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18/12/2005

Jean de Cahors

Qui c’est celui là ?

 

 

Jusqu’à il y a peu, pour moi, c’était le « méchant » Pape du « Nom de la Rose » de Umberto Eco.

Autrement dit, une ombre de souvenir adolescent, époque ou j’ai du lire ce bouquin une bonne dizaine de fois.

 

 

Et bien, je l’ai retrouvé !

 

 

Il fait partie des nombreux personnages évoqués par Druon dans ses « Rois Maudits ».

 

J’ai mis un peu de temps pour faire la connexion, car ce personnage s’est appelé Jacques Duèze avant son élection puis Jean XXI, ou Jean de Cahors pour ses ennemis.

Druon ne parle pas de Guillaume de Baskerville ou d’Adso de Melk, c’est bien dommage que deux univers imaginaires ne puissent pas ainsi se recouper (le roman de Eco se situe en 1327, l’élection de Jean XXII dont parle Druon a eu lieu le 7 août 1316).

 

 

Cette élection, au cours d’un conclave a aussi un autre charme à mes yeux.

Il s’est déroulé dans la bonne ville de Lyon, dans le couvent des Jacobins, aujourd’hui disparu. Grosso modo, il s’étendait de l’actuelle place des Jacobins, à la place Bellecour.

Enfin dernière connexion, ce conclave de cardinaux s’est tenu plus qu’à huis clos, mais à mûrs clos. En effet, Philippe de Poitiers, futur Philippe V le long, héros de « La loi des mâles » y avait emmuré les cardinaux pour les forcer à élire un pape, après deux ans d’interrègne débordant d’intrigues et de trahisons.

En gros, je suis toujours plongé avec délices dans cette œuvre monumentale.

 

 

Outre une meilleure connaissance sur une période totalement obscure pour moi, j’en retire quelques sujets de réflexion oiseuse et dominicale.

 

 

Le destin de millions de sujets (15 millions de « français » à l’époque) dépendait alors du bon vouloir de quelques uns, par le simple fait de leur naissance. Les assassinats, les accidents, les tares, nombreuses au sein de ses familles consanguines pouvaient ainsi faire basculer le destin d’une multitude de sujets.

A un ou deux chouïa près, nous pourrions être bourguignons ou anglais, si Edouard II, puis III, ou Agnès de Bourgogne avaient agi différemment. Je sais bien que cette réflexion n’amène pas particulièrement loin, mais elle incite à ne pas trop se targuer, par exemple, de notre anglophobie censée être atavique. De 1227 à 1485, ce sont les héritiers d’Isabelle de France, fille de Philippe le Bel qui ont régné sur ce qui deviendra bien longtemps après, la perfide Albion.

 

 

Je me rends aussi compte que tout ce que j’ai appris sur cette période était totalement déformé par le prisme anachronique d’un patriotisme de bon aloi dans l’éducation nationale.

Boutons les anglais hors de France !

 

 

Certes, mais la France n’existait pas à cette époque (sauf si l’on nomme ainsi le domaine royal d’alors), et tous les « méchants » anglais étaient de souche continentale encore récente.

Pour qu’il y ait nationalisme, encore faut-il qu’il y ait une Nation. Ceux qui se drapent dans le souvenir de la pieuse Jeanne (1412-1431), boutant l'étranger de notre patrie, n'en sont que plus risibles.

 

Nous sommes finalement en grande partie ce que nous sommes, que par conjonction de coucheries, tractations, reniements, tares familiales touchant une poignée d’hommes.

 

Enfin, pour devenir à Druon, celui ci cite une famille de bourgeois lyonnais, les Varay.

Cette famille, dite consulaire a occupé les plus hautes fonctions communales durant des décennies, voire plus (un Varay occupe encore une place pééminente en 1504, merci Google)

Qu'en reste t-il?

Rien, pas un place, pas une rue, pas une ruelle, pas une pissotière.

Rien que des lauriers de cendre.

  

Cela incite à la modestie individuelle et collective (attention, je n’ai pas dit auto flagellation !)

20:35 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)

28/11/2005

Les Rois Maudits.

Après Harry Potter et la bio de Louis XVI, j’avais prévu de lire les deux dernières aventures de Nicolas Le Floch.

