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13/04/2007

L’espace temps.

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Petit résumé de ces 4 jours pris pour Pâques.

Avec ma petite famille, nous sommes partis en Partner (au volant, j’ai l’impression de piloter le Nostromo, par rapport à ma relativement plus nerveuse petite Yaris, d’autant plus que derrière gigotent constamment 2 petits « aliens ») pour explorer la région de Carcassonne et les Cévennes.

Carcassonne à cause du Château comtal (en fait vicomtal) et des murailles. En effet, même si cela fait la troisième fois que nous visitons la "Citée", les petits sont en pleine période chevaliers/châteaux et ils nous réclament à longueur d’année d’aller voir « le Château de Carcassonne ».

Nous avons ensuite visité la superbe abbaye cistercienne de Fontfroide. Elle appartient à une famille d’anciens vignerons et négociants en vin de la région de Béziers. Lovée dans une vallée couverte de chênes, de pins et de thym sauvage en fleur, cette abbaye est absolument magnifique.

Je vous recommande aussi les petits pains d’épice (4 parfums : figue, citron, orange et nature) en vente à la boutique, ils sont à se rouler par terre.

 

Ensuite, changement de décor.

Direction les Cévennes, à Anduze plus précisément.

La ville en elle-même n’a pas d’intérêt fabuleux, hormis son cadre : une vallée taillée dans des masses rocheuses impressionnantes et plissées, ou serpente une petite rivière, le Gardon.

Mais c’est un point de départ idéal pour découvrir les Cévennes.

A ne manquer sous aucun prétexte : la ligne de chemin de fer touristique qui relie Anduze, la bambouseraie (j’y reviendrai) et Saint Jean du Gard.

Des passionnés adorables font revivre de vieilles loco à vapeur et diesel.

L’impression de vie que dégage une loco à vapeur est réellement stupéfiante.

La « bête humaine » n’a pas usurpé son surnom.

Pour ne rien gâcher, les paysages traversés sont superbes.

Enfin, pour un dépaysement total, il ne faut manquer à aucun prétexte la Bambouseraie du domaine de Prafrance.

Vous lirez son histoire sur son site, mais ce lieu est magique.

En plein pays cévenol, vous vous retrouvez dans une forêt de bambous, à arpenter un village laotien. On y trouve quelques séquoias et même un magnifique jardin japonais. Les explications sont claires et nettes, et après 1h45, vous saurez tout sur le bambou, plante injustement peu connue en Europe.

C’est vraiment un havre de paix et de fraîcheur ou les bambins peuvent gambader et admirer les bassins ou nagent paresseusement quelques carpes Koï.

Pas très loin, mais on ne l’a pas fait cette année, je vous conseille vivement le Musée du Désert. Ce musée, situé dans un hameau de pierres, perdu au milieu de nulle part retrace les persécutions dont ont été victimes les huguenots.

Même si vous n’êtes pas protestant ou croyant (c’est mon cas), ce musée est didactique et émouvant. Encore un endroit qui montre que la tolérance doit être une lutte de tous les instants.

 

Dans Anduze, nous avons mangé à l’Establet (1 place du 8 Mai 1945 30140 Anduze. 04 66 61 64 50). Menu très rustique (charcuterie cévenole, saucisse d’Anduze et frites, tarte tatin pour moi par exemple) mais excellent et à un prix très raisonnable pour la qualité (17.50 euros).

 

Enfin, dernière étape, mais à éviter, celle là, le musée du bonbon Haribo près d’Uzès.

Je ne suis pas rentré, j’ai gardé le petit Thomas qui faisait une sieste, mais Sally m’a dit qu’il ne valait pas le détour. On y distribue bien quelques sacs de bonbons et la boutique est énorme, mais le musée semble avoir très peu d’intérêt.

En gros, y aller uniquement pour refaire ses provisions, pas pour y apprendre quoique ce soit sur la fabrication des friandises.

 

 

 

 

 

 

 

(image empruntée à Wikipedia, dans l'article "Bambouseraie de Prafrance")

12/04/2007

La réunion.

  • Bonjour, merci à tous d’être présent à cette réunion voulue par la nouvelle direction. Comme vous le savez, cette dernière, dans sa grandeur et son infinie sagesse désire mettre à plat, toutefois sans les toucher, vos pratiques médicales et préparer l’ensemble de l’établissement à la V2. Je vous rappelle que la prochaine réunion sur le codage du PMSI aura lieu tout à l’heure de 11h00 à 13h00. Exceptionnellement, nous allons reporter le staff pluridisciplinnaire bi-hebdomadaire du jour à demain, de 9h00 à 11h45, juste avant la CME qui se tiendra de 12h00 à 17h55. La semaine prochaine sera un peu moins chargée avec une réunion devant porter sur la validation des EPP mardi de 14h30 à 16h00. Chaque sous-commission se réunira par la suite, sur la fin d’après midi et probablement une partie du lendemain avec dans l’ordre d’apparition le CLIN, le CLUD, le CRUQ puis le CHSTC et enfin le CSSI.

