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13/07/2007

NNPT

Ce soir, j’ai un peu la flemme de vous faire un topo sur la notion de statistique médicale qu’est la « NNPT » qu’a évoquée Doudou dans un de ses commentaires.

Le NNPT ou NPT c’est le Nombre (Nécessaire) de Patients à Traiter.

Pour vous mettre en appétit (il en faut pour les statistiques), je vous propose un petit test :

Voici 5 façons de présenter les résultats d'une étude concernant l'effet d'une molécule sur la mortalité globale.

Quel est la meilleure, à votre avis ?

  • La réduction absolue de la mortalité globale est de 0.9%
  • La réduction relative de la mortalité globale est de 22%
  • Le nombre de patients à traiter durant 5 ans pour éviter un décès toutes causes confondues est de 111.
  • Le nombre de jours de vie gagnés en moyenne par personne est de 16.
  • Le nombre de décès évités en traitant 1000 patients est de 9.

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Statistiquement parlant, il n'y en a pas vraiment de "meilleure", car ces 5 propositions décrivent la même chose:l’effet de la pravastatine sur la mortalité globale dans l’étude WOSCOPS, dont parlait justement Doudou.

Pourtant, subjectivement, elles vous semblent très différentes.

La proposition la plus flatteuse pour la pravastatine est bien entendu la seconde. Les 4 autres donnent moins envie de prescrire.

Si on parle d’argent, c’est encore bien pire.

Le coût pour 5 ans, par patient d'un traitement quotidien par pravastatine 40 mg dans WOSCOPS (en 1995 et en Grande Bretagne) était de 3444.27 euros.

Donc pour éviter un décès toute cause confondue, il fallait prescrire pour 3444.27*111=382313.97 euros de pravastatine (sur 5 ans).

Aujourd’hui, en France, en utilisant le générique le moins cher (26.93 euros les 28 comprimés), le coût médicamenteux « d’une vie » (quelle horrible expression) est encore de : 111*5*365*(26.93/28)=194833.74 euros (sur 5 ans).

Petite remarque en passant, si vous tenez absolument à prendre votre ELISOR 40 mg, et non un générique, ce coût  se montera à 292069.74 euros.

 

Bien évidemment, je ne prends pas en compte les autres bénéfices des statines (syndromes coronariens et accidents vasculaires évités...), ni l'économie de santé globale faite en évitant ces accidents. Mon but n'est de pas dire qu'il ne faut pas mettre des statines (il faut suivre les recommandations à la lettre), mais d'illustrer ce que représente le NNPT.

5 sources :

  • WOSCOPS Study group. Prevention of Coronary Heart Disease with Pravastatin in Men with Hypercholesterolemia. NEJM 1995;333:1301-1308.
  • J Caro et coll. The West of Scotland coronary prevention study: economic benefit analysis of primary prevention with pravastatin. BMJ 1997;315:1577-1582.
  • Le Vidal 2007

12/07/2007

Une information honnête et équilibrée.

Un article du NYT de ce matin m’a fait découvrir cette campagne publicitaire « virale » orchestrée par Bayer pour promouvoir un antalgique, l’Aleve chez les  25-49 ans.

C’est du naproxène, un AINS.

Vous savez comme moi que les molécules de cette famille ne sont pas anodines.

Nous sommes bien loin de ce que les firmes pharmaceutiques ont promis à nos autorités de régulation la main sur le coeur, c'est à dire délivrer une information de qualité, "honnête et équilibrée". Nous sommes toutefois déjà un peu moins loin de ce qui se passe en réalité sur le terrain. L'exemple est caricatural, voire burlesque mais il sous-tend une volonté froide et réfléchie : dédramatiser et démédicaliser l’absorption de médicaments pour mieux les vendre.


C’est aux EU, et bientôt chez nous (5-10 ans ?) si nous n’y prenons pas garde.

 

¡No pasarán!


(c'est le côté rouge de ma carte UMP qui  prend  le  dessus!!)

08/06/2007

L’affaire de la rosiglitazone (suite)

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La FDA a décidé de publier un avertissement concernant la sécurité cardio-vasculaire des glitazones (dont la rosiglitazone).

Evidemment, le laboratoire concerné dément formellement toute majoration du risque, qu’il estime équivalent à celui des autres antidiabétiques oraux.

Par ailleurs, un endocrinologue éminent dit avoir « subit des pressions » il y a quelques années pour avoir évoqué ce fameux risque. Toutefois son histoire me parait bien peu claire (quel type de pression ? A-t-il une preuve ?...).

Enfin, cette affaire met à mal la politique de veille sanitaire de la FDA.

Certains hauts fonctionnaires ont d’ailleurs passé un sale quart d’heure devant la commission sénatoriale réunie pour l’occasion.

Notamment quand les trois représentants se sont révélés incapables de trouver cette fameuse mise en garde pourtant inscrite sur la notice de la rosiglitazone à leur propre demande :

« The agency officials themselves appeared confused when Representative Stephen F. Lynch, Democrat of Massachusetts, asked the three agency witnesses to look at Avandia’s drug label and find its warning about heart attacks.

“Have you found it yet?” Mr. Lynch kept asking.

Dr. von Eschenbach deferred to Dr. John K. Jenkins, head of the F.D.A.’s office of new drugs. Dr. Jenkins eventually referred to a small table in the labeling information.

“That’s it?” Mr. Lynch asked. “You’re not seriously telling me that that’s it.”

Dr. von Eschenbach said that the agency was in the process of improving the readability of all drug labels. »

On devrait leur envoyer notre inénarrable notice de la notice.