07/07/2008
ECG du jour.
Enfin pas vraiment, de la semaine dernière.
Homme de 18 ans, avec une anémie hémolytique qui s’intègre dans une maladie génétique complexe non encore parfaitement définie par nos internistes.
Cliniquement pauci-symptomatique (les capacités du corps humain ne cesseront jamais de m'émerveiller).
Electriquement, une inversion de l’onde T et un sous décalage du ST diffus sans miroir, mais manifestement ischémiques.
Au bilan il avait une hémoglobine à 3 g/dL !
A ce niveau, même les cellules du muscle cardiaque et leurs extraordinaires capacités d’extraction commencent à manquer un peu d’oxygène.
« Aaaaaah ! De l’air !
Toutes les autres cellules de l’organisme, qui ne sont que des blattes, nous pompent notre oxygène ! »
(J’imite bien le cardiomyocyte, n’est-ce pas ?)
Après un passage en réa et une transfusion, il est remonté à 5g/dL. Malheureusement la charmante PH de médecine interne qui m’a apporté ce tracé n’avait pas d’ECG plus récent. L'échographie cardiaque du jour est strictement normale (contractilité homogène et normale, absence de cardiopathie congénitale)
12:55 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
06/07/2008
La mort, pas suèdée.
L’histoire complète (et une autre) sur l’excellent « kystes ».
11:46 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)
03/07/2008
Cher confrère…
C’est le début rituel d’un courrier médical.
Sauf que parfois, je dicte les courriers en fin de journée à la clinique, et je n’ai que des informations parcellaires. Pourtant le patient doit bel et bien se rendre chez tel ou tel spécialiste le lendemain (de préférence à l’aube) avec au minimum un courrier.
Le dossier médical est parfois muet, le patient ignore souvent le motif exact de consultation.
Plusieurs cas de figure sont possibles.
Premier cas, je ne connais pas les antécédents précis du patient. J’entame le courrier par un « je vous adresse M/Mme Untel, que vous connaissez bien… »
En général, le correspondant se sent flatté. Il est toujours agréable de s’entendre dire que l’on connaît bien quelque chose.
Deuxième cas de figure, je ne connais pas le motif de consultation. J’utilise la phrase suivante « Je vous adresse comme convenu M/Mme Untel…. ».
C’est la logique même. Si le correspondant est gastro-entérologue, il ne va pas chercher une rétraction ligamentaire de la coiffe des rotateurs de l’épaule gauche ! le "comme convenu" apporte même une petite pointe accusatrice, du genre "tu étais d'accord pour le voir, tu dois bien savoir pourquoi".
Troisième cas de figure, je ne connais pas le traitement, ou j’ai la flemme de le rechercher dans les entrailles de l’ordinateur colopathe de la clinique. Je termine alors mon courrier par « M/Me Untel vous emmènera sa dernière ordonnance ».
C’est un risque, certes. En effet, M/Mme Untel voit très rarement l’utilité d’apporter chez le médecin la liste des médicaments qu’il/elle prend. M/Mme Untel est intimement persuadé(e) que chaque médecin connaît par cœur l’aspect de toutes les pillules, comprimés, flacons de gouttes, dosettes, pulvérisateurs et emballages de la pharmacopée française. « Le soir, je prends un petit comprimé rose strié de vert d’un côté, et blanc de l’autre, avec une lettre dessus, Z ou C, je crois ». Je me retiens parfois de demander si il n’y a pas écrit « Timeo danaos et dona ferentes» sur la tranche du cachet. "Euh, je ne sais pas, pourquoi, c'est important ? Très!"
M/Mme Untel croit souvent bon de rajouter « c’est pour le cœur », certain(e) de donner un indice majeur au praticien perplexe qui est en face de lui.
Parfois, quand je n’ai vraiment pas beaucoup d’informations, j’arrive donc à dicter le courrier suivant (ma secrétaire est alors ravie) :
Cher Confrère,
Merci de voir comme convenu en consultation M/Mme Untel que vous connaissez bien.
Il/Elle vous apportera sa dernière ordonnance.
Merci de faire ce que vous pourrez pour ce(tte) sympathique patient(e).
Dr Lawrence Passmore
J’exagère ? Bien sûr, je caricature.
Quoique !
Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de patients que je vois, envoyés par leur médecin traitant avec un courrier d'une seule ligne: « Cher confrère, merci de réaliser à M/Me Untel un bilan cardio-vasculaire ».
Autre variante à l'opposé cette fois, l'externe qui ne sait pas pourquoi il doit faire un courrier pour le cardiologue. En général, l'externe a peur du vide et il meuble. Une page recto-verso pour parler de tout et de rien, et à la fin, il se fait un plaisir d'écrire la seule chose dont il soit sûr, le traitement.
Cela pourrait ressembler à cela:
Cher confrère,
merci de voir en consultation M/Mme Untel, admise dans notre service pour une décompensation de son arthrose du genou droit. Elle a comme antécédent une rougeole non compliquée en 1956, un écrasement du troisième doigt de la main gauche avec un marteau de carreleur en 1985, une polyarthrite rhumatoïde stabilisée par un traitement par ibuprofène. Par ailleurs, elle est allergique aux AINS.
Elle a bénéficié d’une coloscopie qui a mis en évidence des polypes bénins (anapath en attente). Son ECG montre. Cf. l'ECG ci-joint. Sa dernière TSH est à 3.4.
Son traitement comporte :
…. ....
…. ....
…. ....
Merci de nous donner votre avis.
L’externe pour l’interne.
22:28 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (6)