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24/02/2008
Michaelski (2)
Un bon dessin vaut mieux que deux éditoriaux politiques.
Certains en valent trois, la preuve :
Joyeuse Saint Valentin
Vaudeville politique
Le problème, c’est qu’en face et dans le même camp, c’est le néant, voire l’inquiétant :
"L'appel" du 14 février
Avec la très aimable autorisation de l’auteur, Michaelski.
Ses oeuvres sont visibles sur son blog et aussi sur Débat & Co. J'avais déjà eu le plaisir de pouvoir héberger un de ses dessins ici.
16:50 Publié dans Divers et variés | Lien permanent | Commentaires (1)
23/02/2008
Les signes de reconnaissance de l’infarctus du myocarde.
Ils sont au nombre de cinq:
- Douleur ou inconfort dans les mâchoires, le cou, ou les dos
- Sensation de faiblesse, de tête vide, ou syncope
- Douleur ou inconfort au niveau de la poitrine,
- Inconfort au niveau des bras, ou des épaules
- Essoufflement
Mais le grand public est-il capable de les citer ?
La question peut paraître saugrenue, mais un certain nombre de nos patients perdent du temps avant d’alerter les services de secours car ils ne se rendent pas compte q’ils font un infarctus.
Une étude* estime que 50% des décès attribuables à un infarctus du myocarde aux Etats-Unis surviennent au cours de la première heure qui suit le début des symptômes.
D’où la nécessité d’une prise en charge rapide.
Aux Etats-Unis, seulement 30.6% de la population étudiée en est capable**. Ce pourcentage tombe à 16% pour les hispaniques. On observe de grandes variations en fonction du sexe (les femmes sont bien meilleures que les hommes : 34.6% vs 26.2%), de la race, donc, et du niveau socio-économique**.
Les auteurs de cette étude concluent donc sur la nécessité de lancer de nouvelles campagnes de prévention, éventuellement ciblées sur les populations qui en bénéficieraient le plus.
Qu’en est-il en France ?
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Lisa Nainggolan. Disparities in awareness of MI symptoms . theheart.org. [HeartWire > Acute coronary syndromes]; February 22, 2008. Accessed at http://www.theheart.org/article/845013.do on Feb 23, 2008.
19:25 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (11)
Le vieil homme et la machine à laver.
Tout à l’heure, je me grattais la tête devant le coffre ouvert de notre Berlingo, où trônait une imposante machine à laver.
Mensurations : 96*68*78 (cm). Poids : 113 (Kg).
J’hésite à appeler de l’aide, au magasin, deux grands gaillards ont eu du mal à la hisser dans le coffre.
Sally a déjà essayé avec le voisin qui a décliné en arguant d’un dos fragile comme du cristal (c’est vrai, il nous l’avait déjà dit il y a longtemps).
J’hésitais à appeler le papa du meilleur ami de mon fils aîné. Très fort physiquement, le cœur sur la main, mais uhmm, je préférais l’appeler vraiment qu’en dernier recours (par exemple si Sally était coincée sous la machine).
Sally proposa alors d’aller chercher « papy », le père du mari de sa sœur.
J’ai levé les yeux aux ciel : 75 ans, diabétique, une diplopie verticale depuis l'an dernier, maigre comme un clou, et surtout une spondylarthrite ankylosante évoluée.
Il arrive avec un petit chariot récupéré dans une poubelle de la SNCF (c’est un ancien cheminot) et des mètres de solide corde de chanvre.
La leçon commence : « tu vois, il faut prendre son temps, ne jamais se dépêcher, tout préparer avec minutie, tu entoure la machine avec la corde pour t’assurer un prise solide, j’avais vu au dépôt un ancien marin qui avec une corde et trois noeuds arrivait à soulever un boggie, tu as bien fait ton tour mort, parfait, on y va, avec une prise solide, on peut tout faire bouger… ».
Uhmm, je n’ai pas osé demander ce qu’était un tour mort, mais j’étais dubitatif. Rajouter de la corde à un énorme poids ne l’a jamais rendu plus léger.
Et bien grossière erreur.
On a descendu le monstre presque comme si c’était un gros carton vide.
Pas besoin d’aller chercher un sadhu au fin fond de l’Himalaya pour faire plier la matière, un ancien cheminot spondylarthrosique le fait très bien avec une corde et trois nœuds.
