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23/11/2008

Grange Blanche et statistiques.

Aujourd’hui, je n’avais rien envie de faire, surtout pas travailler, ce qui aurait pourtant été nécessaire (rassurez-vous, pas pour aller voir des patients mais pour cette satanée accréditation, que Méphistophélès damne sa race à jamais).

Je me suis donc amusé à faire quelques statistiques sur Excel 2007 en récupérant les données fournies par Hautetfort sur Grange Blanche.

Depuis le 30 janvier 2005, j’ai écrit 1456 notes, soit en moyenne 30.98 par mois, qui ont généré 5024 commentaires.

Depuis le début, Grange Blanche a reçu 443178 visites, soit en moyenne 9634 visites mensuelles, dont 5393 visiteurs uniques.

Bon, bien sûr, comme je l’ai déjà dit, une grande partie de ces visites sont soit faites par des robots, soit par des humains qui ferment la page immédiatement la page. Selon Statcounter, environ 2/3 de ces visites durent moins de 5 secondes. A peine le temps de lire un mot !

Donc les chiffres sont bien plus impressionnants que le lectorat effectif de Grange Blanche.

C’est pour cela que la notion de  « blogueur influent » m’a toujours fait rigoler.

Pour donner une idée, une note telle que celle-ci, c'est-à-dire sans lien interne ni externe redirigeant vers elle, a été vue par 160 personnes depuis sa publication.

 

L’évolution des stats dans le temps est un peu plus intéressante.

Dans le graphique suivant, j’ai représenté le nombre de visites et le nombre de notes mensuelles en fonction du temps.

 

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Globalement ça monte, mais on voit que le début de l’année 2007 a été une période charnière ou la progression de l’audience s’est infléchie.

Les blogs sont devenus moins à la mode, moins de blogs médicaux se sont créés, certains ont disparu, donc forcément le trafic en a subit les conséquences. En effet, j’ai l’impression que nous nous lions bien plus que les blogs technos, peut-être car il n’existe aucune concurrence entre nous.

De mon côté, j’ai rédigé moins de notes. Mon record a été de 62 notes en janvier 2007 (je n’avais vraiment rien à faire à cette époque !).

Cause ou conséquence ?

Bonne question.

Je crois qu’en 2007, j’ai beaucoup écrit, un peu entraîné par l’explosion de l’audience. D’ailleurs, en général, les pics d’audience précèdent les pics d’écriture.

Depuis novembre 2007, mon audience est globalement stable, et cela me convient parfaitement. En toutes choses, je préfère la qualité à la quantité.

 

Je me suis amusé à calculer un index mensuel : nombre de visites/nombre de notes.

 

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Avant de voir les courbes, je pensais que cet index allait augmenter avec le temps, la notoriété de Grange Blanche et sa syndication.

En fait pas du tout, si l’on fait abstraction des pics liés à des épisodes de flémingite aiguë (par exemple 5 notes écrites en septembre 2005), cet index est remarquablement stable autour de 342.

Donc, plus j’écris, plus j’ai de lecteurs, et plus j’ai de lecteurs, plus j'écris, c’est logique et tout les bloggeurs l’ont expérimenté.

Par contre, par note écrite, je n’attire pas plus de monde.

Curieux. Vous avez des explications ?

Sinon, qualitativement, je n’arrive pas à parler de médecine plus de 43% du temps, ce qui est stable par rapport à août dernier où j’avais pourtant pris des résolutions pour augmenter cette proportion à 50%.

 

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D’un autre côté, c’est moi qui me fixe ces limites, et je crois que je vais encore faire preuve de ma proverbiale clémence envers moi-même. De toute façon, l'ensemble des statistiques du monde n'arriveront pas à mesurer le plaisir que j'ai à écrire ici régulièrement ainsi qu'à voir "vivre" Grange Blanche grace à vos commentaires.

 

Bon j’espère que je ne vous ai pas trop barbés.

De mon côté, j’ai appris à faire plein de trucs en faisant mumuse avec Excel.

 

Bonne soirée à tous !

17:09 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (7)

22/11/2008

Les journalistes aussi (bis).

J’avais loupé un autre article, toujours dans le même numéro du NYT.

Encore un problème de conflits d’intérêts potentiels dans les médias.

 

Un psychiatre très populaire aux EU a avoué sous la pression d’une enquête sénatoriale américaine avoir été payé près de 1.3 millions de dollars entre 2000 et 2007 par plusieurs firmes pharmaceutiques pour diverses prestations.

