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14/10/2007
Inspirations
La Chine est partout, même sur le marché de l’art contemporain.
« Execution » de l’artiste Yue Minjun, né en 1962 a atteint l’enchère record de 4 210 300 euros vendredi dernier chez Sotheby’s.
Execution
Yue Minjun
Cette œuvre semble faire référence aux évènements de Tienanmen. Je dis « semble », car elle a été vendue comme telle, mais l’artiste a minimisé cette relation au cours d’un entretien téléphonique avec CNN (il vit toujours en Chine…).
Un premier acheteur l’avait achetée pour environ 22000 euros à une galerie à Hong-Kong vers la fin des années 90.
Si la filiation avec les évènements de Tienanmen est (diplomatiquement) incertaine, celle avec les deux œuvres suivantes est incontestable :
L’exécution de Maximilien (Manet. 1867)
Tres de Mayo (Goya. 1814)
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"It's nice to be in a place where people have money, and are willing to spend it."
Le marché de l'art est depuis toujours une girouette qui indique le sens des flux financiers internationaux et donc ou se trouve le pouvoir.
Cours de l'action Sotheby's (Source: Big Charts). On peut y lire la prospérité des années 96-99, puis l'éclatement de la bulle internet et enfin l'irrésistible montée depuis 2003. J'imagine que cette dernière est essentiellement due à la croissance en Asie.
Indice du marché de l'art (Source: Boursorama)
Il est assez probable que l'acheteur soit asiatique, voire chinois étant donné le caractère transgressif très spécifique de cette oeuvre. Cette vente est donc aussi probablement un des (nombreux) indices qui tendent à montrer la formidable ascension de l'Asie. Il va donc falloir s'habituer (et se préparer) à la domination de L'Asie et notamment de la Chine sur un nombre toujours plus important de domaines.
L'Europe (XVème-début XXème), les EU (début XXème-début/milieu XXIème), l'Asie (Début/milieu XXIème-?).
Chacun son tour (A quand l'Afrique ??).
Pour donner une idée du dynamisme asiatique, le graphique suivant compare l'évolution d'une SICAV française basée sur des valeurs chinoises et du CAC 40 depuis le 01/01/07:
Bien sûr, je suis intimement persuadé que "plus dure sera la chute" et qu'une bulle est destinée à éclater, mais ce petit graphique résume assez bien, quoique très partiellement la situation actuelle.
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L’aurais-je achetée ?
C’est toujours la question que je me pose devant une enchère record d’art contemporain.
L’aurais-je achetée si je l’avais vue chez un galeriste et si elle avait été dans mon budget ?
Mon record personnel est de 4000 euros pour « relation amoureuse » de Bernard Giraudi (170*100 cm), mais en moyenne je consacre 1555 euros à l’achat d’une œuvre.
Je dépensais bien plus quand j’étais assistant-chef de clinique. Depuis que je suis en libéral, avec des revenus supérieurs mais aussi une imposition bien plus lourde, je suis (bien obligé) d'être beaucoup plus sage.
Depuis le premier janvier 2007, mon budget « art » a été de 1900 euros.
L’aurais-je donc achetée ?
Et bien non.
Je trouve les visages hilares intéressants (c’est la marque de fabrique de Yue Minjun), mais cette œuvre ne me parle pas du tout.
Heureusement que je n’ai pas choisi d’être galeriste ou courtier en art contemporain ! Pourtant, cela ne m’aurait pas déplu.
Par contre, j'aurais volontiers craqué sur un tableau de Jack Vettriano ou même Edward Hopper.
En ce moment, je suis attiré par l’œuvre de Maurice Tan qui va bientôt être exposé sur Paris à l’« Addict Galerie ». Je n’ai absolument aucune idée du prix des toiles (d'aillleurs, si l'un de vous a une idée...) et si elles sont à ma portée (du moins les petits/moyens formats) mais j’ai bien envie de me faire un petit séjour sur Paris pour y faire un tour.
08:30 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (6)
11/10/2007
Le dire, ou pas.
Faut-il dire à un patient qui vient de faire son premier syndrome coronarien aigu que cela risque de se reproduire ?
En théorie, cela ne se discute pas, c’est oui.
Pour agir rapidement en cas de nouveaux symptômes, pour que le suivi soit optimal, c’est à dire poursuivi même si tout va bien, et aussi pour que le patient soit à même de comprendre sa pathologie, la réponse est définitivement oui.
Alors, pourquoi personne ne le fait en hôpital ou en clinique ? Pourquoi personne n’éclaire le patient sur sa pathologie ?
Pourquoi personne ne leur dit que la coronaropathie est une maladie chronique avec des phases aiguës et non une maladie aiguë qui ne reproduira plus jamais, comme la rougeole ?
En général, quand je les vois en clinique en réadaptation après la phase aiguë, je suis le seul à leur parler d’une éventualité de récidive (je fais un syndrome de Calimero). Donc assez souvent, je me retrouve à aborder ce sujet en parlant aux patients lorsque je les mets en garde en cas de récidives de douleurs… Et assez souvent, il faut bien le dire, ils tombent de très très haut, puisque personne ne leur a dit que ça pouvait recommencer.
Pensez donc, j’ai un ressort, ça ne peut pas se reboucher…
Je me suis donc fait la réputation d’être le Dr House de service. Pour plaisanter, les infirmières prennent la grosse voix quand j’arrive et disent la phrase supposée être mon leitmotiv : « Madame/Monsieur, vous allez mourir… ».
