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06/11/2007

Formindep.

J’ai déjà parlé plusieurs fois de cette association de médecins qui milite pour une formation médicale indépendante.

 

Leur site est toujours une mine d’articles de qualité et aussi de coups de gueule salutaires.

Vous trouverez notamment une pétition (que vous pourrez signer) adressée au Président de la République.

Le texte de la pétition est clair, net, précis, et surtout il appelle un chat un chat.

Notamment, il qualifie de « corruption » la formation (et l’information) médicale financée par l’industrie pharmaceutique, quelque soit sa forme.

« Corruption », le mot est lâché comme un lourd secret en plein milieu d’un repas dominical sur la terrasse ensoleillée de la maison familiale. La chère était pourtant bonne et les joues rosies par le bon vin.

La fête est gâchée. Certains piquent du nez, honteux. D’autres ne se sentent pas concernés du tout mais sont gênés par ce moment pénible et voudraient poursuivre leur repas, tranquilles. D’autres enfin, s’insurgent et tonnent. Seul le grand-père, complètement sourd, continue à faire honneur au gratin dauphinois. Les enfants suspendent leurs jeux pour suivre la conversation des adultes, qui devient d’un seul coup bien plus intéressante que leur bataille de boules de mie de pain.

 

L’information partiale et partielle apportée par la visite médicale, les petits cadeaux, les séminaires et les symposiums, parfois exotiques, les petits repas « conviviaux » entre « partenaires », est-ce que toutes ces pratiques « innocentes » servent notre pratique médicale, et in fine nos patients ?

Que penser de l’objectivité d’une FMC financée et organisée par l’industrie ?

 

Bien sûr, l’information médicale issue de l’industrie est au premier abord chatoyante, livrée à domicile, simplifiée et exempte de problématique. Pour employer un mot qui fleurit facilement entre les lèvres « glossées » de nos visiteuses médicales, elle est « conviviale ».

Malheureusement, je pense que ce n’est pas le cas.

Une information médicale de qualité se mérite, se recherche, se décortique pour trier le bon grain de l’ivraie. Car malheureusement, et ce blog fourmille d’exemples, la publication d’un travail scientifique dans une grande revue n’est pas un signe de qualité.

C’est plus fastidieux, moins convivial, c’est sûr.

Pour faire lapidaire, c’est la coupe ou le coupe-coupe

 

Que penser du mot « Corruption » ?

N’est-ce pas un terme exagéré ?

Je pense qu’il l’est, mais aussi que la valeur de ce mot coup de poing est bien moins dans l’anathème qu’il représente, et qui est par définition sans discernement, réducteur et injuste, que dans les questions qu’il suscite dans la conscience de chacun. Après, chacun pourra en tirer ses propres conclusions.

 

Une simple remarque, toutefois, si vous le permettez.

Nous ne sommes pas des idiots, nous savons tous que l’information délivrée par l’industrie est au minimum sujette à caution. Alors pourquoi continuer de participer à cette duperie ? Quand je pose la question à mes proches confrères, ils me répondent que le foie gras était bon, les vins choisis, les convives agréables, la visiteuse une belle poitrine  et que le diaporama de fin de repas intéressant. Et parfois aussi, que de toute façon, ils ne prescriront jamais le médicament autour duquel était construit la soirée, car ils ne sont pas naïfs.

C’est une façon de voir les choses. Imaginons maintenant que l’ensemble de ces moyens de promotion soit remplacé par une liste de noms de médicaments à prescrire, agrafée à des enveloppes contenant de l'argent liquide à la fin de chaque mois. Pour reprendre les chiffres du « Monde », 2083.33 euros par enveloppe (Si l’on prend les chiffres de ce rapport sénatorial, cette somme mensuelle est environ de 708 euros).

Etes-vous plus choqués ?

Probablement un peu plus, mais au moins, cela aurait le mérite d’être clair.

C’est pourquoi j’ai signé cette pétition.

 

Nous sommes tous corrompus par l’industrie pharmaceutique (moi y compris).

Qui reprendra un café ?

 

 

 

Le rapport de lIGAS

 

09:15 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (14)

31/10/2007

17 ans et des idées bien arrêtées.

La dernière patiente, accompagnée de sa maman vient pour une consultation cardiologique avant une chirurgie du maxillaire inférieur.

Elle a 17 ans, aucun traitement, aucun symptôme et aucun antécédent.

La consultation à proprement parler passe donc vite.

Je lui demande ce qu’elle projette de faire comme métier.

Elle veut faire « trader ».