Jusque là, rien de bien extraordinaire.

Le problème est qu’il anime une émission sur la radio NPR depuis une dizaine d’années, où il parle bien sûr de psychiatrie mais aussi de traitements médicamenteux.

Or, son producteur nie avoir été au courant de ses liens avec l’industrie. Le psychiatre dément (mauvais jeu de mots).

NPR prend le problème très au sérieux et a suspendu l’émission.

 

Au cours d’une émission, ce psychiatre a déclaré “As you will hear today, there is no credible scientific evidence linking antidepressants to violence or to suicide.”

La même semaine, il a reçu 20000 dollars d’un laboratoire qui fabrique un antidépresseur, et qui d’ailleurs a des problèmes avec cette molécule, justement à cause d’une majoration des risques suicidaires.

Est-ce que cette information modifie sa crédibilité ?

A mon avis, oui.

 

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Radio Host Has Drug Company Ties

By Gardiner Harris

The New York Times

Published: November 22, 2008

Les journalistes aussi.

Un article du NYT publié aujourd’hui lève un tout petit coin de voile sur un sujet encore plus obscur que l’influence de l’industrie pharmaceutique sur les médecins : les liens liant cette dernière avec certains journalistes dits « médicaux ».

L’article du NYT fait lui-même référence à un texte publié dans le BMJ du jour (merci Yann !).

Ce dernier cite un certain nombre de conflits d’intérêts pour le moins fâcheux.

La principale chaire de journalisme médical aux Etats-Unis est financée notamment par Pfizer et Glaxo Wellcome. A tel point que le titre officiel du titulaire de cette chaire est « Glaxo Wellcome distinguished professor of medical journalism ».

Je rêve de voir en France une chaire de cardiologie avec à sa tête un « Professeur agrégé Sanofi-Aventis en pathologies cardio-vasculaires ».

Comme le dit suavement l’article du BMJ : “Although there is no suggestion that this sponsorship has influenced the university’s curriculum, we think that it could send a symbolic message to students and engender a subtle sense of loyalty to the industry.

"...a subtle sense of loyalty to the industry.”. J'adore cette expression qui montre toute la difficulté de reconnaître ces liens d'intérêts qui sont en effet insaisissables, intangibles, presque immatériels, sauf bien sûr dans les bénéfices qu'en escomptent les deux parties. Accepter de dîner avec l'industrie est bien sûr festif et convivial. Si vous interrogez les convives en fin de soirée, qu'ils soient médecins et journalistes, aucun ne reconnaitra l'existence de ce "sentiment subtil de loyauté envers l'industrie". Ce n'est même pas qu'ils le nient, ils n'en ont tout simplement pas conscience, contrairement à ceux qui les ont invités, soyez en certains.

 

Autre lien “curieux”, l’attribution de récompenses financées par l’industrie pharmaceutique.

Ma préférée est l’« Eli Lilly and Boehringer Ingelheim’s Embrace award » qui récompense, je cite en VO : « Global initiative that recognises accurate, responsible and sensitive reporting on urinary incontinence ».

Une sorte de Prix Albert Londres de l’incontinence urinaire, en somme. Je suis curieux de savoir à quoi ressemble le trophée : une couche en cristal ?

La valeur marchande des différentes récompenses données en exemple par le BMJ s’élève jusqu’à 7500€ (en liquide, ou en voyages).

Et en France ?

Rien, bien sûr.

Toutes ces vilaines pratiques se sont fort heureusement arrêtées aux frontières, comme le nuage de Tchernobyl.

 

°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

 

Conflicts of Interest May Ensnare Journalists, Too

By Roni Caryn Rabin

The New Yok Times

Published: November 22, 2008

 

 

Who’s watching the watchdogs?

Schwartz et al. BMJ.2008; 337: a2535

Big my secret

09:07 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (4)

21/11/2008

Créer une maladie.

J’ai évoqué durant l’émission de France Inter le disease mongering, ou l’art de « créer » une maladie. J’ai cité comme exemple le rimonabant (Acomplia®) dont j’ai déjà abondamment parlé.

D’abord, je vais faire un petit historique rapide de cette molécule :

 

  • 1994 : première mention du rimonabant dans Pubmed.

 

  • Septembre 2004 : Etude RIO qui marque le véritable début de sa carrière

 

Le rimonabant a obtenu une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) dans le traitement des patients obèses (indice de masse corporelle [IMC] ≥ 30 kg/m2) ou en surpoids (IMC > 27 kg/m2) avec facteurs de risque associés, tels que diabète de type 2 ou dyslipidémie, en association au régime et à l’exercice physique. Il n’a pas été étudié et ne doit pas être prescrit dans d’autres indications (lutte contre la prise de poids liée au sevrage tabagique, amincissement à des fins esthétiques…).

