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22/12/2006

Dernière note (?) avant le réveillon

medium_arbredenoel2.jpg

Si je ne  poste pas à nouveau d’ici le 24 (de garde ce soir puis réveillon dans ma famille) :

 

Joyeux Noël et bonnes fêtes à tous!

Lawrence

14:59 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (6)

Deux petites histoires

Avant-hier, Sally, Thomas et moi accompagnions Guillaume à l’école primaire pour le voir chanter.

Nous en avons profité pour déposer la nièce de Sally, 10 ans,  à l’école des « grands », juste à côté.

Alors que nous venions tous de traverser le passage piéton, une conductrice nous fait un signe amical avant de continuer son chemin.

Je fais un petit signe de tête, puis demande à Sally « Qui est-ce ? ».

La petite, 10 ans je le rappelle, nous répond pas peu fière : « C’est la mère de mon ex ».

Qu est-ce que ça va être à 15-16 ans ?

  

 °O°O°O°O°O°O°O°O°

  

Un peu plus tôt dans la semaine, j’engage ma voiture dans une rue un peu étroite à un pâté de maisons de chez moi.

Une vieille dame toute voûtée, portant canne, béret blanc et deux sacs en plastic me fait signe de m’arrêter. Elle s’approche de ma portière

« J’ai mal de partout, je suis pleine de rhumatismes, je ne peux plus rentrer chez moi. Vous pourriez m’y emmener en voiture ? ».

Je regarde dans le rétroviseur, une voiture s’est engagée juste derrière moi.

Je ne peux ni ouvrir la portière brutalement pour la projeter dans les poubelles derrière elle, ni faire marche arrière pour sortir de la rue.

Je la prends donc.

Elle me passe sa canne, un premier sac plastic vide puis le second qui contient un mécanisme de chasse d’eau.

Je lui demande d’attacher sa ceinture : « Mais non, mais non, nous sommes à deux pas de chez moi ! ».

« Mais si, mais si... », d’autant plus qu’une alarme se met en route lorsque l’on ne fixe pas sa ceinture.

Elle fait mine de la mettre, mais ne l’enclenche pas.

Un tout petit peu agacé, je démarre, avec dans les oreilles le bip-bip de l’alarme.

Je prends à gauche, sur une rue plus passante et je pile brutalement devant une voiture qui vient de griller le laissez-passer à gauche. J’ai juste le temps de retenir la mamie avec mon bras droit, avant qu’elle ne se crashe sur le pare-brise.

Pas d’autres voitures à l’horizon.

Si elle s’était mangée la vitre, j’aurais ouvert la porte du passager pour la pousser sur la chaussée.

 

Comment, une mamie en béret blanc ? Non, jamais vue…

Quel accident ? Ah ! ça doit être un petit jeune en scooter qui l’a percutée…

 

Le reste du voyage s’est déroulé sans autres encombres.

21/12/2006

Si on ne connaît pas les mauvaises nouvelles,… (suite)

medium_tapis2.jpgUn article de ce jour du NYT complète une histoire que j’avais seulement évoquée ici: "Disparity Emerges in Lilly Data on Schizophrenia Drug"

 

Un laboratoire américain sort un antipsychotique en 1996.

 

Cet antipsychotique devient au fil des années le produit phare de ce laboratoire avec près de 30% des revenus annuels.

 

Toutefois, assez rapidement se pose le problème d’une prise de poids et d’une élévation de la glycémie sous traitement.

 

En février 2000, un mémo interne précise que le risque d’hyperglycémie est 3.5 fois plus important que sous placebo. Jusqu’à fin 2001, le laboratoire donne comme information aux médecins que le produit n’augmente que « peu » (« slightly ») la fréquence des hyperglycémies.

Le mémo indiquait 3.6% d’hyperglycémies contre 1.05% pour le placebo. L’information donnée aux médecins était un risque de 3.1% pour le produit et 2.5% pour le placebo.

 

Interrogé, le laboratoire précise que les données fournies aux médecins étaient exactes et que le mémo de février était hors contexte (« out of context »).

Par ailleurs, le laboratoire précise qu’après avoir revu les données de février 2000, des erreurs ont été trouvées dans les ultimes contrôles qualité des données.

En 2000, le laboratoire avait envisagé de modifier le RCP (Résume des Caractéristiques du Produit) afin de prévenir du risque accru d’hyperglycémies, mais cela n’a pas été fait.

16:40 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (6)

Qui sauve une vie…

medium_ange.gif...sauve le Monde.

 

Encore une fois, la preuve que le net est à notre image, il apporte aussi bien le meilleur que le pire.

 

Je vais vous conter une petite histoire pour illustrer ce fait (c’est l’époque !).

