25/07/2007
De garde
J’étais de garde hier au soir en réa de chirurgie cardiaque et on m’a appelé pour un arrêt cardio-circulatoire aux soins intensifs cardiologiques voisins. En fait, il s’agissait d’un gros malaise vagal rapidement réglé par un peu d’atropine.
En rentrant dans la chambre, le médecin de garde aux soins était auprès du patient. Je repère sur la table de nuit un gros livre relié de cuir fauve.
Un livre, un vrai, pas l’Equipe ou Voici.
Encore plus intéressant, c’est un livre d’heures. Un marque-page de métal argenté en forme de croix veille sur la dernière prière qu’il a lue avant de perdre connaissance.
Dieu est un petit peu négligent avec ses fidèles, en ce moment.
J’attends que le patient aille mieux et je lui demande le pourquoi du comment. Cet ingénieur a préparé le diaconat et a finalement renoncé à cause de sa santé défaillante.
On discute Pape (il le déteste), messe en latin, réformés et d’autres choses.
Au cours de la conversation, il s’agrippe à plusieurs reprises la poitrine.
Il voulait dédier sa vie au soutien des malades. Je lui fais remarquer que l’expérience de cette nuit pourra beaucoup lui apporter car il aura vu les deux côtés de la barrière. Il me dit avoir déjà donné, sa femme est une opérée du cœur.
Je jette un coup d’œil furtif à l’ECG qui traine sur le placard : petit sus decalage inféro latéral.
Le médecin de garde est allé demander un contrôle coronarographique devant le malaise vagal, finalement assez rassurée par la normalité des dosages de troponine.
Peu convaincue, peu convaincante, elle revient en disant que le coronarographiste fera le contrôle le lendemain matin.
Je me permets d’insister sur le fait que la douleur est subintrante et que l’ECG est modifié, certes discrètement, mais tout de même. Il faut savoir murmurer les mots justes dans le creux de l'oreille endormie des interventionnels. Elle retourne donc au téléphone en faisant le gros dos (les coronarographistes sont parfois grognons la nuit).
Finalement elle obtient gain de cause.
Je vais me coucher.
Ce matin je retourne voir le patient, il va beaucoup mieux ; son dossier aussi : sténose serrée de l’ostium de la circonflexe stentée et de la marginale, dilatée sans stent.
Je suis content, je n’ai pas perdu trop la main. En attendant la relève, je me replonge avec délices dans "La course au mouton sauvage" de Haruki Murakami.
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24/07/2007
Perspective
14:10 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
20/07/2007
Quizz du NEJM (une dernière pour la route)
22:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)