latence, les scientifiques chinois passeront rapidement du mandarin à l’anglais pour diffuser leurs travaux.

23:03 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)

18/11/2008

Un nouveau métier.

Hier, j’ai découvert un nouveau et stupéfiant métier.

Importateur de médecins.

 

Evidemment, je caricature, mais permettez-moi de faire pour une fois un peu de sensationnalisme.

 

J’ai eu au téléphone un homme tout à fait charmant et intelligent qui désirait me connaître après avoir lu cette note (ce n’est pas parce que je sais dorénavant que vous me lisez que j’écris cela).

 

Il a monté il y a 3 ans une société qui facilite l’implantation de médecins de la CEE au sein de zones rurales dévitalisées. Il va voir les médecins sur place (Allemagne, Bulgarie, Roumanie, Belgique), fait une évaluation de leur sérieux (en dehors de leurs capacités professionnelles, m’a-t’il bien précisé) et si ils sont aptes, il les présente à des élus désireux que leur population puisse avoir accès à un médecin.

 

Sa société est rétribuée par les collectivités locales, et depuis 3 ans a facilité l’implantation d’une quarantaine de médecins étrangers.

 

Il est bien sûr encore un peu trop tôt pour se faire une idée correcte du taux de réussite de ce genre très particulier et très délicat de greffe.

 

En tout cas, c’est encore un signe, que comme le dit très bien le toubib, nous allons droit dans le mur.

Mon interlocuteur a utilisé la fameuse métaphore du désespéré qui vient de sauter d’un immeuble et qui se dit, arrivé au second que tout va bien pour l’instant pour illustrer l’attitude des pouvoirs publics.

 

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Source: Atlas démographique médical 2008-CNOM.

C’est dans cette même note qu’un maire a lancé un SOS dans les commentaires (SOS que j’ai repris ici).

 

Et ces signes de délitement de notre tissu sanitaire s’accumulent.

 

Il y a quelques semaines, j’ai reçu un mail qui m’a stupéfié.

 

Un fonctionnaire d’une PMI (Protection Maternelle et Infantile) d’un Conseil Général dont je tairai le département m’a adressé ce message :

 

« Bonjour,

 

Suite à la visite de votre Blog, je me permets de solliciter votre avis de professionnel.

 

http://grangeblanche.hautetfort.com/archive/2006/02/11/re...

 

Dans le cadre de nos opérations de recrutement, nous rencontrons énormément de difficultés à pourvoir nos postes de médecins (exemples de profil ci-joint). Ainsi, nous envisageons une opération de communication type "petit déjeuner" autour de nos fonctions au service du public usager et de la médecine. Quelle approche envisager pour attirer le plus possible de médecins à cet événement ? Peut-on s'appuyer sur l'ordre des médecins ou toutes autre organisation [sic] pour nous fournir une liste des praticiens ? A quel moment de la semaine, de la journée il est préférable d'organiser un tel événement ?

 

 

Je reste à l'écoute de vos conseils et remarques,

 

Vous remerciant d'avance,

 

Bien cordialement »

 

 

Si cela se trouve, dans quelques années, ce ne sera pas de soigner les gens qui motivera en premier les jeunes qui aspirent à devenir médecin, mais simplement d’avoir pour eux et leur entourage un accès correct aux soins.

C’est terrible, mais il m’arrive parfois de me faire cette réflexion, sans ironie ou cynisme.

 

Etonnant, non ?

Non, effrayant.

11:35 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (13)

17/11/2008

La vieillesse est un naufrage…

Et la polymédicamentation un iceberg.

 

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A 75-80 ans on peut avoir beaucoup de problèmes de santé, c’est indéniable.

Mais comment expliquer et justifier une telle ordonnance ?

Le patient était tellement abruti par ce cocktail qu’il est tombé de sa hauteur, et s’est fracturé le col du fémur. Ce monsieur a donc été mon second transfert récent dans un service d’urgences.

Vingt lignes de médicaments, 33.5 comprimés, pilules ou sachets à prendre par jour.

Il faut rajouter à cette liste de la vitamine K en gouttes, prescrite pour antagoniser un INR supérieur à 6 le matin même de la chute qui s’est produite en début de soirée.

Vous remarquerez la superbe association previscan/plavix/kardégic, dont nous sommes,  il faut l'avouer, nous les cardiologues, uniques responsables.

Que dire aussi de l'association anxiolytiques/antidépresseurs/anti-épileptiques (il a effectivement fait une crise comitiale sur une séquelle d'AVC ancien)/anti hypertenseurs ?

En somme, tout pour tomber lourdement et saigner abondamment.

Une vraie potion du diable.

17:56 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (14)