16:15 Publié dans ma vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (6)
Humour noir.
C’est bête (si j’ose dire), mais depuis avant-hier je rigole tout seul de mes âneries.
Nous avons reçu avant-hier donc une pauvre patiente d’environ 75-80 ans, adressée par son médecin généraliste car « la prise en charge est impossible à domicile ».
Cette dame a d’abord bénéficié d’un pontage vasculaire en urgence pour une ischémie aiguë il y a environ 1 mois. Nous l’avons alors récupérée en post-opératoire, retapée un peu et renvoyée au chirurgien vasculaire pour un geste complémentaire, de l’autre côté.
Ce geste s’est bien déroulé mais la dame a absolument refusé de revenir en convalescence afin de rentrer à son domicile.
Elle est absolument seule dans la vie, mis à part son chien.
Au bout de 5 jours, le médecin généraliste est venu la voir et n’a pu que constater les dégâts : la dame s'est complètement laisser allée, traitement pas pris (notamment le Kardégic !), pansements non faits, suintants, et orteils bleus.
Je l’examine, même si les plaies sont pourries, elle n’est pas en ischémie aiguë.
« Mais pourquoi vous n’avez pas voulu revenir chez nous ?
- Je voulais absolument rentrer à la maison pour faire euthanasier mon pauvre chien… »
Je suis sorti de la chambre, accablé, et un sketch à la manière des « Monty Pythons » m’est venu à l’esprit.
Eric Idle avec sa voix de crécelle dans le rôle de la vieille dame avec ses pansements sales et ses orteils violets, arrivant avec son chien à la SPA, pour le faire euthanasier.
John Cleese ou Graham Chapman en vétérinaire avec une seringue dans la main.
Il vient d’essayer de piquer la fesse de la vieille dame qui sursaute.
« Ehhhh ! Ça va pas non, c’est pas moi qu’il faut piquer, c’est lui ! », en se tenant la fesse de la main gauche, et en montrant un tas de poils à ses pieds de l’index droit.
« Uhmm, pardon Madame, regrettable erreur… », très sérieux.
Et il recommence…
Plus tard, devant le juge : « Mais Monsieur le juge, on m’a dit d’abréger les souffrances d’une pauvre bête… »
« Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. »
10:35 Publié dans Des patients... | Lien permanent | Commentaires (0)
22/02/2008
Un cadeau empoisonné : un patient CMU.
Je n’aurais jamais dû l’accepter. D’un autre côté, je ne savais pas qu’il avait la CMU avant de passer sa carte vitale dans mon lecteur.
C’était trop tard, alors.
J’aurais dû me méfier : un monsieur maghrébin, la cinquantaine…
En plus, il l’a joué fin, il est venu à l’heure exacte à nos deux premiers rendez-vous.
Et au troisième, aujourd'hui, il s’est dévoilé.
Il a sorti de son vieux cabas 1 kg de dragées Avola et 1 kg de noisettes enrobées de chocolat au lait pour me remercier.
Les deux sont une tuerie. Il sait qu’elles sont bonnes, il est manutentionnaire dans l’usine qui les fabrique.
Jamais plus je n’accepterai de patients-CMU.
Ils arrivent à l’heure, prennent correctement leurs traitements, pour mieux vous tuer avec des gourmandises ensuite.
Allez, la dernière, après j’arrête….
19:20 Publié dans Des patients... | Lien permanent | Commentaires (5)
21/02/2008
Regrouper les recommandations.
J’ai créé dans la colonne de gauche une nouvelle catégorie « recommandations ».
Afin de pouvoir y accéder rapidement, j’y ai mis des liens vers les textes originaux des recommandations les plus récentes et celles que je pense être les plus utiles en pathologie cardio-vasculaire.
Vous constaterez que l’ESC, dans son immense « sagesse » demande une inscription préalable et gratuite. C’est vraiment uniquement pour nous faire perdre du temps…
Cette liste est bien entendu subjective, et uniquement indicative.
Je vous conseille donc vivement de visiter régulièrement les pages suivantes :
- Le portail de l’HAS étant un immense bordel (Gaétan, tu devrais leur proposer ton aide !), je suis incapable de cibler les recommandations qui m’intéressent.
- La liste des recommandations de l’ESC.
- La liste des recommandations de l’AFSSAPS.