 

Le 17 décembre, je tombe sur une note de Zeclarr qui raconte l’arrivée aux urgences d’un jeune toxicomane qui a fait une « TS » avec un cocktail impressionnant. Le premier commentateur s’interroge sur le sens de l’avoir sauvé, le second lui répond en citant la phrase suivante : « Qui sauve une vie sauve le monde ».

Je trouve que cette phrase magnifique est la quintessence même du métier de médecin et je rajoute mon grain de sel.

 

Je me souvenais vaguement que c’était une citation tirée de la « Liste de Schindler ».

Je me suis dit « Tiens, cette phrase a une consonance vaguement hébraïque ». Notamment car il me semble y avoir reconnu cet humanisme immense, concentré dans une forme épurée qui caractérise assez souvent les textes anciens.

 

J’ai quelques fois pensé à cette phrase durant la semaine, en me promettant d’en chercher l’origine dès que j’en aurai le temps.

 

Hier au soir, je voyais les entrées de la clinique.

Le médecin généraliste d’un patient très âgé (90-95 ans), mais encore vert demande à me voir.

Le patient et le médecin sont juifs d’origine tunisienne et parents.

On discute.

Le médecin (c’est une femme de 45-50 ans) est préoccupée car elle trouve que son patient a pas mal « baissé » ces derniers temps, ce que je confirme.

Elle insiste beaucoup pour le transfuser parce qu’il a une hémoglobine un peu basse, à 90-95 g/l.

Je ne suis pas pour, et je lui explique pourquoi.

Finalement, comme la conversation se poursuit, je me rends compte qu’elle craint surtout qu’on ne s’occupe pas de lui du fait de son âge. Elle me raconte qu’il y a quelques années, une interne a jugé sa tante « trop âgée » pour appeler un neurologue à son chevet, et elle en avait été mortifiée.

Je lui glisse alors, comme ça, naturellement : « Qui sauve une vie, sauve le Monde ».

Ses yeux se sont éclairés, son visage grave s’est ouvert. J’ai vraiment eu l’impression d’avoir cité LA phrase qu’il fallait au bon moment et que cette phrase faisait sens pour elle ; encore plus que pour moi. « C’est exactement ça », m’a-t-elle dit, le regard un peu rêveur. Je l’ai conduite auprès du patient ensuite.

 

Bon, j’ai failli lui dire que j’avais redécouvert cette phrase sur un blog il y à quelques jours, et que je n’avais aucune idée d’où elle était tirée. Mais le moment était tellement « parfait », et pour une fois que je dis quelque chose de censé au bon moment, je ne lui ai pas dévoilé « l’imposture ».

 

Après cela, j’ai sauté sur le premier ordinateur venu pour chercher son origine.

Je me suis dit qu’avec Google et Wikipedia, j’en aurai fini en quelques secondes.

 

Et bien, grosse erreur, j’ai pas mal bataillé pour obtenir ce que je voulais. J’ai dû taper plusieurs mots clefs, en français puis en anglais pour obtenir la citation voulue.

 

Surtout, je suis tombé sur un texte révisionniste anglo-saxon, repris par de nombreux sites qui accusait Spielberg de « révisionnisme » (c’est assez surréaliste) pour avoir trafiqué la citation exacte du Talmud.

La phrase est donc d’origine talmudique, mais il existe plusieurs variantes en fonction des versions. L’auteur anglo-saxon (Australien, je crois) citait la version la plus restrictive (celle ou l’on parle d’une « vie juive ») pour accuser les juifs d’élitisme, voire de racisme.

Ou comment partir d’une phrase magnifique, et la transformer en instrument de haine.

Je suis aussi tombé sur quelques sites qui réfutaient cette thèse point par point en y opposant des citations de textes anciens (ici).

 

Voici donc (en anglais) les deux versions et les références trouvées sur « Wikiquote » :

 

Whoever destroys a soul, it is considered as if he destroyed an entire world. And whoever saves a life, it is considered as if he saved an entire world.

Jerusalem Talmud, Sanhedrin 4:1 (22a)

 

Variant: A translation of a similar passage in The Babylonian Talmud reads in a way that does not necessarily have so universal an interpretation: Whoever destroys a soul from Israel, the Scripture considers it as if he destroyed an entire world. And whoever saves a life from Israel, the Scripture considers it as if he saved an entire world.

(Babylonian Talmud, Sanhedrin 37a)

 

Autre éclairage de cette "affaire" ici.

 

 

 

Edition 14h00: amélioration de la forme, ajout de liens. 

 

 

 

11:15 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (7)

19/12/2006

Histoires de chasse.

medium_chasse.jpgJe viens d’avoir une idée post-garde (pas forcément les meilleures, mais bon…).

 

Pourquoi ne pas mettre en commun nos « histoires de chasse », et ainsi recréer sur cet espace une sorte de salle de garde virtuelle (après le café, bien entendu !) ?

