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07/07/2008

Petit, petit petit…

J’ai trouvé sur le blog du WSJ cet article concernant les nouvelles recommandations sur la prise en charge des dyslipidémies chez l’enfant.

Je ne connais quasiment rien sur ce sujet pointu qui est plutôt du domaine des pédiatres endocrinologues.

Mais plusieurs points m’interpellent.

 

D’abord, dans quelle société vivons-nous ! Imaginez qu’il faut maintenant se préoccuper du cholestérol dès un âge pédiatrique !

Car ces recommandations ne sont pas spécifiques aux rares dyslipidémies familiales.

Notre monde est fou. D’un côté des petits squelettes le ventre gonflé par le kwashiorkor, d’un autre de petites boules de graisse le ventre gonflé par les sucreries.

 

Une bonne partie du texte s’attelle au dépistage, et aux traitements non pharmacologiques. Je me suis redressé sur mon siège, l’œil du cardiologue adulte aux aguets quand je suis arrivé au paragraphe des « traitements médicamenteux », notamment celui des statines.

J’ai vainement cherché une référence pointant vers une étude de morbi-mortalité chez l’enfant, voire chez l’adulte traité depuis l’enfance.

Encore une fois le syllogisme bancal répété encore et encore, comme une incantation : "les statines diminuent un facteur de risque, donc elles diminuent le risque". Les auteurs nous resservent une fois de plus les critères intermédiaires du type « épaisseur intima média » ou « dysfonction endothéliale ». Sauf que chez l’enfant, il y a encore moins d’études probantes que chez l’adulte, où il n'y a déjà pas grand-chose.

Les auteurs scandent donc laborieusement « In adults, a 1% reduction in LDL concentration results in a reduction of coronary events by approximately 1%. » et «In adults, endothelial dysfunction has been shown to be an early marker of atherosclerosis ».

Oui, mais là, on parle d’enfants, pas d’adultes. Ce qui n'est quand même pas tout à fait la même chose.

Une partie de ces recommandations tient donc à mon avis plus de pratiques chamaniques que d’une approche scientifique. Ce qui n’empêche ce texte d’être une recommandation officielle.

 

Enfin troisième et dernière remarque, j’ai eu beau chercher, je n’ai trouvé absolument aucune mention des éventuels conflits d’intérêts des auteurs.

C’est une bien regrettable omission.

15/05/2008

La vie grande ouverte.

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Le NEJM a publié aujourd’hui en ligne une « Perspective » de  William E. Boden, et George A. Diamond sur la nouvelle publicité directe pour le consommateur (« Direct to Consummer » ou DTC) sur les endoprothèses coronaires Cypher, commercialisées par Cordis.

Cette campagne passe actuellement sur les écrans de TV américains, et est visible sur le site de Cordis.

 

Le texte est intéressant car il est équilibré (les auteurs ne semblent pas être des ayatollahs anti DTC) et il pose de bonnes questions.

 

La première : quel peut-être l’intérêt pour le public d’avoir une information sur un matériel médical aussi sophistiqué qu’une endoprothèse ? Et notamment sur une préférence à apporter pour une marque, vis-à-vis d’une autre ?

 

Comme le disent les auteurs :

« But in making the leap from pharmaceuticals to medical devices, the ad campaign raises important questions regarding the net societal benefit of medical advertising directed at the lay public. Even if there is an overall benefit from the unfettered transmission of information in a free society, has industry crossed the line this time? In the ad for Cypher, a device is being promoted to millions of people who are ill-equipped to make judgments about the many clinically relevant but subtle and complex therapeutic issues that even specialists continue to debate. »

 

L’information au public apportée par la DTC, l’argument phare donné par ses défenseurs atteint ici une limite évidente.

Par ailleurs, les auteurs montrent dans un tableau tout à fait parlant la différence entre les informations apportées par la publicité TV, le site web et celles données par les livrets d’informations aux patients qui reprennent l’intégralité des effets secondaires de la fiche produit de la FDA.

 

 

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Aux Etats-Unis, il existe une tolérance pour les campagnes télévisées qui ne peuvent donner toutes les informations en 30 secondes. Toutefois, elles se doivent d’orienter le téléspectateur vers des sources plus exhaustives.

La publicité du stent Cypher respecte donc parfaitement la loi américaine.

Mais que dire du dévoiement de son esprit ?

 

Peut-on encore parler d’information « juste et équilibrée » quand il existe une telle distorsion entre les données existantes, réelles, et celles qui sont apportées au public ?

 

La DTC est une manne pour l’industrie. Le texte du NEJM précise notamment que pour 35% des produits pharmaceutiques vantés, chaque dollar investit dans une campagne publicitaire peut rapporter jusqu’à 2.5 en plus.

Comment donc espérer que l’industrie respecte ses engagements et s’autorégule, vœux pieux avancés par ceux qui tentent de faire avancer ce dossier auprès de la communauté européenne ?

Comme je l’ai déjà dit dans cette note, il ne faut pas compter sur les agences de régulation pour assurer l’ordre.

Imaginer que l’industrie pharmaceutique ne franchisse pas la ligne rouge si la publicité directe était autorisée en Europe, c’est comme imaginer qu’un gamin affamé ne se jette pas toutes mains ouvertes dans les bocaux à bonbons d’une confiserie.

 

 

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Boden WE and Diamond GA. DTCA for PTCA—Crossing the line in consumer health education? N Engl J Med 2008: 358:2197-2200.

 

Campagne publicitaire visible sur le site américain de Cordis/Cypher.

14/05/2008

Sans commentaire.

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  Brochure GSK (FMC)

 

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  Publicité GSK (Singapour)

 

 

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Rapport sénatorial américain

 

 

 

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 Proposition de loi (Assemblée Nationale)

 

 

 

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Images tirées des documents suivants :

 

Rapport sénatorial américain (novembre 2007)

 

Proposition de résolution de l’Assemblée Nationale (2 mai 2005)

 

Brochure GSK sur la FMC (Formation Médicale Continue)

 

 

J'ai parlé très récemment de la publicité GSK à Singapour.

 

Par ailleurs, vous trouverez l'ensemble de mes notes sur l'affaire de la rosiglitazone ici (à vous de les chercher !).

 

 

 

 

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