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27/06/2007

On parlait de quoi ?

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De vous, Docteur !

Un article du NY Times m’a fait découvrir une étude originale publiée dans « The Archives Of Internal Medicine » le 25 juin dernier :

Physician Self-disclosure in Primary Care Visits. Enough About You, What About Me? Susan H. McDaniel, PhD; Howard B. Beckman, MD; Diane S. Morse, MD; Jordan Silberman, MAPP; David B. Seaburn, PhD; Ronald M. Epstein, MD. Arch Intern Med. 2007;167:1321-1326.

Malheureusement, je n’ai pas accès à ce journal en texte complet (d’ailleurs, si quelqu’un pouvait me l’envoyer sur mon mail, je lui serais très reconnaissant…), je n’ai donc pu lire que le résumé.

L’étude s’est intéressée à ce que nous dévoilons de notre vie professionnelle ou privée aux patients au cours d’une consultation.
Nous le faisons (presque) tous, car, comme le soulignent les auteurs, nous raconter nous donne  l’impression d’améliorer la qualité de notre relation au patient en la rendant plus humaine, plus conviviale…

Mais peut-être, le faisons nous aussi et surtout pour flatter notre ego ?

 

Ce mode de communication médical est-il utile au patient, et est-il fréquent ?
C’est ce que les auteurs ont cherché à mettre en évidence.


38 consultations sur 113 (effectuées par 100 généralistes) ont été le réceptacle de 73 « confidences » de médecins sur leur vie personnelle.
14% confidences ont servi de réponse aux questions des patients.
60% ont suivi la description
par le patient de symptômes, ou de sentiments ou de leur famille.
40% n’avaient aucun rapport avec ce qui précédait (« unrelated »).
A seulement 29 reprises (21% des cas), le médecin est revenu à ce préoccupait son patient avant qu’il n’ait digressé sur sa propre vie.
85% des confidences étaient jugées « inutiles » par les auteurs de l’article.
Enfin, 11% des confidences étaient franchement hors contexte (« disruptive ») avec la conversation qui précédait.

Dans l’article du NYT, un des auteurs, le Dr Beckman se dit étonné par les résultats mais voit les choses avec humour :

“We found that the longer the disclosures went on, the less functional they were,” Dr. Beckman said. “Then the patient ends up having to take care of the doctor and then the question is who should be paying whom.”


Ca me rappelle mon pire cas de « Physician Self-disclosure » quand j’étais CCA : un patient enseignant avec qui je discutais bouquins 15 minutes et de lui moins de 3 minutes. Nous nous échangions des bons titres et juste avant de partir je lui lançais « Et au fait, comment ça va ? ».
Même à l’époque, bien avant d’avoir lu ce résumé, j’avais honte et me promettais chaque fois de ne plus le refaire, en vain.

19:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (7)

24/06/2007

R.I.P.

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Les laboratoires Sanofi-Aventis ont le regret de vous faire part de l’enterrement du Rimonabant aux Etats-Unis, à l’unanimité des experts de la FDA le 14 juin dernier.

 

 

In memoriam ici, ici et ici.

 

 (En Allemagne, ça ne va pas fort non plus)

 

18:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (5)

Le temps passe.

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Le temps passe très vite pour le cardiologue car les techniques dont il dispose ont littéralement explosé depuis quelques années.

 

Le problème est que ces progrès fulgurants ont en laissé pas mal sur le chemin.

En rangeant mes papiers, j’ai retrouvé un courrier adressé par un confrère à mon ancien patron. J’avais photocopié le courrier et la réponse de mon patron alors que je musardais au secrétariat, tant je trouvais l’une et l’autre assez fabuleuses dans leurs genres.

Malheureusement, je ne peux pas la retranscrire, car même si je la rends anonyme, son style et l’histoire de la patiente pourraient facilement être identifiés par son rédacteur, si hasard improbable, mais non impossible, il me lisait.

 

Pour résumer, une patiente de 25-30 ans est régulièrement suivie par son cardiologue pour une « légère augmentation du gradient moyen trans-aortique ». Par ailleurs, il suspecte une malformation assez commune de la valve que l’on nomme bicuspidie.

 

La mesure du gradient était (et reste encore un peu) le moyen de savoir si une valve aortique est rétrécie ou non.

Pour donner une idée, si le gradient moyen était supérieur à 50 mm Hg, on posait une indication opératoire. C’est ce que j’ai appris à la fac, et qui maintenant est devenu partiellement caduc car on privilégie la mesure de la surface fonctionnelle de la valve (et mieux, on l’indexe à la surface corporelle).

Mais ne rentrons pas dans les détails…

 

Bref, le brave cardiologue est visiblement inquiété par ce gradient car il reconvoque la patiente plusieurs fois et il note dans son courrier que l’on a déjà contre indiqué une tocolyse pour sa première grossesse à cause « de ce problème cardiaque ».

Seconde grossesse en cours, inquiétude de la part de tout le monde : gynéco, anesthésiste… Tout cela  « à cause de ce problème cardiaque », encore une fois.

 

Il demande donc un deuxième avis  à mon patron.

 

Quel est donc la valeur de ce gradient moyen qui fait reculer tout le monde d’effroi ?

Et bien il est compris entre 4 et 6 mm Hg selon les examens, et comble de l’horreur, il est passé de 4 à 6 mm Hg au cours de la surveillance.

 

Les cardiologues qui me lisent savent que ces valeurs sont parfaitement normales et que, de plus, la grossesse a tendance à faire augmenter le gradient moyen du fait de la majoration du débit cardiaque (2 organismes à nourrir au lieu d’un).

Donc cette patiente n’a strictement rien.

 

La réponse de mon patron, après avoir échographié la patiente est grandiose, bien à son image : une lettre « diplomatique » mais brève où il précise que l’état de cette jeune fille ne l’inquiète pas et un compte rendu d’examen remarquable de concision :

  • Ventricule gauche de taille et de cinétique normales
  • Pas de bicuspidie aortique, valves normales
  • Pas de fuite ni de sténose significative.

 

« Mene, Mene, Tekel, Parsin »

18:32 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)