Elle sourit, mais cache immédiatement ses dents qui supportent un appareil dentaire derrière une chemise cartonnée.

Elle fait ce geste que je trouve touchant à plusieurs reprises.

Vendre des actions et gagner des millions ?

Oui, c’est bien ça.

Comme elle me voit surpris et qu’elle est diplomate, elle rajoute que la médecine lui plairait, mais qu’elle ne supporte pas les plaies et « de voir l’intérieur ».

 

Je lui dit que je trouve ce métier fabuleux car il permet de rencontrer des gens très différent, de s’ouvrir au monde et aux autres, et in fine car il participe pour beaucoup à ma philosophie de vie.

Mais bon, bien évidemment, si elle ne supporte pas la vue du sang…

La consultation s’achève, nous prenons l’ascenseur tous les trois en silence.

D’un coup, elle me dit « j’aimerais bien être urgentiste ! ».

Super choix, mais je trouve dommage de ne plus revoir la grande majorité des patients ensuite. Je trouverais cela un peu frustrant de les avoir aidé à un moment crucial (je ne parle que des vraies urgences) puis plus rien.

L’ascenseur s’arrête au rez de chaussée, elles sortent.

Je l’ai trouvé bien sympathique et rafraîchissante.

Elle doit connaître le métier d’urgentiste via « Urgences » et c’est sûr que c’est difficile de lutter contre leur immense pouvoir d’attraction.

D’autant plus que dans mon souvenir le cardiologue de service n’était pas particulièrement sympathique.

 

Je n’ai pas osé lui dire que les urgentistes voient quand même pas mal de plaies, voire « d’intérieurs ».

Je n’ai pas voulu décourager une vocation naissante.

22:00 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (8)

Vasculaire champagne (2)

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 Dessin emprunté ici.

 

Encore une vacation intéressante de döppler ce matin.

Une femme de 45-50 ans vient adressée par un chirurgien vasculaire afin de rechercher un syndrome du défilé thoraco-brachial.

 

Ce syndrome est provoqué par la compression parfois intermittente du paquet vasculo nerveux du bras à sa racine.

Les symptômes sont assez variables, puisque chacun des éléments du paquet vasculo-nerveux (artère, nerf ou veine) peut être comprimé seul ou séparément.

Par ailleurs, comme je l’ai précisé plus haut, la compression ne peut-être qu’intermittente.

Autrement dit, le diagnostic clinique n’est pas évident du tout.

Cette patiente se plaignait de fourmillements des trois derniers doigts de la main droite, d’une sensation de « main morte », et d’une douleur de la région scapulaire droite. Tous ces symptômes prédominent la nuit, ce qui bien évidemment la gène pour dormir.

 

Je commence l’examen : l’artère sous clavière droite est normale, je ne retrouve pas d’anévrysme (parfois un anévrysme se forme au niveau du point de compression, il peut alors se thromboser partiellement, et même envoyer des emboles en périphérie. On se retrouve avec une ischémie aiguë de la main dont la cause est en fait très haute).

Le flux est normal, et les vitesses basses (#70 cm.s-1).

Je lui fais prendre à peu près cette position :

 

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Les fourmillements arrivent rapidement , et je mesure des vitesses à 300 cm.s-1, exactement au même endroit que précédemment.

 

Cette augmentation de vitesse est imputable à une sténose serrée dynamique.

Malheureusement, je n’ai pas réussi à obtenir des clichés satisfaisants à vous faire voir. J’ai fait un petit courrier au chirurgien pour qu’il me tienne au courant de la suite de l’histoire.

 

Pour en savoir plus :

-l’examen clinique en espagnol et en arabe (heureusement, les photos sont explicites !).

- un petit diaporama lyonnais (Lyon rules!)

 

 

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La semaine dernière, je vais chercher une dame en salle d’attente pour un döppler.

En marchant, je déchiffre le mot de l’interne.

En lisant un peu vite, tout en marchant, je lis « Merci de rechercher une phlébite de Mordor ».

 

Je me dis, diable, Tolkien a vraiment influencé  profondément notre époque.

Une phlébite de Mordor, qu’est-ce que ça peut être ?

Une phlébite de l’annulaire ?

Une phlébite de l'oeil?

 

Finalement, en discutant avec la patiente, je retrouve le nom exact de ce pourquoi on me l’a envoyée : phlébite de Mondor.

Je n’avais jamais entendu parler de ce syndrome.

Heureusement que j’ai internet dans ma salle d’examen…

 

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12:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (5)