Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/02/2007

Nouvelles du front, jour 3.

C’est un peu plus calme aujourd’hui.

 

  • Un homme de 37 ans.

Socialement défavorisé, arménien d’Arménie, il vit en France depuis 7 ans. Il refuse tout traitement pour une tension « normale pour moi » à 170 mm Hg de systolique. Par ailleurs, mais c’est assez commun, il boit et fume comme un pompier dans un trou. Il a été admis en urgence pour un décollement de rétine. Ca n’a rien à voir, mais j’en profite pour lui prédire un avenir sombre, aidé par un cousin un peu plus francophone. Je vais l’hospitaliser en cardiologie pour le bilanter et l’équilibrer. Son ECG montre une hypertrophie ventriculaire gauche majeure.

 

  • Une femme de 36 ans.

Un paquet et demi de cigarettes par jour, c’est aussi assez banal.

Ce qui l’est un peu moins, c’est qu’elle fait un infarctus « à coronaires saines », c'est-à-dire sans sténose significative. Donc probablement un spasme.

Ce qui ne l’est pas du tout, c’est qu’elle dissèque sa coronaire droite et son iliaque droite au cours de la coronarographie.

Des artères en papier à cigarettes à 36 ans ; ça n’augure rien de bon pour la suite…

06:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (5)

13/02/2007

Nouvelles du front, jour 2.

  • Un homme avec un superbe accent arrive pour un döppler.

Je lui demande si il vient souvent en métropole.

Oui, depuis que sa femme suit une chimiothérapie pour un cancer du colon multi métastasé.

Il n’avait rien au döppler.

 

  • Une femme entre ensuite avec une biographie de Louis XIV dans les mains.

On discute un peu « Bourbons » et connaissances communes. Elle est pneumologue et travaille pour un organisme social. Elle me raconte que personne ne sait ce qu’est la nouvelle pauvreté. Des gens qui travaillent mais qui vivent dans la rue et sont rongés par la tuberculose.

On parle aussi des différentes vagues d’immigrations que nous avons vu depuis quelques années : Europe de l’Est, Biélorussie, Russie, Tchétchénie, Chine. Tout le globe déverse sur nous des flots de pauvres gens qui croient trouver l’Eldorado le long des trottoirs de nos villes.

Heureusement pour nous tous, il est encore possible de les soigner car leur statut de sans-papiers ne leur interdit pas l’accès aux soins.

Elle me rappelle aussi que demain c’est la Saint Valentin et que je n’ai pas intérêt à oublier ma dulcinée.

Je lui ai fait un döppler des troncs supra aortiques car elle a des vertiges. L’interniste qui la suit pour une forme pré myélomatose à chaînes kappa suspecte une sténose carotidienne. Elle a vu son père mourir d’un myélome à chaînes kappa il y a quatre ans de cela. On lui a déjà cimenté une vertèbre.

Son döppler était normal, là aussi.

17:25 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)

Caducée ou baguette ?

Je voulais écrire une petite note sur l’origine du symbole médical, que tout le monde nomme à tort un « caducée ».

En faisant quelques recherches, je me suis vite retrouvé submergé par une masse d’informations, et j’ai trouvé un site assez fabuleux.

 

Mais tout d’abord, selon wikipedia, Caducée dérive du grec ancien κηρύκειον / kêrúkeion, « sceptre du héraut » ou άϐδος / rhábdos, « bâton ».

Le Caducée est clairement identifié comme le symbole d’Hermès, Dieu messager des autres Dieux et patron des commerçants et des voleurs.

Il se compose de deux serpents enroulés autour d’une baguette ailée.

medium_Caduceus.jpg

 

 

Mais du fait d’une série de malentendus et de confusions (notamment dans le choix de l’insigne du service de santé de l’armée américaine), ce symbole a été associé à la médecine américaine, puis mondiale. Toutefois, certains médecins gênés par la symbolique « commerciale » du caducée lui ont préféré la baguette (Selon Friedlander, 62% des associations médicales ont choisi ce logo dans les années 70-80. De manière intéressante, près de 76% des organisations commerciales basées dans le domaine de la santé ont, au contraire préféré le Caducée).

 

Le véritable symbole médical est "la baguette (ou bâton) d'Esculape": une baguette, voire un simple bâton sur lequel s’enroule un serpent. Plus tard le bâton a été coiffé d’un miroir, symbole de prudence.

medium_caducee.2.jpg

 

La légende à l’origine de ce symbole vaut le coup d’être racontée.

Glaucos, le fils du roi Minos venait de se noyer dans une jarre de miel. Son père fit appel au plus grand médecin du temps, le fils d’Apollon lui-même, Esculape.

Ce dernier réfléchissait sur la conduite à tenir devant le corps inerte de Glaucos lorsqu’un serpent entra dans la pièce. Esculape, surpris le tua en le frappant de son bâton. Un autre serpent arriva, il tenait dans sa gueule des herbes qu’il mit dans la gueule du premier. Celui-ci revint à la vie. Esculape, frappé, prit ces herbes et les administra à Glaucos. Ce dernier revint lui aussi du royaume des morts.

Esculape adopta alors ce symbole : un serpent entrelaçant un bâton.

 

Références :

 

 

 

 

P.S.

Ce qui me plait dans l’histoire de Glaucos et d’Esculape c’est que ce mythe jette les bases de ce qui fonde la Médecine: l'observation et l’expérimentation.

C’est en voyant que ces herbes ont ranimé le serpent qu’Esculape a l’idée de les donner à Glaucos.

La guérison va, à partir de là tendre vers des bases rationnelles, et ne plus être subordonnée à la croyance ou à la superstition.

Je dis « tendre », car malgré les millénaires qui nous séparent de la médecine grecque et des principes hippocratiques, il nous reste encore beaucoup d’obscurantisme à combattre.

13:00 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (9)