 

  • Et, quand est-ce que l’on voit les patients ?

 

  • Qui ?

 

 ......

 

 

Je reprends conscience l’esprit embrumé. J'ai faim.

Ce n’était pas un mauvais rêve.

Entouré par un brouhaha de paroles vides, je regrette l’époque ou l’on nous demandait seulement de soigner les gens.

Je suis médecin, pas "marathoréunien".

 

 ............................................

 

Edition du 13/04/07 :

 

Un sympathique et attentionné lecteur m’a fait remarquer que le lien qui dirige vers le site de Castres-Mazamet permettrait aisément de m’identifier, car il n’y a qu’un seul cardiologue qui fasse aussi les soins intensifs.

Avant de lui envoyer des lettres d’insultes, sachez que:

  • Ce n’est pas moi.
  • Je n’ai jamais mis les pieds à Castres ou Mazamet de ma vie.
  • Je ne fais plus de soins intensifs cardiologiques depuis la fin de mon assistanat.

 

Donc pitié pour un innocent !

 

08:35 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)

11/04/2007

Havidol.

J’ai découvert cette œuvre d’art, grâce à l’excellent blog du petit Docteur.

Vous allez comprendre pourquoi je pense qu’il s’agit d’une œuvre d’art.

L’artiste australienne Justine Cooper a imaginé une composition se déclinant sur plusieurs supports : vidéo, site web, sculptures et même objets dérivés.

Cet ensemble tourne autour d’un produit miracle, mais totalement imaginaire, l’Havidol.

Il mime et plagie à merveille l’arsenal promotionnel qui entoure un produit pharmaceutique réel.

Ici, l’objet caricaturé est le produit pharmaceutique.

Ce n’est pas une simple pilule, et la promotion faite autour de ce produit, n’est pas une simple campagne publicitaire.

Faute de pouvoir sortir des molécules qui ont un rapport risque/bénéfice favorable, les laboratoires veulent vendre du rêve aux gens.

Du rêve, et pour être plus précis, de petites pilules qui auront pour vocation de corriger de petites imperfections liées à la nature humaine.

Vous n’arrivez plus à bander ? Vous avez parfois des coups de déprime, notamment après un deuil ? Vous vous sentez fatigués ?

Vous voulez être meilleur ? Tendre vers une jeunesse allongée ? L’industrie est là pour vous aider.

Sa critique dépasse largement celle que je pratique souvent, c'est-à-dire celle de certaines pratiques de l’Industrie.

Elle s’attaque à une quête perpétuelle vers le mieux être qui va largement au-delà du traitement des maladies.

Il est naturel de rechercher le mieux être, c’est même inscrit dans les textes fondateurs de l’OMS. Ce qui l’est moins, c’est l’utilisation qui en est faite par certaines campagnes de promotion des médicaments.

La campagne caricaturée n’est pas habituelle à nos yeux, puisqu’il s’agit d’une publicité directe destinée aux consommateurs. Ce type de publicité est pour l’instant formellement interdit dans notre pays.

Toutes ces publicités se ressemblent : des modèles resplendissant de santé pour représenter des malades souvent graves (les dépressifs ont l'air heureux et les insuffisants cardiaques évolués nagent comme Ian Thorpe).



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Des questionnaires qui vous font rendre compte que vous êtes malades. Certaines compagnies n’hésitent pas à gréer des maladies pour mieux vendre des médicaments a priori sans indication (le « disease monggering » : ici, ici et ici). De préférence, ces « maladies » doivent avoir des noms complexes, si possible sous forme d’acronyme, ça fait plus peur.

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Et parfois, fin du fin dans un pays ou les traitements coûtent très chers : 30 jours gratuits à l’essai.

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Revenons à l’œuvre de Justine Cooper.

Loin d’être une caricature balourde, la campagne promotionnelle de l’Havidol ne s’en différencie que d’un delta. Tout se situe là, dans ce delta qui sépare l’objet et sa caricature.

C’est lui qui fait réfléchir puisque surgit le doute sur l’existence du produit. Croire ne serait-ce qu’un seul instant qu’une telle molécule miracle existe rejette le ridicule de la caricature sur certaines campagnes.

Un seul exemple : le slogan du produit.

Des deux phrases qui suivent, quelle est celle de la caricature, et quelle est celle du produit caricaturé ? Quelle est la vraie ? Quelle est celle qui semble tout droit sortie d’un roman de Orwell ?

« When more is not enough »

« Feeling Better is Not Enough »

La réponse ici:

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C’est la réflexion qui fait l’œuvre d’art.

Et ici Justine Cooper nous fait réfléchir clairement sur le sujet, et avec probablement bien plus d'impact qu'un long article publié dans PLoS.

Ne riez pas, ce type de publicité devrait débarquer un jour ou l’autre chez nous. L’industrie fait tout pour.