05/12/2006
Tu ne vas pas dormir…
Hier au soir, nouvelle garde.
La réa était en feu.
Un poly traumatisé de 30 ans avec une rupture partielle de l’isthme aortique. Complètement ivre, il s’est fracassé en voiture. Huit côtes cassés, fracture du fémur, brûlures dorsales (car la voiture a pris feu), et donc un isthme partiellement rompu, il a néanmoins réussi à s’extirper tout seul de son véhicule.
Un post-opéré de ponts qui ne décollait pas des 70 de systolique.
Un post opéré d’un anévrysme de l’aorte abdominal qui ne descendait pas au dessous des 170 de systolique (c’est moyen pour les sutures…).
Et enfin, un post-opéré tardif qui s’était levé tout seul pour faire la grosse commission. Comme les fils et tubulures le gênaient un peu, il a un peu tiré dessus, et il s’est fait dessus (aussi)
Quand je l’ai retenu (je passais devant la chambre), les trois voies de la voie centrale étaient tellement tendues qu’on aurait pu jouer une suite pour violoncelle sans problème.
Les infirmières de jour m’ont prédit une nuit d’enfer.
Et bien, j’ai dormi comme un loir de minuit à 6 heures après avoir lu une cinquantaine de pages de « La Fille Qui Rêvait d'un Bidon d'Essence et d'une Allumette » le second tome de la trilogie Millenium (premier tome ici). Le poly traumatisé n'a rien fait, l'hypotendu a bien réagit à l'arrêt du pace-maker temporaire qui le stimulait en permanence en ventriculaire, l'hypertendu s'est amélioré sous nicardipine+morphine et le patient baladeur a dormi toute la nuit spontanément.
Comme quoi, ce ne sont pas les gardes qui commencent le plus mal qui se terminent de même.
11:50 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
Makrout Pundit.
J’aime bien quand une situation surréaliste ponctue mes consultations hospitalières du lundi matin.
Donc hier, je fais une échographie à une jeune (et jolie) femme d’origine algérienne.
On discute, et elle me dit qu’elle travaille dans la pâtisserie de sa belle-mère.
Or, ce sujet m’intéresse, car il y a quelques semaines, j’ai aidé Sally à faire des makrouts à la mode berbère. La « recette » vient de la maman du meilleur copain de Guillaume, qui a organisé à la maison une séance de travaux pratiques en pâtisserie orientale.
Quelques jours plus tard, l’ensemble de la famille Passmore s’y est collée. Chance du débutant, ces makrouts ont été des chefs-d’œuvres (dixit le papa du meilleur copain de Guillaume).
Chance du débutant, car il n’y a pas vraiment de recette avec des proportions cartésiennes, comme dans notre pâtisserie ; tout est une affaire de « toucher » de la semoule.
Donc elle me raconte qu’elle sait tout faire, sauf les makrouts, qui se délitent dans le bain de friture.
Ni une ni deux, je lui ai prodigué les fameux conseils de Lawrence Docteur ès makrout, diplômé de la faculté de Tizi Ouzou.
A la fin de l’examen, on était écroulés de rire, et elle m’a promis de revenir avec un plat de pâtisseries orientales…
11:21 Publié dans ma vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0)
04/12/2006
Le torcetrapib, c’est fini.
Le NYT a annoncé dans son édition électronique d’hier que Pfizer avait arrêté ses investissements, et notamment une étude clinique (« ILLUMINATE ») conduite sur le torcetrapib.
Il semble que cette molécule, développée car elle permet d’augmenter le « bon cholestérol » (HDL) a des effets secondaires, notamment cardio-vasculaires rédhibitoires.
J’ai découvert à cette occasion un autre article (Avorn J. Torcetrapib and atorvastatin -- should marketing drive the research agenda? N Engl J Med 2005;352:2573-2576) que cette molécule, ou plutôt son plan marketing avait posé pas mal de remous en 2005.
Pour faire simple, afin de conserver la rentabilité de son atorvastatine (TAHOR), la firme Pfizer s’était débrouillée pour que les études (dont ILLUMINATE) ne prennent en compte que l’association atorvastatine-torcetrapib.
Les recommandations ne reposent que sur ce type de grandes études. En cas de positivité, ILLUMINATE aurait donc permis de continuer à vendre de l’atorvastatine en association, bien au-delà de l’expiration de son brevet en 2010.
14:05 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (2)