 

  • 13 juin 2007 : la FDA refuse sa commercialisation aux Etats-Unis.

 

  • 23 Octobre 2008 : Suspension de son AMM en Europe.

 

L’AMM stipule bien l’indication élective de ce traitement : obésité ou surpoids et diabète ou dyslipidémie. Ces différents composants font partie peu ou prou de ce que l’on appelle « syndrome métabolique », ou « syndrome X ».

Comme je l’ai dit, dans les années 90, à la fac, on nous avait à peine mentionné cette association, qui d’ailleurs a une définition assez fluctuante.

Depuis lors, je n’en avais plus entendu parler, en tout cas en tant que facteur de risque de pathologies cardiovasculaires. D'ailleurs, personne n'en parlait, puisqu'il a fait l'objet de zéro publication entre 1951 et 1991, puis moins de dix publications par an jusqu'en 1998.

Puis le rimonabant est sorti.

Et là , tout le monde s’est mis à en parler, aussi bien dans des revues scientifiques sérieuses que dans les revues de publicité rédactionnelle que nous recevons régulièrement.

D’un seul coup, le syndrome métabolique est devenu un facteur de risque majeur qu’il fallait à tout prix prendre en compte et traiter. On l'a même renommé "syndrome cardiométabolique" à cette occasion, afin peut-être qu'il fasse un peu plus peur.

 

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Nombre de publications indexées dans Pubmed en réponse à la recherche cardiometabolic, en fonction du temps (années de publication).

 

 

Et devinez quel était le seul traitement de cette entité subitement tirée de l’oubli : le rimonabant.

"Curieusement", depuis que ce dernier n’a plus le vent en poupe (ça a commencé à partir du refus d'AMM par la FDA) le nombre de publications a reflué de façon tout aussi impressionnante qu’il avait enflé.

La notion de « graisse abdominale » (abdominal fat) qui a été aussi au cœur de la campagne de communication entourant le rimonabant a eu à peu près le même destin. Quoique, comme vous pouvez le remarquer sur le shéma, même avant la lancée du rimonabant, on en a toujours un peu parlé, puisque Pubmed recense 1071 articles publiés sur ce sujet entre 1951 et 1990.

Je pense aussi que le génie de cette campagne de promotion tient au fait que le laboratoire a suscité finalement très peu de recherche sur la molécule en elle même (cf les courbes associant la recherche associée ou non du mot clé rimonabant). Quand on connait in fine l'efficacité de cette dernière, on en conclut que du point de vue du laboratoire, cette stratégie a été très pertinente. En effet, "promouvoir" une "maladie" est bien moins risqué que d'étudier directement les effets de la molécule qui est supposée la traiter. On minimise ainsi le risque d'avoir des études avec des résultats négatifs, voire inquiétants. Malheureusement pour le laboratoire, et heureusement pour les patients, cela s'est pourtant produit assez rapidement au cours du suivi de la phase IV, c'est à dire après commercialisation. Encore une fois trop tardivement, me direz-vous, et je ne peux être que d'accord.

 

 

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Nombre de publications indexées dans Pubmed, en fonction du temps (années de publication).

 

Comment expliquer de telles fluctuations dans le nombre de publications concernant un obscur syndrome qui est devenu pendant deux ans un acteur majeur de la prévention cardiovasculaire ?

  • Aurait-on donc absolument tout trouvé, tout expérimenté, tout démontré sur le syndrome métabolique durant cette courte période, de telle façon qu'il ne reste plus rien à publier ?
  • Est-ce la physiologie humaine qui s’est modifiée au cours des années 2005-2007, ce qui a fait qu’un nouveau déterminant des pathologies cardio-vasculaires est apparu, puis a disparu ?
  • Ou est-ce la conséquence d’une stratégie commerciale très bien menée qui a monté un « buzz » scientifique autour d’un syndrome mal identifié et dont la valeur n’excède pas la somme de ses composantes, mais dont l’immense intérêt était d’être traité par un médicament bien spécifique ?

 

Je penche pour cette dernière hypothèse. Dommage que la molécule n’ait pas été à la hauteur de la remarquable campagne publicitaire qui l’a entourée.

20/11/2008

Pubmed et mondialisation.

