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08/10/2008

Blurring the lines between science and marketing.

C’est la phrase clé d’un article publié aujourd’hui dans le NYT.

« Brouiller les frontières entre science et publicité »

Le laboratoire pharmaceutique Pfizer se débat dans un procès aux Etats-Unis ou les plaignants accusent la firme d’avoir tout fait pour que les résultats des études défavorables pour un de leur produit, le Neurotin n’aient que peu d’influence sur les prescripteurs, et donc les prescriptions. Tout fait, c'est à dire retarder leur publication, et présenter ces fameux résultats sous un jour favorable.

Ces études visaient à étendre la prescription du Neurontin au delà de son AMM initiale.

L’article du NYT est très critique.

Bien sûr, Pfizer plaide de sa bonne foi, et précise que ces pratiques étaient antérieures à son rachat de Warner-Lambert qui commercialisait initialement le Neurontin.

« Pfizer issued a statement Tuesday denying that it had manipulated Neurontin data, saying “study results are reported by Pfizer in an objective, accurate, balanced and complete manner, with a discussion of the strengths and limitations of the study, and are reported regardless of the outcome of the study or the country in which the study was conducted.” »

The expert reports, unsealed Monday in a federal court in Boston, add to accusations that the pharmaceutical industry has controlled the flow of clinical research data, blurring the lines between science and marketing.

Le problème pour Pfizer, c’est que la défense a exhumé des mails compromettants :

According to one September 2000 e-mail message by a Neurontin team leader at Pfizer, “The main investigator in the U.K. (Dr. Reckless) is keen to publish but this will have several ramifications.” The team leader later wrote, “I think we can limit the potential downside of the 224 study by delaying publication for as long as possible.”

 

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Experts Conclude Pfizer Manipulated Studies

By Stephanie Saul

The New York Times

Published: October 8, 2008

05/10/2008

Conflit d’intérêts.

 

Le NYT reporte de nouveau les graves conflits d’intérêts qui empoisonnent la psychiatrie américaine.

Le scandale est tel qu’il devrait accélérer la mise en place d’une loi plus répressive.

L’article pose le problème de l’influence des firmes pharmaceutiques non seulement sur certains « leaders d’opinion », mais aussi sur les universités elles-mêmes.

Peut-on objectivement prescrire, parler d’une molécule, organiser des sessions d’enseignements, ou choisir des sujets de recherche, lorsque l’on reçoit plusieurs dizaines milliers de dollars par an de l’industrie pharmaceutique ?

Je ne le pense pas.

 

 

(N’oubliez pas de télécharger les « Select Documents » disponibles dans la colonne de gauche), ils sont éclairants.

 

 

 

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Top Psychiatrist Didn’t Report Drug Makers’ Pay.

By Gardiner Harris

The New York Times

Published: October 4, 2008

 

 

 

Ajout: un article du WSJ Health Blog sur la même histoire.

22/09/2008

C’est un miracle ! (suite de la suite)

Comme l’ensemble des cardiologues français, j’ai reçu récemment le supplément spécial de « Consensus cardio news » sur l’ivabradine.


J’ai lu ce numéro issu de cette très vénérable et très respectée institution qu’est « Consensus Cardio ».
Je vous livre ici mes sentiments.

Tout d’abord, je compte écrire à l’AFSSAPS afin de décrire un effet indésirable grave et non décrit de l’ivabradine, l’orchidodynie, mais j’y reviendrai plus tard.

 

Après avoir lu l’article, je me suis dit qu'il me fallait absolument essayer ce produit miracle.


J’ai commencé vendredi dernier, le soir, à prendre ivabradine 5 mg.
Dix minutes après la première prise, ma fréquence cardiaque s’est ralentie. J’ai ressenti un moment de félicité et de bien-être. Puis j’ai vu un halo lumineux. Je me suis dit, normal c’est un effet secondaire connu. Mais j’étais bien. Puis « Il » m’est apparu au milieu du salon.
Il n’est pas comme l’Ancien Testament le décrit. Il n’est pas barbu, poivre et sel, et ne porte pas de robe ample. Il a le crâne rasé de près (depuis 1998, m’a t’il précisé), est imberbe et porte un T-shirt Quechua rouge vif avec un jean noir un peu délavé.
Il m’a dit que j’avais fait le bon choix, et que lui même prenait du Vastarel depuis une trentaine de nos années. Et depuis, Il est devenu immortel.

La vision est passée, j’étais sous le choc. Je me suis allongé et j’ai dormi.

Le matin, je savais parler anglais, allemand et latin couramment.