 

Médecins ou paramédicaux, blogueurs ou non, envoyez moi (à l’adresse en haut et à gauche) vos « histoires de chasse ».

Je les publierai ici.

N’hésitez pas à préciser votre CV (non obligatoire), la date (même approximative) et les circonstances. Pour les blogueurs, l’adresse de votre blog.

En fonction du nombre d’envois, je ferai une semaine (« à la Ron » TM), une journée, ou une demi-journée spéciale « Histoire de chasse ».

 

A vos claviers !

10:01 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)

18/12/2006

Souvenirs, souvenirs.

medium_sous_cutanees.jpgJe suis de garde ce soir et tout est calme. Cerise sur le gâteau, j’ai retrouvé celui qui a été mon PH pendant 2 ans. Nous avons bien sûr évoqué nos histoires de chasse. Je m’en suis souvenu d’une.

Mon premier choix d’interne, première semaine.

 Je suis aux soins intensifs cardiologiques d’un CHU. « J’hérite » d’un patient connu comme le loup blanc dans le service. C’est un SDF, avec une cardiopathie ischémique sévère. Il a déjà fait X décompensations cardiaques. Il est connu car il déambule nonchalamment dans les couloirs du service en traînant derrière lui sa sonde urinaire et une odeur acre de tabac froid et de crasse. Là, c’est un peu différent, il s’est présenté avec un emphysème sous cutané gigantesque, diffusé sur l’ensemble du tronc. Pour donner une idée, il ressemble à Bibendum. Un peu livré à moi-même, je vais demander un avis au Chef de service de pneumologie, deux étages en dessous. Très intimidé, je rentre dans son bureau et je lui raconte l’histoire. Il me regarde, silencieux puis me dit : « Tu devrais prendre une aiguille à sous-cutanées (les oranges) et lui crever toutes ses bulles ».

Fin de l’entretien.

 

De retour dans mon service, un chef qui passait par là s’est moqué de moi. Il semble, que sans le savoir, j’étais allé demander conseil au pire pneumologue du CHU. Le patient est mort peu après. Avec le temps, je pense qu'il était largement au delà de toute ressource thérapeutique, mais la réponse est restée gravée dans mon esprit.

23:25 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (5)

Moi aussi, je peux être romantique.

Cadeau d’anniversaire tardif (2 mois de retard) ou de Noël avançé (7 jours d’avance) pour Sally :

 

 

Sally : Elles sont magnifiques, tu n’aurais pas dû !

 

Moi, faussement gêné : Elles te vont très bien et ça m’a fait plaisir !

 

Sally : Tu m’aimes ?

 

Moi : Oui, 2570 fois plus qu’une pièce de 1 euro.

 

 

[Tout est fictif dans ce dialogue, mais la base est réelle : c’est aujourd’hui que je lui ai offert son cadeau]

 

La mezouzah.

medium_mezouzah.jpgCe matin, j’ai appris un nouveau mot.

 

Alors que je venais de sonner à la porte d’une amie, je remarque une sorte d’objet cylindrique gris uni, fixé au montant gauche de la porte par du scotch transparent.

Je me dis « tiens, quelqu’un a trouvé un stylo devant le paillasson et l’a fixé pour que son légitime propriétaire le retrouve ». J’ai trouvé ça bien remarquable surtout quand on sait l’importance d’un stylo monochrome pour le médecin et quatre couleurs pour l’infirmière dans le milieu hospitalier.

Mon amie me raconte que quelqu’un a arraché ce qui est en fait sa « mezouzah ».

Et elle me raconte brièvement ce que c’est.

La bêtise de ceux qui l’ont arrachée m’en devient que plus pathétique.

 

Arrivé à la maison je regarde sur Wikipedia. pour combler mon ignorance.

Je suis encore une fois stupéfait par la précision (j’allais dire diabolique) des rituels juifs. Tout est codifié jusqu’au plus infime détail (je vous laisse le soin de le lire…). Etonnant comme cette religion ne se laisse pas facilement approcher, appréhender.

 

J’imagine que si il existait un équivalent chez les catholiques romains, le « mode d’emploi » serait plus simple :

 

« 

- Collez le (ne le clouez surtout pas !) ou vous voulez et quand vous voulez dans la maison.

- Faites rédiger le texte par n’importe qui, Dieu est en nous tous.

- Toutefois son effet ne s’exercera que si votre Denier du Culte est à jour (Chèques banquaires, Transferts Western-Union, chèques postaux, CB, Paypal, acceptés)

 ».

 

Je vous rappelle que le seul cours dont je me soit fait virer en 34 ans est… le catéchisme.

 

On ne se refait pas…

 

 

 

Edition à 20.11: quelques changements minimes de forme.