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13/02/2005
Waterloo, morne plaine
Demain, lundi, je vis mon Waterloo hebdomadaire, depuis le premier novembre 2004.
La scène est immuable :
«
- Bonjour Agathe (c’est le nom de la secrétaire du cabinet)
- Bonjour Lawrence (nous nous tutoyons)
- Combien de patients ?
- x (x étant un nombre entier compris entre 0 et 6)
- Bieeeen… (il faut garder la face), les rendez-vous sont à quelle heure ?
- 14h00, puis x autres heures séparées souvent de 45 à 50 minutes.
il n’y a déjà personne qui vient me voir, alors je ne suis pas en mesure d’imposer un horaire quelconque - donc je passe une après-midi pour voir x patients -
- Parfaiiiiit… (id.) »
Je lis alors mon courrier (publicitaire en majorité) dans la salle de consultation, mélange improbable entre un mobilier des années 70 (mes 2 associés ont la cinquantaine), et une pièce à hauts plafonds blancs sales d’un hôtel particulier du XIXème.
Le magnifique parquet, fait de lambris de 3 à 4 teintes de bois cohabite avec une tapisserie années 70 de couleur indéterminée (marron, brunâtre…).
X et Y n’ont fait aucun travaux, ni acquisition depuis un temps immémorial (un musée s’est même montré intéressé par notre appareil d’échographie, un superbe Vingmed 750), car nous devons emménager dans des locaux neufs vers mai 2006.
La semaine dernière, en dictant un courrier, mon fessier est passé à travers une chaise en plastique transparent, elle aussi très facilement datable.
Agathe est adorable, elle ne sait ni taper, ni coter les rares actes que j’effectue, ni enregistrer/comprendre d’éventuels messages (patients, labo. d’analyses médicales), n’est pas très diplomate au téléphone, et elle n’a absolument aucune notion en médecine.
Je vois tellement peu de patients, que lorsqu’elle répond au téléphone, même au cours de ma demi-journée, elle lance un monocorde « Cabinet de cardiologie des docteurs Y et Z ».
Y et Z étant mes eux associés.
Mais elle a une qualité immense, qui l’a fait choisir par mes associés : elle n’a aucun charme.
L’antépénultième secrétaire était parfaite, mais elle est devenue la maîtresse d’un des cardiologues du cabinet (ils étaient 4, avant ma venue).
Ce dernier, est revenu après six mois de batifolage auprès de sa femme, qui a exigé, telle une Salomé bafouée, la tête de l’infortunée secrétaire.
Les trois autres ont refusé, et l’association a volé en éclat.
La dernière secrétaire était elle aussi parfaite, mais trop chère.
L’avant avant dernière, parfaite elle aussi, est devenue la deuxième femme de Y.
Ma situation actuelle serait risible si je n’avais pas à payer une partie du loyer (loyer du local+secrétaire+frais), qui dépasse largement ce que je gagne en libéral.
Bien évidemment, c’est normal de ne pas avoir de patients au début.
Première morale de l’histoire : avoir une activité salariée ou prendre beaucoup de gardes (je fais les deux) pour pouvoir garder la tête hors de l’eau pendant les premiers mois d’activité libérale. Donc prévoir sa sortie de l’hôpital longtemps avant (heureusement je l’avais fait, ouuuuf…)
Deuxième morale : il est très difficile de trouver une bonne secrétaire de nos jours…
Troisième morale : bien choisir ses associés et bien analyser la situation avant de signer (mais, malgré ces petits détails, leurs qualités excèdent largement leurs défauts).
PS:
Ne sortez pas vos chéques, je vis bien, et j'arrive à nourrir ma petite famille sans problème de fin de mois! (mais j'aime bien me plaindre, d'ou le nom de la catégorie)
16:07 Publié dans Caliméro | Lien permanent | Commentaires (0)
12/02/2005
Le chirurgien hongrois
Ce matin, j’ai pris le temps d’écouter le grand patient chauve, aux sourcils broussailleux, que j’ai évoqué hier dans « fa-ti-gué ».
Il a 68 ans et un cœur en effet bien fatigué.
Il faut dire qu’il l’a beaucoup utilisé.
Fils d’une famille hongroise modeste, absolument non médicale (père musicien, grand-père mécanicien et ébéniste), il tente de rentrer en fac de médecine en 1956 (l’année de l’invasion par le pacte de Varsovie).
« Idées pas assez communistes », il est recalé.
Il s’échappe de son pays en traversant la frontière avec d’autres qui fuient devant les chars soviétiques.
