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18/08/2006

Bonne pêche.

medium_peche.jpgConsultation hospitalière du mercredi.

- Un patient « historique » (un de mes premiers) dont la principale caractéristique est d’avoir toujours quelque chose qui ne va pas, le plus souvent hors de la sphère cardio-vasculaire. Mais comme j’ai eu la faiblesse d’avoir accepté d’être son médecin référent, je dois m’y coller. Là, il ne se plaignait de rien. Stupéfait, je lui demande si il est bien sûr que tout va bien. Non, il se sent en pleine forme.

J’ai du mal à le croire.

 

- Un prêcheur pentecôtiste ougandais (si si, c’est moi qui le suis…). C’est lui que j’avais massacré à la dernière consultation du 14 juin, mais si, rappelez vous, c’est ici. On a parlé Bible et éducation des enfants (évidemment, nos points de vue étaient assez différents). Son anévrysme de l’aorte thoracique a gagné 2 mm en 2 ans, il passera au bloc dans 3-4 ans. Je lui ai demandé de prêcher  "sobrement".

 

- Une oranaise habitant Oran. Elle est habituellement suivie par le patron. Quelque chose me dit que ça va changer…

 

- Un ECG à lire pour une chirurgie de la cataracte. Les anesthésistes d’ophtalmo sont soit très anxieux et/ou paranoïaques, soit ont un niveau de lecture d’ECG inférieur à celui d’un externe moyen. Dans les deux cas, cela me donne encore moins envie de faire corriger ma myopie. Vivent les lunettes !

 

- J’ai croisé un ancien patient en quittant l’hôpital. J’ai réussi à refiler ce patient gentil mais très pénible à un collègue (gnac gnac gnac….). Le patient m’a dit qu’il était très impressionné car « c’est un grand chef parmi les cardiologues ». Je pense qu’il a du se méprendre sur le titre de « Chef de Clinique ». Je ne l’ai surtout pas contredit : « Continuez à le voir, lui grand chef avec bonne médecine très puissante » (je n’ai pas dit ça, mais c’était tout comme…).

13:50 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)

11/08/2006

Non, pas de pizza, merci.

medium_heimlich.gifAppel hier au soir pour une urgence en chambre.

Une pauvre petite dame de 80 ans (« petite » étant un adjectif affectueux, étant donné les bons 90 kgs de cette patiente de 1m60 à tout casser) est entrain de s’étouffer après une fausse route à la pizza.

La patiente a une jolie teinte bleutée, incapable de respirer. Il y a du vomi partout, et l’aide soignante a déjà retiré un bon morceau de pizza du fond du gosier de la dame.

A mon arrivée, la médecin généraliste essaye de lui faire un « Heimlich ». Le problème est que ses bras n’arrivent même pas à enserrer l’abdomen de la patiente.

Situation magnifique en somme.

Elle a un pouls fémoral, donc au moins 60 de systolique.

J’essaye de l’asseoir avec le reste de l’équipe, elle respire avec un horrible bruit hydro-aérique. Je manque de vomir aussi, et ne suis pas très efficace.

Après quelques secondes de flottement émétique, je pose un coup de stétho sur le thorax antérieur. Elle vomit sur mon stétho, épargnant miraculeusement mon Lacoste bordeaux (Pas de blouse quand on est cardio en libéral, la spécialité est habituellement propre…).

Me faire vomir dessus, passe encore, le pire est le bruit de glouglou respiratoire, les bronches pleines de liquide gastrique et d’aliments. Beurk !

Avoir vomi la soulage, elle arrive a nous faire comprendre que quelque chose la gène dans la gorge.

A que cela ne tienne, je la place de nouveau en position de Heimlich. Mes bras en font à peine le tour. Je prends le parti de lui enfoncer les pointes de l’index et du majeur dans l’épigastre.

Bingo, gros vomissement. Re-bingo, étant derrière elle, je ne prends aucune éclaboussure. A un moment, je me suis quand même demandé si elle n’allait pas faire l’arrêt réflexe (hypervagotonie) ; j’ai préféré ne pas regarder le scope de transport à cet instant.

Elle va nettement mieux : elle se remet à parler, TA à 180, saturation à 98%, couleur rose.

Appel des pompiers pour un petit tour aux urgences (thorax pour rechercher une inhalation, +/- antibiotiques).

Les urgences nous la renvoient dans la nuit, fraîche et rose, comme si rien ne s’était passé.

15:10 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)

29/07/2006

Le mort en sursis.

medium_surgeon.jpg2 fois 2 heures de sommeil cette nuit. je suis comateux aujourd'hui, et le serai demain.

Un patient de 78 ans m’a fait passer une sale nuit.

Il a été admis d’un autre hôpital pour une dissection aortique.

Primo, aucun centre privé de chirurgie cardiaque n’en voulait : trop de risque opératoire, trop de risque de végéter en réanimation.

Donc le chirurgien de mon CHU l’a récupéré, bien à contre cœur (notamment car une transplantation cardiaque était dans l’air, un jeune de 15-16 ans en bout de course), mais un peu obligé quand même.

Finalement, après pas mal de tergiversations, début de la douleur à 14h00, arrivée en réa de chirurgie cardiaque à 1h45.

Je lis le dossier avec le chirurgien, et c’est vrai que le patient ne donne pas envie de se jeter dessus : 78 ans, insuffisance rénale, insuffisance respiratoire, insuffisance cardiaque.

Nous allons voir la famille (surtout le chirurgien, je me suis contenté d’un inutile acquiescement à ses côtés, trop heureux de jouer les Ponce Pilate, pour une fois).

Il a expliqué, dans des termes à mon avis appropriés l’alternative : Quasi aucune chance de s’en sortir si on ne l’opère pas, idem si on l’opère.

On a choisi en accord avec la famille l’option numéro 1.

Bien sûr, la famille était effondrée.

D’où le contraste pathétique avec le grand-père, fatigué mais souriant dont l’aorte est entrain de se déchirer inexorablement ; curieusement, et tant mieux pour lui avec des douleurs minimes. Il m’a fait de la peine, ce petit bonhomme totalement ignorant que son destin avait probablement déjà basculé depuis 14h00. La fin de la récréation va bientôt sonner, et il continue à jouer.

J’espère aussi que ses proches ont pu cacher leurs larmes.

Vous vous demandez, pourquoi ne pas avoir tenté « l’opération de la dernière chance » ?

A jouer le tout pour le tout ?

Tout simplement car elle n’existe quasiment pas en dehors des productions hollywoodiennes, qui font totalement abstraction des suites post-opératoires, alors que ce sont elles qui sont la période la plus dangereuse pour le malade.

En général, ces interventions à visée « compassionnelle » se terminent toujours de la même façon.

  
 

Tiens, la cloche sonne.

17:55 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (10)