Je suis tombé sur cette très intéressante note de Gaëtan consacrée à la place du français dans Pubmed.

Comme Gaëtan l’a parfaitement mis en évidence, le nombre d’article publiés en français s’est effondré au cours des cinquante dernières années.

Bien sûr, cela ne reflète pas ou peu l’évolution de la recherche en France et dans les pays francophones. La plupart de nos chercheurs publient en effet en anglais, à partir d'un certain niveau.

Je me suis quand même demandé ce qu’il en était d’autres langues européennes : français (FR), italien  (ITA), allemand (GER), espagnol (SPA) ainsi que du chinois (CHI).

J’ai donc utilisé la même la même méthodologie que Gaëtan, j’ai simplement omis les années antérieures à 1951 et postérieures à 2005.

 

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Nombre de publications scientifiques en valeur absolue dans Pubmed, selon la langue de publication, et en fonction du temps.

 

 

 

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Idem en pourcentages.

 

 

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Idem, anglais inclus.

 

 

Comme vous pouvez le constater, l’allemand, l’italien, et l’espagnol s’effondrent de la même façon que le français.

La progression de la langue chinoise est remarquable. Inexistante avant les années 80, sa présence augmente à un tel point qu’elle dépasse maintenant chacune des quatre langues européennes que j’ai étudiées.

Maintenant, si l’on rajoute l’anglais, il faut changer d’échelle tellement sa domination est écrasante. Elle le devient même de plus en plus puisque sa part passe de 46% dans les années 1951-1955 à 90% dans les années 2001-2005.

Ces pourcentages et leur progression au cours des cinquante dernières années montrent tout d’abord que l’anglais est devenu la seule langue véhiculaire scientifique. Mais je pense qu’ils sont aussi le reflet de l’effondrement de la diffusion des revues nationales scientifiques et médicales publiées en ce que l'on peut appeler des langues vernaculaires.

Et la langue chinoise dans tout cela ?

Je pense que l’explosion de son emploi est bien sûr corrélée à l’immense population chinoise,  qui fait de cette langue vernaculaire une langue véhiculaire de facto, mais aussi à l'ouverture croissante de la Chine aux sciences médicales. J'y vois aussi et surtout le signe qu’il faudra très bientôt compter sur une recherche scientifique chinoise de haut niveau. Et bien sûr, après une certaine période de latence, les scientifiques chinois passeront rapidement du mandarin à l’anglais pour diffuser leurs travaux.

23:03 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)

Pom pom pom pom (suite)

Le podcast de l’émission « Service Public » de ce matin sur Radio France, au cours de laquelle a été diffusée ma petite intervention de lundi dernier sera disponible quelques jours ici. Le streaming est (format Real Player).

 

 

18/11/2008

Un nouveau métier.

Hier, j’ai découvert un nouveau et stupéfiant métier.

Importateur de médecins.

 

Evidemment, je caricature, mais permettez-moi de faire pour une fois un peu de sensationnalisme.

 

J’ai eu au téléphone un homme tout à fait charmant et intelligent qui désirait me connaître après avoir lu cette note (ce n’est pas parce que je sais dorénavant que vous me lisez que j’écris cela).

 

Il a monté il y a 3 ans une société qui facilite l’implantation de médecins de la CEE au sein de zones rurales dévitalisées. Il va voir les médecins sur place (Allemagne, Bulgarie, Roumanie, Belgique), fait une évaluation de leur sérieux (en dehors de leurs capacités professionnelles, m’a-t’il bien précisé) et si ils sont aptes, il les présente à des élus désireux que leur population puisse avoir accès à un médecin.

 

Sa société est rétribuée par les collectivités locales, et depuis 3 ans a facilité l’implantation d’une quarantaine de médecins étrangers.

 

Il est bien sûr encore un peu trop tôt pour se faire une idée correcte du taux de réussite de ce genre très particulier et très délicat de greffe.

 

En tout cas, c’est encore un signe, que comme le dit très bien le toubib, nous allons droit dans le mur.

Mon interlocuteur a utilisé la fameuse métaphore du désespéré qui vient de sauter d’un immeuble et qui se dit, arrivé au second que tout va bien pour l’instant pour illustrer l’attitude des pouvoirs publics.

 

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Source: Atlas démographique médical 2008-CNOM.

C’est dans cette même note qu’un maire a lancé un SOS dans les commentaires (SOS que j’ai repris ici).

 

Et ces signes de délitement de notre tissu sanitaire s’accumulent.

