02/01/2007
De garde en réa.
Bon, finalement c’est calme (à 21h30…).
J’avais récupéré cette garde « pour rendre service » à une copine assistante pour qu’elle puisse terminer son séjour romantique à Prague. En général, il ne faut pas faire ça, échanger une garde. C’est irrationnel, mais je reste persuadé que la « scoumoune » du premier titulaire de la garde y reste attaché. J’aime bien le caractère irrationnel que l’on peut attacher à la tranquillité ou non d’une nuit.
Les infirmières disent en général que je suis « chat noir ». Ca dure depuis des années. Une fois que ce jugement a été porté, il vous suit comme une malédiction, et il se transmet d’infirmière en infirmière avec votre prénom.
« - Comment s’appelle le médecin de cette nuit ?
- Lawrence, il est chat noir ! ».
Même si il ne se passe rien au cours mes gardes depuis des décennies (pure mauvaise foi), ça me poursuit.
Au chapitre histoires horribles (ici, ça fourmille) : une des patientes a 25 ans, elle n’a aucun antécédent.
Elle passait le soir du 23 chez des amis et devait rejoindre sa famille le lendemain pour le Réveillon. Elle n’y est jamais arrivée.
Elle a fait un choc hémodynamique chez ces copains. Emmenée aux urgences, elle fait un œdème pulmonaire cardiogénique sur une altération profonde de la fraction d’éjection (FEVG 30%). Intubée, ventilée, elle nous est adressée pour assistance ventriculaire. On suspecte une myocardite fulminante.
On l’assiste avec un « CPS » (Cardio Pulmonary Support ) que l’on arrive à sevrer assez rapidement. A l’échographie cardiaque (j’ai aussi jeté un coup d’œil ce soir), son cœur a quasiment récupéré.
Tout devrait aller mieux assez rapidement maintenant. Origine de cette défaillance cardiaque foudroyante : a priori une grippe « simple » (pas aviaire). Le virus de la grippe (Orthomyxovirus de son joli nom de famille) peut provoquer des myocardites, c’est décrit, mais je n’en avais jamais vu auparavant.Je vous laisse, j'ai la gorge qui me picote un peu...
Comme quoi: « Carpe Diem » !!
22:10 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
27/12/2006
Perspective
J’aime bien les articles comme celui-ci. Sans prétention, il part d’un détail (ici, l’infarctus du Président Eisenhower) pour ensuite s’envoler littéralement et nous donner une perspective saisissante sur une évolution (ici, les progrès médicaux depuis 50 ans), avant de revenir à son point de départ.
Merci beaucoup pour cette ballade, cher Lawrence K. Altman. Je ne te connais pas, mais je profite de la familiarité donnée par Internet et cette période de fêtes pour te donner du « tu ». J’aimerais bien écrire comme toi, et éclairer ainsi mes lecteurs.
Je ne vais pas essayer de te singer, mais j’aimerais aussi livrer une petite anecdote personnelle.
Deux en fait.
Quand j’ai commencé mon internat de cardiologie (novembre 1997), les patients qui arrivaient avec une dissection aortique, quand ils arrivaient, passaient 7-8-9-12 heures au bloc opératoire, avant de finalement mourir ou vivre avec de grosses séquelles. Maintenant, quand les patients arrivent à l’Hôpital, ils ont une grande chance de s’en sortir vivants et sans séquelles. En début d’année, sur une de mes gardes, j’ai vu une dissection sortir en 4 heures. J’ai même lu que DeBakey, avait été opéré d’une dissection aortique le 9 février dernier et qu’il s’en était pas trop mal sorti. Ce géant de la chirurgie cardiaque a eu 98 ans le 7 septembre.
Un autre soir, il y a longtemps, en garde de cardiologie, je discutais avec une infirmière proche de la retraite.
Elle me racontait le début des unités de soins intensifs. Deux, trois, arrêts cardiaques par nuit en post infarctus, parfois simultanément, sinon ce ne serait pas drôle. Maintenant c’est rare. Elle se souvenait aussi que la trinitrine (médicament utilisé dans l’angine de poitrine) n’existait que sous forme orale. Etant donné sa demi-vie courte (pour faire simple, sa durée d’efficacité), elle devait placer 1 dragée de trinitrine sous la langue du patient toutes les 15 minutes. Toute la nuit, puis tout le jour après. Vous imaginez, toutes les 15 minutes ! Comment faisaient-elles avec plusieurs patients sous trinitrine ?
Maintenant, une forme IV existe. On branche le pousse seringue et hop, c’est parti pour plusieurs heures.
L’évolution de la médecine est vraiment fantastique. C’est aussi pour cela que j’aime mon métier.
21:50 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (6)
26/12/2006
Aimanter à en mourir…
Il rapporte une étude qui sera publiée dans « Heart Rythm » en janvier. Les auteurs se sont inquiétés de la prolifération des champs électromagnétiques dans notre vie quotidienne, et de leurs interférences, aux conséquences potentiellement dramatiques pour les pace-makers ou défibrillateurs implantables que portent certains de nos patients.
Si nous sommes assez sensibilisés aux champs magnétiques des portables, portiques de sécurité dans les aéroports et les supermarchés, plaques à induction et aux bistouris électriques (surtout les bipolaires), il existe bien d’autres sources cachées, qui peuvent être parfois très proches du boitier du pace-maker ou du défibrillateur, ce qui est d’autant plus dangereux.
Ainsi les auteurs citent l’exemple de certains bijoux fantaisie, jouets, badges d’identification, vêtements, ordinateurs…
Ils ont ainsi mis en évidence une interaction jusqu’à une distance de 3 cm entre le boitier de l’appareil et des aimants de moins de 8 grammes. Bien évidemment, le problème est amplifié pour les aimants plus gros, même si il n’a pas été étudié dans cet article.
On peut imaginer les problèmes induits par un collier fantaisie aimanté qui serait presque au contact d’un boitier de défibrillateur. En effet, lorsque l’on applique un champ magnétique sur un boitier de défibrillateur, on le rend inopérant. Il ne pourra donc pas défibriller le/la patient(e) en cas d’arrythmie grave.
Les auteurs suggèrent un étiquetage alertant les patients porteurs d'un pace-maker ou d'un défibrillateur pour tous les articles émettant un champ magnétique.
11:40 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)