Il débarque à Strasbourg, dans un pays qui a tant fait rêvé sa génération, pays de cocagne et de liberté.
Il ne parle que russe et hongrois, et travaille comme manœuvre avec des ouvriers polonais.
Il s’inscrit à la fac en 1957, et passe le PCB (ancêtre de notre PCEM1) après avoir appris le français (R.E.S.P.E.C.T….), et obtenu une bourse d’études (« une seule condition, passer et réussir les examens chaque année »)
Il passe sa thèse en 1969, et il s’oriente vers la chirurgie.
Toutefois, il n’obtiendra jamais de reconnaissance officielle de son statut de chirurgien, et il est obligé de partir en Afrique pour exercer.
Il fait de la coopération, puis entre chez « Médecins du Monde » en 1987, puis part en Afghanistan, en pleine guerre contre les russes. Il travaille dans un bloc de fortune, au beau milieu des montagnes et des bombardements.
Il semble avoir pris du plaisir à voir les russes prendre une raclée (je veux bien le croire !).
Il rédige un journal intime (belle mise en abyme…), et pour ne pas être lu, il écrit en partie en latin.
Là encore, respect, car malgré mes 6 ans de latin, je suis bien incapable de formuler une quelconque phrase qui ne soit pas dans les pages roses du Larousse (ne te lève pas de ton siège, tout excité, jeune padawan, ces pages ne recèlent que des locutions latines et grecques -nooon, rassied toi encore, « locution grecque » n’est pas une pratique sexuelle exotique-).
C’est le genre d’homme qui me réconcilie avec l’humanité (au moins jusqu’au prochain 4x4 Cayenne que je verrai garé sur un emplacement réservé aux handicapés).
PS:
En tapant "chirurgien hongrois" dans Google (le nouveau Dieu: il sait tout, peut tout, est partout), j'ai retrouvé un autre chirurgien hongrois, quasi inconnu du grand public, mais qui a sauvé des millions de vies, Ignaz Philipp Semmelweis (1818-1865).
Il a décrit, contre vents et marées à l'époque, les premières mesures d'hygiène qui ont permis de lutter contre les affections puerpérales (en fait des septicémies) qui fauchaient des millions de femmes depuis le premier accouchement.
L'an dernier, j'ai vu en consultation à l'hôpital une de ses descendantes, une demoiselle Semmelweis pour une consultation pré opératoire en gynécologie.
J'étais tellement stupéfait de ma découverte, que je l'ai félicitée d'avoir eu un ancêtre aussi exceptionnel (elle a du me prendre pour un illuminé).
J'ai téléphoné à la copine anesthésiste qui me l'avait adressée pour lui parler de son cas.
Elle n'avait pas fait le rapprochement avec le grand homme; pourtant sa thèse portait sur les complications du péri-partum, et elle citait même son travail…
Bien évidemment, je me suis ignominieusement et abondamment foutu de sa figure
16:50 Publié dans Des patients... | Lien permanent | Commentaires (1)
Comment peut-on être Persan ?
J’ai découvert hier un autre excellent blog de psy, celui de Shayalone.
Une note m’a intrigué, celle du 28/11/2004, « Réponse à Otopsie ».
Otopsie demande comment on peut-être homosexuelle, psychiatre, et pouvoir accompagner des enfants dans leur développement sexuel.
Je ne répondrais pas, car Shayalone l’a fait parfaitement.
Sa réponse m'a beaucoup intéressé, car moi aussi, j’aime les femmes.
Et dans le cas ou j’aurais une fille (ce qui n’est pas improbable, même si pour l’instant seul mon « Y » est sorti), je voulais savoir comment accompagner son développement sexuel sans la perturber (appelons un chat un chat, la rendre lesbienne…) ?
PS:
J’ai peut-être trouvé une explication uniciste à l'homosexualité féminine et masculine (voire à l’homosexualité tout court).
Homosexuel(les), c’est tout simplement que vos parents ont couché ensemble.
Je m’explique.
Une fille s’éveille à la sexualité, en partie grâce à l’influence éducative de son père qui aime les femmes ; un garçon, grâce à celle de sa mère, qui aime les hommes.
C’est tellement simple, que personne n’y avait pensé avant.
La preuve que cette théorie tient la route : sans parents couchant ensemble, pas d’enfants homosexuel(les).
Et les hétérosexuels ?
Une variation anatomique un peu fréquente….
(Euuuuh, je vais le récupérer où mon Nobel ??)
15:40 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)