07/04/2005
Le Petit Prince
J’ai acheté ce petit livre dans le courant de l’été 1997, dans le grand magasin « Ogilvy », rue Sainte Catherine, à Montréal.
J’avais déjà lu une partie de l’œuvre de Saint-Exupéry, quelques années auparavant.
Mais pas le « Petit Prince ».
Cet récit est aussi court et limpide que touchant.
Il décrit la Vie humaine, à la fois sublime et ridicule, avec un trait net et désarmant de simplicité.
Si simple, pourtant si vrai.
« …Que signifie « apprivoiser »?
-C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens... »
-Créer des liens ?
-Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
-C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses. »
« On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux. »
22:59 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (3)
20/03/2005
Malevil.
Un autre de mes livres multi-lus.
Cet ouvrage de Robert Merle raconte l’existence précaire d’un groupe de survivants à un cataclysme nucléaire.
Par contre, je déteste le film
L’ouvrage a été écrit en 1972, année de ma naissance, en pleine guerre froide.
L’histoire est donc un peu démodée, à l’heure du bioterrorisme, « so seventies » dirait Lorenzo du Mercutio Club.
L’écriture est parfaite de simplicité, le trait est précis comme d’habitude chez Merle.
Le héros, Emmanuel Comte, prend la tête d’un groupe de survivants assez disparate (1 communiste, 1 athée, et 2 catholiques). Au début, il faut s’organiser pour survivre physiquement (semailles, entretien des quelques bêtes restantes…), mais aussi moralement (lecture de la Bible, le soir « au cantou », et ce malgré son athéisme).
Les décisions sont prises en commun, même si Emmanuel arrive souvent à faire pencher la balance dans son sens. Sauf une fois, lors d’un vote sur le « partage » de la « Miette », seule femme en âge de procréer, survivante au début du roman (lectrices, ne vous insurgez pas, la « Miette » garde son libre arbitre, mais Emmanuel juge la monogamie contraire à leurs nouvelles conditions de vie, au contraire des cinq autres hommes).
La communauté est attaquée par des bandes de pillards sans foi ni loi, puis ils rencontrent une autre micro société structurée à quelques kilomètres d’eux.
Ici, aucune démocratie, c’est la théocratie d’un curé qui règne sans partage.
Evidemment, les deux groupes s’opposent, et le curé (« Fulbert ») est un rude adversaire.
Que va faire Emmanuel pour s’opposer à lui ?
Il va se nommer Evêque, et va célébrer le culte catholique, malgré son athéisme (« qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse »).
Il le fait en partie pour contrebalancer le pouvoir délétère, que Fulbert a sur ses ouailles, mais aussi car il se rend compte qu’une Société ne peut vivre sans un minimum de croyances ou de spiritualité.
Là est le cœur du roman.
Pas de Société sans spiritualité, donc pourquoi ne pas en « créer » une, à partir de croyances ataviques, ou d’un syncrétisme.
Une grande majorité des éléments bibliques ont un point de départ réel.
La Manne est ainsi une sécrétion sucrée d’un arbre nommé « Quercus vallonea », le Déluge, une réminiscence des catastrophiques crues de L’Euphrate, relatées par des tablettes sumériennes. Dans un autre texte fondateur de l’Occident, mais non spirituel, celui-ci, l’Odyssée, Homère décrit de façon romancée des lieux et phénomènes connus par les marins de la Méditerranée (Cf. les travaux de Victor Bérard). L’Odyssée n’est finalement rien d’autre qu’un guide pour le plaisancier (cette phrase est ironique, bien sûr, je trouve ce texte magnifique).
Donc, j’imagine que les hommes occidentaux ont façonné durant des millénaires une doctrine, pas forcément pour assujettir l’autre (au début), mais pour servir de tuteur à la Société humaine.
Evidemment, c’est mon point de vue d’athée.
Mais, il faut bien dire que les religions ou philosophies « alternes » (mot à la mode) pullulent depuis que l’Eglise a amorcé un déclin, qui me semble inexorable.
Je préfère nettement voir une église pleine, que des cadavres carbonisés dans une clairière du Vercors.
Donc, la quête de sens est une valeur à la hausse.
Heureux ceux qui ont la Foi, ou ceux qui vont croiser le Chemin de Damas (Actes 9 :3), ou heurter un pilier de la Cathédrale de Chartres tel Péguy.
« Heureux les simples en esprit » (Matthieu 5:3), qui n’ont pas à chercher un sens à leur vie, et à celle des autres.
Emmanuel fonde donc une « religion », proche de la Bible, assez similaire au protestantisme (son oncle est protestant). Il retient des Paraboles et des Livres l’histoire de gens simples, confrontés à une nature hostile, autrement dit, sa situation.
Cette lecture « historique » de la Bible exclut bien évidemment toute idée d’intolérance, de pêché, de repentance, notions que je méprise.
C’est l’antithèse du nazisme, qui est une religion/doctrine basée sur la haine, mais qui a permis d’assurer la main mise de quelques uns sur tout un peuple (Cf. une note du 20/02, « Le Roi des Aulnes).
Sally et moi n’avons pas fait baptiser nos deux fils. Si ils croient, il devront faire une démarche volontaire pour rentrer dans la communauté des Chrétiens. Par mon Baptême, j’en fais partie, mais l’absence de démarche volontaire rend à mon avis, cette appartenance sans valeur. Je n’ai toutefois jamais réellement envisagé l’apostasie.
Pour l’instant, je n’ai pas besoin d’avoir de béquilles pour vivre, peut-être que cela va venir, comme pour certains :
« Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas ».
14:15 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (4)
27/02/2005
Pour Marilou
Spécialement pour elle, et pour la remercier d’avoir écrit que « Elsamere » lui rappelait « Out of Africa » :
La ferme de Karen Blixen
Ne cherchez pas à vous rappeler celle du film, qui a été tourné dans une propriété voisine, mais nettement plus vaste.
La ferme de Karen, maintenant située dans un quartier de Nairobi, nommé…Karen, est en effet assez petite, mais coquette.
Quelles pièces, que nous fait découvrir une guide locale, qui récite sa leçon comme j’ai jadis récité mes déclinaisons latines, c'est-à-dire avec l’air de s’emmerder ferme.
Qu’importe.
Sally et moi nous promenons dans la petite propriété, et ce qui reste de la petite usine de torréfaction, en pensant à Denys, Karen, et ses amis Masaïs.
La vie de Karen n’a été qu’une succession de malheurs, montrés que très succinctement par le film : Syphilis, stérilité, mari volage, divorce, destruction des caféiers par la sécheresse, ou les maladies (en fait, dès le départ l’altitude de la plantation, trop élevée, vouait son entreprise à l’échec), et enfin la mort de Denys.
Nous marchions donc, à travers les pages de « La ferme africaine », et contemplions les 4 collines de la chaîne des Ngongs, dans le lointain, dressées vers le ciel comme le dos d’une main à demi fermée.
« I had a farm in Africa, at the foot of the Ngong Hills. »
16:42 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (2)