29/09/2006
Casse toi, c’est pas cardio ! (2)
Pendant que l’interne qui était avec moi lui trouve une place en cardio, j’écris un mot sur le dossier.
Donc a priori, il ne s’agit pas d’un trouble du rythme, ou un trouble conductif. Le malaise vagal me semble aussi improbable.
Mais bon, étant donné ses antécédents (cardio-vasculaires et autre), et sa petite tension ; je ne me voyais pas de le faire repartir à la maison.
J’appelle une copine neuro (qui le suit depuis plusieurs années) et on évoque une comitialité. Elle passera le voir en hospitalisation.
Mercredi dernier, je le vois en consultation avec un holter ECG normal.
L’échographie cardiaque faite en externe n’est pas dans le dossier.
Deux phrases succinctes suivent mon mot :
« Surveillance en soins intensifs=RAS
Prévoir Holter ECG, échographie cardiaque et consultation cardiologique en externe »
Je trouve excellent que l’on demande à un patient hospitalisé en service de cardiologie de voir un cardio en externe !
La neuro l’a examiné et a demandé un électro-encéphalogramme en externe, puisque le patient a été mis dehors au bout de 48 heures. Il l’a passé, mais personne ne l’a vu car le patient n’a pas compris qu’il fallait de nouveau consulter.
Bilan d’une hospitalisation en CHU=rien, retour à la case départ dans mon bureau de consultation.
Enfin si, il a passé une échographie cardiaque et un électro-encéphalogramme en externe. A priori, seul le holter ECG a été fait en interne.
Ont-ils même pensé à le muter en neurologie, pour poursuivre le bilan, puisque ce n’était pas un problème cardiologique ?
A mon avis non.
Leur intérêt pour ce type de patient un peu compliqué, et surtout non coronarien est depuis longtemps « en externe ».
Qu’on ne me parle pas d’économie de santé !
Quarante huit heures d’hospitalisation en CHU pour ne pas résoudre un problème coûtent certes moins cher que d’essayer de le résoudre ; mais ce n’est plus de la médecine.
Petite note pour ceux qui me connaissent: "l'autre côté" (le mien) n'a pas fait mieux il n'y a pas si longtemps que ça....
16:05 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)
27/09/2006
Casse toi, c’est pas cardio ! (1)
Il y a 2-3 semaines, je vois un jeune patient adressé par son néphrologue pour syncope.
L’interrogatoire est difficile, il est presque totalement sourd.
1) Quelle est sa pathologie chronique ?
Les rares fois où il entend la question, il ne la comprend pas.
Heureusement, sur son dossier, ses antécédents sont encyclopédiques : hormis le rein et les oreilles, il a fait de nombreux accidents vasculaires cérébraux et a gardé une épilepsie séquellaire sous Dépakine et Neurontin.
Il arrive à la consultation couché sur un brancard, peu après une séance de dialyse.
Sa tension est à 70/30, son ECG est normal. Il est orienté.
J’essaye de l’interroger en hurlant.
Il se met à tousser.
D’un seul coup il s’immobilise et regarde fixement le plafond sans me répondre.
Perte de contact totale.
J’appelle l’infirmière, et au bout de 5-10 secondes, il reprend brutalement conscience, me regarde et dit : « Là, je suis parti ».
En effet, c’est le moins que l’on puisse dire !
Nouvel ECG : normal, tension toujours à 70/30, examen toujours normal.
Il est comme si de rien ne s’était passé.
2) Hypothèses ?
3) Que proposez vous pour préciser le diagnostic, avant de l'hospitaliser ?
19:50 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (12)
20/09/2006
Pourvu qu’il ne pose pas la question.
Ce matin.
Pourvu qu’il ne pose pas la question.
Ca va ce matin ?
Oui, je n’ai plus mal. Le traitement a été efficace ! (il avait une arthrite inflammatoire à la cheville)
Pourvu qu’il ne pose pas la question.
Très bien…. La cicatrice est belle (cervicotomie exploratrice droite).
Encore un peu gonflée, mais c’est bizarre, je ne sens plus mon oreille.
Pourvu qu’il ne pose pas la question.
C’est normal, ils ont dû déranger quelques terminaisons nerveuses, ça va s’améliorer avec la diminution du syndrome inflammatoire.
Pourvu qu’il ne pose pas la question.
Tant mieux. Et pour la suite ?
Uhmmn, l’ORL a pris rendez-vous avec le Docteur XXX, que je ne connais pas, pour poursuivre le bilan.
Pourvu qu’il ne pose pas la question.
Je crois qu’ils doivent faire d’autres examens.
Pourvu qu’il ne pose pas la question.
Oui, vous verrez avec le Docteur XXX. Et votre jambe ? (il a eu un pontage fémoro-poplité et il se trouve en rééducation pour ça).
Va bien, je suis content, la cicatrice est belle, j’ai de l’appétit, et je reprends un peu du poids.
Tant mieux !
Pourvu qu’il ne pose pas la question.
Je lui tends la main, passez une bonne journée !
Pourvu qu’il ne pose pas la question.
Il sourit. Vous aussi, Docteur
Pourvu qu’il ne pose pas la question.
Lundi, j’ai reçu l’anatomopathologie tant attendue du ganglion prélevé. C’est une métastase.
Je ne sais pas ce qu’il sait.
14:05 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (6)