Aujourd’hui, ça a été le pompon.
Je discute avec une famille en l’absence de la patiente. Je leur explique les signes d’alerte qui doivent faire appeler le SAMU.
La patiente déboule dans sa chambre un peu plus tard puis me rejoint avec sa fille. Elle me joue la grande scène de l’acte I en me clamant que si ça devait recommencer, elle aurait plutôt préféré mourir de son infarctus, que je l’avais inquiétée…
Après, je n’est pas été très fin, je l’avoue…
Je lui ai dit que j’avais dit des bêtises, qu’elle devait m’excuser, qu’elle était en fait immortelle grâce aux stents et qu’elle mourrait au delà des 130 ans, par lassitude. Elle est repartie dans sa chambre comme une diva. Sa fille m’a dit que j’avais bien fait de lui mettre les points sur les i. Malheureusement, j’ai payé ma franchise car elle a fait durant toute l’après midi une grosse crise d’angoisse avec douleurs précordiales, sueurs et tension artérielle systolique à 240. Je suis allé la voir pour la rassurer.
Elle m’a alors dit « qu’elle ne m’en voulait pas, et que je n’aurais pas du lui raconter tout ça car elle était consciente de son état ». J'ai trouvé ce "pardon" stupéfiant, mais je n’ai préféré rien dire et j'ai calmé sa crise par un cocktail atarax+loxen.
Bilan des courses : une patiente au fond du lit, 1 heure de perdue et une réputation de Dr House au plus haut.
Tout va bien…
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Petit ajout : aujourd’hui, je n’étais peut-être finalement pas en grande forme.Un couple, la quarantaine, est venu me voir à peu près au même moment.
Monsieur a fait un infarctus. Et ils sont très inquiets tous les deux.
Devant pas mal de monde, c’est à dire l’aide soignante et l’infirmière, Madame évoque d’emblée sa vie intime, en précisant que personne ne leur avait parlé de ça avant.
Sexe en post infarctus, problème délicat.
J’ai un peu traité le sujet à la hussarde.
Me tournant vers Monsieur : « vous faîtes du vélo en rééducation ? ».
Monsieur : « 20 minutes, deux fois par jour ».
Me tournant vers Madame : « Et bien, c’est pareil. Donc vous pouvez avoir une activité sexuelle ! ».
Ils ont alors rigolé.
J'ai alors fugitivement pensé à ce célèbre toast des Hussards : « A nos chevaux, à nos femmes, et à ceux qui les montent ! »
20:30 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (14)
Les meilleurs chirurgiens savent ne pas opérer.
Je suis depuis 2004 une patiente diabétique et polyvasculaire de 78 ans.
Quand on s’est connus, j’avais fait dilater son artère iliaque externe droite pour une claudication intermittente.
Depuis lors, elle cavale en ville et mes contrôles döppler sont satisfaisants.
Au cours de l’été, elle se plaint soudain d’une claudication intermittente assez serrée (stade de Leriche IIb).
Je fais un döppler : occlusion de la fémorale superficielle droite avec une mauvaise reprise poplitée et sténose serrée de la fémorale superficielle gauche distale. Les IPS sont à 0.6 au repos.
Je documente le tout en vue d’une intervention (examen fonctionnel des coronaires parfait, test de marche confirmant la sévérité des symptômes, döppler TSAO satisfaisant, bilan biologique satisfaisant) et je l’envoie à un PH de chirurgie vasculaire que je connais bien (je fais des döpplers dans le service).
J’avoue que la perspective d’une intervention ne m’enchantait pas, mais son périmètre de marche était vraiment serré.
Puis de façon assez inattendue, elle se remet progressivement à trottiner comme avant.
Je maintiens le rendez-vous pour voir ce que le chirurgien va en penser.
Elle y va, et il opte pour la poursuite du traitement médical, et une réévaluation dans 3 mois.
Son idée est qu’elle ouvre progressivement ses collatérales, et que son artériopathie se compense doucement. Etant donné son âge et ses co-morbidités (qui ne sont pas majeures, toutefois), il préfère surseoir à l’intervention.
J’applaudis des deux mains, mais c’est vrai que c’est difficile de le faire avec une seule…
Je l’ai revue en consultation lundi dernier, tout va bien.
Je me suis alors demandé combien de chirurgiens auraient opté pour cette prise en charge non invasive.
Probablement assez peu, et encore moins dans le privé.
Je ne diffame pas, je le constate tous les jours à l’hôpital et en clinique. Je n’ai aucun parti pris, je travaille dans les deux secteurs, bien que par mon éducation, je sois très attaché au service public. J’envoie donc mes patients indifféremment en clinique ou à l’hôpital en fonction de leurs désirs et de ce que je sais de leur prise en charge future.
A l’hôpital, je suis certain que le côté financier ne rentrera pas en compte, et que le patient sera « cadré » (parfois un peu trop, pour faire de la « science »…) mais par contre le service public n’arrive pas à la plante des pieds du privé pour son efficacité et l’hôtellerie. C’est un peu caricatural, il y a pas mal d’exceptions mais c’est quand même un peu ça.
Combien de fois j’ai vu/je vois des chirurgiens ou des cardiologues interventionnels (privés et publics) faire un acte, au « mieux » pour faire plaisir au correspondant ou faire de la science, au pire pour leur enrichissement personnel ?
Le choix d’un cardiologue traitant doit aussi se faire en fonction des gens avec qui il travaille.
C’est même presque le critère plus important.
10:30 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)