- La liste des recommandations de l’ACC/AHA.
- La liste des recommandations de la SFC. (on ne rigole pas: il y en a, et même de récentes!)
- La liste des recommandations de l'ACCP.
Si vous voyez d’autres, que j’aurais omises, n’hésitez pas à me le faire savoir.
Par ailleurs, de nombreuses recommandations sont regroupées sur cette page de la Bibliothèque Médicale A.F. Lemanissier (merci William!)
10:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (11)
Au détour d'une page...
... du « Seigneur de Bombay » :
« L'araignée tisse les tentures du palais des Césars ; la chouette fait le guet dans les tours d’Afrasiab ».
Une très belle image de la déchéance de ce qui fut grand, et orgueilleux.
C’est le même Saadi qui a aussi écrit (merci Wikipedia) :
Les enfants d'Adam font partie d'un corps
Ils sont crées tous d'une même essence
Si une peine arrive à un membre du corps
Les autres aussi, perdent leur aisance
Si, pour la peine des autres, tu n'as pas de souffrance
Tu ne mériteras pas d'être dans ce corps
(Ces dernières lignes me rappellent beaucoup le « Pour qui sonne le glas », de John Donne et l’image employée par Agrippa Menenius Lanatus pour faire revenir la plèbe à la raison à la suite de la révolte de -494.)
09:05 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (1)
Luc Arbogast
07:50 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
20/02/2008
La vérité intermédiaire
Les échecs successifs du torcetrapib, de ENHANCE et de ACCORD font poser une question qui me parait fondamentale: est-il pertinent d'utiliser des paramètres intermédiaires comme critères principaux d’une étude ?
Le débat fait rage, comme d’habitude entre les partisans des critères « durs » (morbi-mortalité), et ceux des critères intermédiaires, dits « mous » (par exemple un paramètre biologique).
Et comme d’habitude, la médecine est un immense pendule qui oscille entre deux positions opposées.
Le « tout morbi mortalité » a laissé place au « tout critères intermédiaires ».
Maintenant, le pendule va revenir en arrière avant une nouvelle oscillation.
Je pense que c’est tant mieux.
Ces deux références vous permettront de vous faire une idée de cette discussion qui n’est pas qu’un simple bavardage oiseux entre scientifiques, car les enjeux en sont considérables, notamment ce qui est à yeux le plus important : la validité de nos prescriptions basées sur ces mêmes études.
°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°
Sue Hughes. Surrogate end points in the media firing line . theheart.org. [HeartWire > MediaPulse]; February 19, 2008. Accessed at http://www.theheart.org/article/844567.do on Feb 20, 2008.
Stein R. Medication under a microscope. Studies raise questions about drugs' efficacy against disease. Washington Post, February 19, 2008; A02.
19:50 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (0)
La consultation.
Consultation particulièrement intéressante aujourd’hui, j’ai même eu à réfléchir.
Quand je dis « réfléchir », j’entends que j’ai dû aller au-delà des habituels arcs réflexes qui me permettent de répondre à la plupart des problèmes posés à ma consultation.
Ce n’est pas tant que ces problèmes n’en soient pas de vrais, ni que je me crois supérieurement intelligent. L’intelligence, comme la réflexion n’a strictement rien à voir là dedans. C’est que par nature, par mimétisme avec son organe de prédilection, le cardiologue est en fait un immense arc réflexe.
Je généralise mon cas sans aucune hésitation. Je suis à l’unisson avec mes pairs.
Une stimulation, une réponse, directe sans passer par le cerveau. Tel est notre mode de fonctionnement.
Le cœur a notamment le réflexe de Bezold-Jarisch, nous nous en avons quelques-uns : le réflexe oculo-sténotique, le réflexe oedemato-diurétique…
Je ne le considère pas de façon péjorative. Ce système nous permet de réagir vite et fort, exactement comme le cœur. Bien sûr, ce n’est pas toujours adapté, et certains de nos confrères s’étonnent de notre manque de finesse et de discernement, de notre absence de prise en compte des autres facteurs « extra-cardiologiques ».
Mais réfléchir, prendre en compte, pondérer, c’est déjà perdre du temps.
Par ailleurs, ne dit-on pas que le cœur a ses raisons que la raison ignore ?
Donc pourquoi raisonner ?
17:35 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)