03/11/2006
La religion et les soins.
J’ai reçu par mail une question soulevant un problème qui se pose de plus en plus fréquemment aux soignants.
"Je suis mal à l'aise depuis hier soir !J'ai vu un reportage sur un hôpital anglais dans lequel on fournit une burka verte aux femmes qui le désirent .Ne sont visibles que les yeux .Le médecin ne voit pas leur corps ,ne les touche pas ! Cela m'a révoltée et puis l'interview a continué avec une infirmière .Elle trouvait normal que chaque confession puisse vivre sa religion tranquillement ,même à l'hôpital..Là ,je me suis sentie mal à l'aise !Serais-je devenue si intolérante ou sont-ce les autres qui marchent sur la tête ? J'avoue douter très profondément et me poser des questions !Toute ma vie d'enseignante en milieux difficiles ,de citoyenne et de mère de famille ,j'ai combattu pour le respect de la personne ,pour l'égalité des chances,pour la parité etc..Est-ce un progrès pour la Femme que de la cacher totalement pour satisfaire l'interprétation erronée de textes sacrés ?Je précise que - travaillant dans une école avec 75% d'étrangers ,17 nationalités et de nombreuses confessions - j'ai acheté le Coran et l'ai lu . Je voulais pouvoir répondre sereinement aux familles musulmanes et me forger mon opinion .Et vous , qu'en pensez-vous? Moi,je sais plus !
M. (fidèle accompagnatrice de votre blog) :-)"
Voici ma réponse :
C’est une question qui se pose de plus en plus fréquemment dans les hôpitaux, même si je n’ai jamais été directement confronté à ce problème.
Mon attitude générale est clairement laïque.
Si le/la patiente gène mes soins en arguant des motifs religieux, je lui prierai poliment de consulter quelqu’un d’autre et/ou de quitter le service.
La religion doit s’arrêter là ou commencent les soins. Par contre, je respecte totalement une pratique religieuse compatible avec l’état de santé du patient et l’environnement hospitalier.
Par ailleurs, les musulmans que l’on stigmatise pourtant beaucoup appliquent une attitude pleine de bon sens en ne suivant pas le jeûne du Ramadan lorsqu’ils sont malades.
A vrai dire, encore une fois, à part de vagues soucis avec un ou deux patients refusant toute transfusion sanguine à l’époque de mon externat, l’immense majorité des malades croyants comprennent et se plient aux contraintes de notre système de soins.
14:47 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)
31/10/2006
zezezeZEZEZEzezeze (le cri de la disqueuse)
Une note horrifiante sur l'excellent blog de l'urgentiste Zeclarr, à qui j'ai aussi emprunté la photo de son exemplaire personnel ;-)
Quand je l'ai lue en buvant mon café, j'ai failli tout recracher sur l'écran!!
07:40 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)
30/10/2006
Encore une histoire triste.
Cette après midi, je vois en consultation une dame de 65 ans atteinte de cette maladie, et sa fille, ancienne infirmière de réanimation polyvalente.
Environ 45 ans, carrée au physique comme au mental.
On papote sur nos connaissances communes.
En même temps, j’examine sa maman qui n’arrête pas de gigoter, et pour cause après 15 ans d’évolution.
J’ai un vague souvenir de cette maladie, datant des bancs de la fac, et je n’en ai jamais vue.
D’un ton presque badin, je demande à la fille si elle s’est fait dépister.
Elle me répond qu’elle avait été tentée de savoir, à l’âge de 18 ans avant d’avoir ses enfants.
Mais la généticienne lui avait déconseillé de faire le test.
Je m’étonne un peu de ce conseil, surtout venant d’une généticienne.
Elle m’a alors dit en souriant que si le test avait été positif, elle aurait alors « usé de moyens radicaux ».
Je ne doute pas un seul instant de sa détermination. D’autant qu’elle a vu trois ou quatre membres de sa famille se dégrader inéluctablement.
J’ai l’article d'Orphanet sur cette maladie avec la fille derrière moi (nous voulions savoir si il existait des pathologies cardio-vasculaires associées).
Evolution inéluctable et incurable, longue et handicapante vers une démence et le décès. Cinquante pourcent de transmission d'un/une malade à sa descendance.
C’est alors que j’ai compris.
18:35 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (5)