J’ai donc pris mon second comprimé d’ivabradine 5 mg.
Dans le miroir, j’ai constaté que mes cheveux blancs avaient disparu. J’ai fait l’amour à ma femme pendant 4 heures à ma femme, sans discontinuer, au lieu de 3h30 d’habitude. Pardon de rentrer dans les détails, mais je veux absolument rester factuel,  comme cette revue me l’appris à l’être : mon sexe n’a pas augmenté de taille. Mais étant donné la taille de départ, le contraire aurait plutôt été une malédiction qu’un miracle.


J’ai couru ensuite pendant 5 heures d’affilée dans la campagne, par monts et par vaux, sans transpirer.
Dans le creux d’une vieille souche, au pied d’un arc en ciel apparu lorsque je suis sorti de chez moi, j’ai trouvé une marmite pleine de Napoléons.

En rentrant chez moi, je consulte mes mails : le New England Journal of Medicine m’annonce qu’un article que je n’ai pas écrit, mais dont je suis le premier et seul auteur va paraître prochainement.

Dimanche, après la quatrième prise, j’ai mis au monde un superbe garçon de 3.250 Kg. Je n’ai pas eu mal.

 

Je crois que je vais augmenter la posologie et passer à 7.5 mg, 2 fois par jour.

 

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J’espère que je vous ai fait rire. Bien entendu, je n'ai pas pris d'ivabradine (tout comme mes patients chez qui je n'en prescrirai pas avant de lire une étude concluante).


Et bien, j’ai à peine été caricatural, l’article de Consensus Cardio News est de cet acabit.
Bien entendu, il est financé par le laboratoire français qui commercialise cette molécule.
En tête de l’article, la photo de Kim Fox, le premier auteur de BEAUTIFUL, un scientifique respecté. Mais rien d’indique qu’il soit l’auteur de cet article quasi mystique.

D’ailleurs, je vous rappelle ses propres termes (au cours d'un échange avec un membre du site theheart.org) :

«This trial failed its primary end point in BEAUTIFUL, and the conclusions that we can draw regarding the reduction in fatal and nonfatal MI are to a great extent hypothesis generating, they're reassuring, but they're not definitive, I'm not going to argue with that. ».

Pour les non anglophones, « failed » signifie « a échoué »

Je vous rappelle les conclusions des auteurs de l’article du Lancet :

«Reduction in heart rate with ivabradine does not improve cardiac outcomes in all patients with stable coronary artery disease and left-ventricular systolic dysfunction, but could be used to reduce the incidence of coronary artery disease outcomes in a subgroup of patients who have heart rates of 70 bpm or greater.».

« …ivabradine does not improve …» : « l’ivabradine n’a pas amélioré… » [par rapport au placebo].
« could be used » : pourrait être utilisé [sous entendu, si un essai le confirme en prenant cette hypothèse comme critère principal].

Cet article de Consensus Cardio News est très bien fait. Il met en exergue le seul résultat positif pour l’ivabradine mis en évidence par l’étude. Bien entendu, il s’abstient de toute critique, notamment sur le fait que ces seuls critères positifs soient secondaires, et dans un sous groupe. C’est à dire, objectivement, et au mieux, qu’ils nécessiteraient d'autres études pour les confirmer.


Par contre, il met à côté de ce « "fait" » un autre bien moins discutable, mais issu d’une autre analyse de BEAUTIFUL: il existe un risque majoré chez les patients coronariens et avec dysfonction ventriculaire gauche ayant une fréquence cardiaque  supérieure ou égale à 70 bpm.

Bon bien sûr, la population étudiée dans cette étude ancillaire est tirée du groupe placebo, c’est à dire qui n’a jamais approché de près ou de loin un comprimé d’ivabradine. Mais en lisant rapidement, et en faisant un raccourci simpliste (c’est le but de l'article), on en vient rapidement à croire que l’ivabradine est le médicament du millénaire.

L’essai BEAUTIFUL semble techniquement être une étude de qualité. Là n’est pas le problème. Il se situerait plutôt dans les commentaires que l’ « on » en fait, et de ce que l'"on" tente de lui faire dire.

Comme je vous l’ai dit, d’un essai négatif, on en a fait un succès majeur. La transformation de l’eau en vin se pratique donc encore…
Bien entendu, attendez-vous à voir la prescription de Procoralan exploser dans les semaines à suivre.

Maintenant, quid de l’orchidodynie ?
Et bien, en lisant ce supplément à ma table de travail, j’ai été pris d’un fou rire, et me suis renversé dessus mon café brûlant. Et je me suis brûlé les….
Enfin, vous voyez de quoi je veux parler !

Les épisodes précédents : ici et ici.