 

Il y a quelques semaines, j’ai reçu un mail qui m’a stupéfié.

 

Un fonctionnaire d’une PMI (Protection Maternelle et Infantile) d’un Conseil Général dont je tairai le département m’a adressé ce message :

 

« Bonjour,

 

Suite à la visite de votre Blog, je me permets de solliciter votre avis de professionnel.

 

http://grangeblanche.hautetfort.com/archive/2006/02/11/re...

 

Dans le cadre de nos opérations de recrutement, nous rencontrons énormément de difficultés à pourvoir nos postes de médecins (exemples de profil ci-joint). Ainsi, nous envisageons une opération de communication type "petit déjeuner" autour de nos fonctions au service du public usager et de la médecine. Quelle approche envisager pour attirer le plus possible de médecins à cet événement ? Peut-on s'appuyer sur l'ordre des médecins ou toutes autre organisation [sic] pour nous fournir une liste des praticiens ? A quel moment de la semaine, de la journée il est préférable d'organiser un tel événement ?

 

 

Je reste à l'écoute de vos conseils et remarques,

 

Vous remerciant d'avance,

 

Bien cordialement »

 

 

Si cela se trouve, dans quelques années, ce ne sera pas de soigner les gens qui motivera en premier les jeunes qui aspirent à devenir médecin, mais simplement d’avoir pour eux et leur entourage un accès correct aux soins.

C’est terrible, mais il m’arrive parfois de me faire cette réflexion, sans ironie ou cynisme.

 

Etonnant, non ?

Non, effrayant.

11:35 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (13)

Gomorra.

J’ai terminé ce roman de Roberto Saviano hier au soir.

 

Mon impression est un peu mitigée.

Contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit pas d’un roman, mais d’une énumération de trois cent cinquante six pages de faits sur la camorra. C’est un peu longuet…

D’un autre côté, si l’on va au-delà de cette présentation austère, on découvre l’étendue de l’emprise des clans camorristes sur la région napolitaine, et la taille de leur empire qui s’étend jusqu’à Aberdeen.

On y trouve quelques morceaux de bravoure.

Les gamins qui passent un rite d’initiation pour leur entrée dans la camorra, afin d’éprouver leur courage : on leur fait porter un gilet pare-balles et on leur tire une rafale de pistolet mitrailleur dessus.

Un parrain qui se fait construire une villa luxueuse dont les plans et la décoration intérieure sont les mêmes que la villa de Tony Montana dans le Scarface de Brian de Palma.

Quatorze mille six cent mètres, avec une base de trois hectares : la taille estimée du monceau d’ordures parfois hautement toxiques « traitées » illégalement par la camorra, c'est-à-dire enterrées, balancées dans la mer, ou brûlées, en dépit de toutes les règles communautaires. Un véritable génocide écologique.

« A la mondragonese ». Ce n’est pas une façon d’accommoder les pates, mais de se débarrasser d’un corps : on le jette dans un puits en pleine campagne, et on y balance ensuite une grenade. Le corps est réduit en bouillie et enseveli sous des tonnes de terre.

Depuis la publication de ce roman, Saviano vit sous protection policière, traqué par les clans de la Camorra.

 

 

Gomorra. Dans l’empire de la camorra

Roberto Saviano

Editions Gallimard.

 

08:13 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (1)

17/11/2008

La vieillesse est un naufrage…

Et la polymédicamentation un iceberg.

 

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A 75-80 ans on peut avoir beaucoup de problèmes de santé, c’est indéniable.

Mais comment expliquer et justifier une telle ordonnance ?

Le patient était tellement abruti par ce cocktail qu’il est tombé de sa hauteur, et s’est fracturé le col du fémur. Ce monsieur a donc été mon second transfert récent dans un service d’urgences.

Vingt lignes de médicaments, 33.5 comprimés, pilules ou sachets à prendre par jour.

Il faut rajouter à cette liste de la vitamine K en gouttes, prescrite pour antagoniser un INR supérieur à 6 le matin même de la chute qui s’est produite en début de soirée.

Vous remarquerez la superbe association previscan/plavix/kardégic, dont nous sommes,  il faut l'avouer, nous les cardiologues, uniques responsables.

Que dire aussi de l'association anxiolytiques/antidépresseurs/anti-épileptiques (il a effectivement fait une crise comitiale sur une séquelle d'AVC ancien)/anti hypertenseurs ?

En somme, tout pour tomber lourdement et saigner abondamment.

Une vraie potion du diable.

17:56 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (14)