« 2006-07 | Page d'accueil
| 2006-09 »
24/08/2006
Bonne journée.
Finalement, l’impact s’est bien passé après une bonne explication.
J’ai revu mon « patient médecin » qui développe un syndrome dépressif réactionnel assez marqué. Je pense que notre relation va prendre un bon tournant après la consultation de ce jour (Merci pour les conseils, Shayalone).
J’ai aussi discuté avec une patiente afin de tâter le terrain pour que je puisse rentrer dans un club de natation un peu chic. Elle me propose de me faire parrainer par son fils. Comme j’ai potentiellement un autre parrain, il ne devrait pas avoir de soucis (il en faut deux, et un « certificat de moralité »). Comme, en général, tout se passe ici « entre amis », je ne suis pas trop inquiet.
Les installations et l’environnement fabuleux, et ma méforme physique par manque d’exercice me pousseraient bien plus que par l’attirance « d’en être ».
La piscine municipale du quartier n’ouvre en effet que de 12 à 14h tous les jours et à 16-18h deux fois par semaine. Autrement dit, il y a plus de chairs que d’eau dans le bassin.
D’un autre côté, le ticket d’entrée et la cotisation du club sont salées (comme l’eau d’un des trois bassins disponibles).
J’ai encore un peu le temps de réfléchir…
19:55 Publié dans ma vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (3)
23/08/2006
On n’est pas aidé…
Une patiente arrive à la clinique avec un courrier assez imprécis.
Je vais la voir, discute avec elle, et décide d’initier un traitement.
La fille de la patiente, médecin du travail, m’appelle et me demande d’arrêter le traitement, car les cardiologues de l’établissement qui nous l’ont adressée ont dit qu’il ne fallait pas l'instaurer chez sa maman.
Bon, ce n’était pas marqué dans le courrier, car celui qui l’a écrit n’a jamais vu la patiente, mais il l’a écrit quand même car le cardiologue traitant de la patiente la lui avait adressée initialement personnellement (vous suivez ?).
Bon, je donne mes arguments à la fille en expliquant ma décision, et en lui pointant l’équilibre difficile des plateaux entre la balance bénéfices/risques. Je reste très confraternel en n’enfonçant pas l’autre équipe de cardios (par ailleurs, leurs arguments se valent tout à fait). Je ne suis pas omniscient, mais j’ai le sentiment d’avoir raison dans cette histoire.
Cependant, elle ne veut pas de mon traitement.
Je reste calme, mais avec efforts, tout de même, car de toute évidence, elle ne comprend rien et croit savoir (c’est bien pire que de rien savoir du tout).
Je lui dis que je contacterai les cardios de l’autre équipe pour avoir des informations complémentaires. Je prescrits alors l’option conseillée par ces derniers.
Bon, tout le monde est content. La fille est rassurée, la mère n’a aucune idée de ce qui se trame autour d’elle, et j’ai l’esprit tranquille car je n’ai pris aucun risque personnel médico-légal. Vous allez me dire « et la patiente dans tout cela ? ». Dans ce genre de situation un peu tendue et trouble, j’applique la technique de Ponce Pilate : je m’en lave les mains (En latin, c’est bien plus classe : Matthaeus 27:24. videns autem Pilatus quia nihil proficeret sed magis tumultus fieret accepta aqua lavit manus coram populo dicens innocens ego sum a sanguine iusti huius vos videritis).
Si j’impose mes vues et qu’un incident survient, je suis responsable. Si l’option choisie par mes collègues et la famille de la patiente échoue, je n’y suis pour rien. Ce n’est pas humaniste, c’est de la realpolitik ; il faut savoir en faire, parfois.
Or, aujourd'hui, j’apprends qu’un membre de l’équipe (qui est sur une galaxie différente de celle ou se trouve ce dossier) a dit à la famille que d’avoir choisi cette option alternative allait avoir des conséquences désastreuses.
Branle bas de combat, la fille veut voir « le responsable de l’établissement » les poings tout faits : j’étais d’accord avec l’option choisie (c’est faux), et je ne lui aurais pas parlé des risques (faux, aussi). En gros, elle m'accuserait d'avoir approuvé une option thérapeutique que je n'ai en réalité jamais voulue...
J’appelle mes collègues qui me donnent leurs arguments, mais qui ne me convainquent toujours pas (même si je les respecte)...
Ils me confirment que la fille est très pénible.
En gros, un magnifique merdier que j’avais évité assez élégamment, et qui me revient en pleine figure et à toute vitesse.
Impact prévu demain.
19:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
La théorie des melons.
Imaginons que vous vouliez acheter un melon.
Vous allez chez votre épicier favori, avec un type collé dans votre dos. Chaque mois, vous donnez de l'argent à ce type, mais vous ne savez pas combien au juste. Sa présence est rassurante, ça vous sufit.
« Je voudrais un melon, s’il vous plait
- Bien sûr, prenez celui-ci, il est bien mûr, ça fera 3 euros » [je raconte n’importe quoi, je ne suis jamais allé acheter un melon de ma vie].
Et le type derrière vous tend 2.50 euros au marchand, vous complétez le montant.
Le surlendemain, rebelote :
« Il était bon, votre melon!
- Prenez en donc deux!
- Pourquoi pas ! »
Et le type derrière vous tend au marchand 5 euros.
Etc…
C’est l’explication donnée à un patient qui me demandait aujourd’hui pourquoi le système de santé allait si mal. Et encore, je n’ai pas évoqué la fille en string dentelle ,qui susurre toute la journée à l’épicier que ses melons sont bons et bien juteux et qu'il est un superhéros.
Et qui plus est, tente aussi de nous le dire par-dessus l’épaule de ce dernier, en sautillant sur ses talons aiguilles.
19:00 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)