Mais « Le fantôme de la rue Royale » m’a paru tellement filandreux et indigeste, que j’ai arrêté page 164, à la nième recette de cuisine à la mode « Ancien Régime ».

J’ai commencé sans grande conviction l’épopée des « Rois Maudits ».

Je m’attendais à une langue « médiévaliste », un récit surchargé et pesant, académicien pour tout dire.

Et bien pas du tout.

Le trait est ferme, net et précis.

Je dévore « Le Roi de fer » le plus clair de mon temps libre, emporté par cette superbe épopée à la fois vaste et intime.

Bien évidemment, ce n’est pas très drôle.

Quoique.

J’attends avec impatience à chaque paragraphe l’apparition de Robert d’Artois.

Chaque fois que Druon décrit l’entrée en scène, souvent tonitruante de ce géant, avec une langue admirable :

« Un pas de deux cents livres ébranla le plancher.

L’homme qui entra avait six pieds de haut, des cuisses comme des troncs de chêne, des poings comme des masses d’armes. Ses bottes rouges, de cuir cordouan, étaient souillées d’une boue mal brossée ; le manteau qui lui pendait aux épaules était assez vaste pour couvrir un lit. Il suffisait qu’il eût une dague au côté pour avoir la mine de s’en aller en guerre. Dès qu’il apparaissait, tout semblait autour de lui devenir faible,  fragile, friable. Il avait le menton rond, le nez court, la mâchoire large, l’estomac fort. Il lui fallait plus d’air à respirer qu’au commun des hommes. Ce géant avait vingt-sept ans, mais son âge disparaissait sous le muscle, et on lui aurait donné tout aussi bien dix années de plus » 

, je vois Philippe Torreton sautiller sur le plateau, flottant dans son costume de cuir rouge…

  

23:40 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (7)

18/10/2005

Louis XVI.

medium_louis-xvi.jpgJe me suis donc lancé dans la biographie de Louis XVI.

Jean-Christian Petitfils, l’auteur n’est pas un inconnu dans le monde de la biographie (il l’était pour moi). En effet il a déjà rédigé un « Louis XIV » unanimement loué.

J’en suis au tout début (p 118) de la triste histoire de Louis XVI, mort décapité à l’âge de 39 ans (23 août 1754-21 janvier 1793).

La lecture de cette biographie est très agréable, les évènements et anecdotes s’enchaînent comme dans un bon roman.

Je n’avais pas lu une aussi bonne biographie depuis celle de Richelieu par Michel Carmona (la pire, je n’ai pas dépassé la page 80 étant celle de Charles Quint de Chaunu et Escamilla -se sont-ils seulement relus ??-)

Ce pauvre Louis n’aurait jamais dû être Roi, étant troisième dans l’ordre de succession après Louis de France, son père et son frère le Duc de Bourgogne.

Les deux meurent de tuberculose respectivement à 36 et 10 ans.

Enfin, dernier tour de la maladie, une variole emporte le roi Louis XV, son grand-père en 1774.

Il se retrouve donc propulsé Roi de France à l’âge de 20 ans.

A cette époque, 20 ans est déjà un bel âge (l’espérance de vie étant de 28 ans !). Mais le jeune Louis est tout sauf prêt à assumer la tache écrasante qui lui incombe.

Bien qu’intelligent et curieux, il est renfermé, irrésolu, et très gauche. Autant de facettes inacceptables pour l’ensemble des courtisans.

Comble de malheur, il n’arrivera à remplir son devoir conjugal avec la belle Marie Antoinette qu’au bout de trois ans (peu avant le 17 juillet 1773, tout se savait à l’époque !!).

Une anecdote m’a fait sourire (est-elle véridique ?), et m’a aussi fait un peu pitié pour Louis.

Au cours du banquet du soir de ses noces à Versailles (il avait 16 ans, Marie Antoinette 15), Louis XV lui conseille de ne point trop se charger l’estomac pour la nuit.

Louis lui fait cette réponse désarmante :

« Pourquoi donc ? Je dors toujours mieux quand j’ai bien soupé ! ».

 

 

 

21:14 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (1)